L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (2,1.1899/1900)

L'ART DÉCORATIF


HENRt SAUVAGE MÊME SALON, CHEMINÉE

ment doit entrer dans une certaine mesure,
mais ia raison dans une mesure beaucoup plus
grande encore.
Il est aussi faux de faire du bel objet avec
les instincts du peintre ou du sculpteur qu'il
le serait de faire de la peinture ou de la sculpture
avec le tour d'esprit du constructeur. Il va
sans dire que je ne prétends pas que le peintre
et le sculpteur ne doivent pas sortir de leur
art; mais ceux d'entre eux qui veulent «faire
de l'objet» doivent se placer sur un terrain
tout différent de celui qui leur est propre, trans-
former tout en eux: et cela n'est pas facile.
M. Henri Sauvage paraît donc particulière-
ment bien armé pour prendre une part im-
portante à la réforme de l'art des intérieurs.
L'esprit de logique qu'il doit à son éducation
d'architecte est secondé chez lui par une ima-

gination fertile, variant sa production sans effort
- ses travaux en font foi — et par un éclec-
tisme éclairé, qui fait de lui l'artiste le plus
impartial qui soit entre les théories et les pro-
cédés artistiques, prêt à prendre à chacun ce
qu'il a de bon, en laissant ce qu'il a de mau-
vais. De même qu'en Angleterre M. Geo.
Walton, M. Sauvage a pris pour tâche l'archi-
tecture des intérieurs, en comprenant par ce
mot tout ce qui entre dans leur composition,
depuis la détermination des dispositions d'en-
semble jusqu'au moindre objet. Non-seulement
les meubles, mais les étoffes et papiers de ten-
ture, les frises, les tapis, les appareils d'éclairage,
les pièces de serrurerie qu'on a de lui sont déjà
nombreux.
M. Sauvage a su répliquer victorieusement
à l'objection que les principes modernes du

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