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https://doi.org/10.11588/diglit.27697#0764
740 A N T I L O QV E.
& en vne adion de sous-rire, ayant vne barbe venerable &C bien agencée:
mais quel il deuoit auoir esté à laludte, autres exercicesdu corps, cecy le
pourra tesmoigner à vos oreilles,qu’il auoit le col ferme.ôc roide, 6C co mmc
sil eust raieuny encores, estant droit &C non courbé de son grand aage, auec-
ques de beaux gros yeux noirs vifs 6C estincellans, SC le nez non affaisié, ny
morne&languide,toutes lesquelles chosesonten leur vieillesseseulement
ceuxque labonne &sainc disposition deleurs personnes n’a point encores
abandonné. II dit en outre qu’Antiloque refiembloitàNestor enbeaucoup
de choses, & au reste qu’i! estoit plus viste coureur, & d’vn teint plus Fraiz &
plus delicat,mais moins soigneux & attentifà bien agencer sà perruque. Ra-
contoit encores Prothesilaus d’Antiloque, qu’ilestoit fort adonné aux che-
uaux & à la chasie des bestes sauuages, tellement que durant les suspensions
d’armes qui interuenoient deuantT roye,iI seroit plusieurs fois allé auecques
Achilles, &ses Myrmidons : ôduy à part-soy encoresaccompagnédes Py-
liens, &C Arcadiens, chasier dessuslemont Ida, ôùprenansforce venaisonils
enfournisibiec sarmée Grecque, tout ainsi qu’en vn plein marché, Et estant
fort courageux & hardy au faid de la guerre,dispost de sa personne, viste du
pied, &adroit auxarmes, il serendoit neantmoins fort docileàreceuoir leS
remonstrances & admonestemens qu’on luÿ faisoit au combat, n obmettoit
riendetout cequiypouuoit estre requisde dexterité &pratique. Finale-
ment qu’il fut tué,non comme quelques-vns veulent dire, de la main de
Memnon qui fust venu d’Ethiopie : car on sçait asiez que ce Memnon, du
temps de la guerre deTroye,commandoitenlEthiopie,Iouslequel,àce
qu’on dit,le mont Phanien se seroit essoigné du Nil: &C que les Ethiopiens SC
Egyptiensquihabitent autour de Meroé, & de Memphis, ayans accoustu-
mé de I uy sacrifier tous les matins, aussi tost que le Soieil vient à espandre les
prernicrs rayons dessus la face de laterre, dont sa statu'é estant atteinte iette
certaine voix, comme si elle vouloit resaluer ceux qui lareuerent. Maisil y
eutvnautreMemnonbienplusieune,iequeldu viuant d’Hedornefutgue-
res de rien plus preux que Deiphobus &C Euphorbe,mais apres la mort d’ice-
luy Hedlor, il fut reputé fort vaillant, si que Troye estant iors reduite àde
mauuaistermes,on auroitmistoute ion ésperance&resiourccenluy. Ce
fut doncquesceluy-làquimit àmort letantbeau& gentilAnti!oque,qui
sestoit voulu mettreendeuoir de garantir son pereNestordereffortdel’au-
tre. Mais Achilles luy dressa vn fort magnifique Buscher, oùil immolaplu-
sieursbestes: &C y brussa lesarmes&la tcste duditMemnon. Ilditdeplus,
que les ieux de prix qu'Achilles proposa és funerailles de Patrocle &C d’An-
tiloque, furent fort approuuez de la plus part des gens de bien : tellement
qu'onen auroit dresse de semblables apres ïà mortàPatrocle &C Antiloque
dedans T roye, comme à Heéàor aussi, ce dit-on, à la course, tirer de Iàrc,'&
lancer le jauelotrcar pour le regard de la luiffe, & l’elcrime des coups de
poings, pas vn desTroyens ne i’y seroit exercité,parcequ’ils ne cognois-
soient pas celle-là, &C cette-cy leur sembloit trop dangereuse, &C redou-
table.
DIOMEDE,
& en vne adion de sous-rire, ayant vne barbe venerable &C bien agencée:
mais quel il deuoit auoir esté à laludte, autres exercicesdu corps, cecy le
pourra tesmoigner à vos oreilles,qu’il auoit le col ferme.ôc roide, 6C co mmc
sil eust raieuny encores, estant droit &C non courbé de son grand aage, auec-
ques de beaux gros yeux noirs vifs 6C estincellans, SC le nez non affaisié, ny
morne&languide,toutes lesquelles chosesonten leur vieillesseseulement
ceuxque labonne &sainc disposition deleurs personnes n’a point encores
abandonné. II dit en outre qu’Antiloque refiembloitàNestor enbeaucoup
de choses, & au reste qu’i! estoit plus viste coureur, & d’vn teint plus Fraiz &
plus delicat,mais moins soigneux & attentifà bien agencer sà perruque. Ra-
contoit encores Prothesilaus d’Antiloque, qu’ilestoit fort adonné aux che-
uaux & à la chasie des bestes sauuages, tellement que durant les suspensions
d’armes qui interuenoient deuantT roye,iI seroit plusieurs fois allé auecques
Achilles, &ses Myrmidons : ôduy à part-soy encoresaccompagnédes Py-
liens, &C Arcadiens, chasier dessuslemont Ida, ôùprenansforce venaisonils
enfournisibiec sarmée Grecque, tout ainsi qu’en vn plein marché, Et estant
fort courageux & hardy au faid de la guerre,dispost de sa personne, viste du
pied, &adroit auxarmes, il serendoit neantmoins fort docileàreceuoir leS
remonstrances & admonestemens qu’on luÿ faisoit au combat, n obmettoit
riendetout cequiypouuoit estre requisde dexterité &pratique. Finale-
ment qu’il fut tué,non comme quelques-vns veulent dire, de la main de
Memnon qui fust venu d’Ethiopie : car on sçait asiez que ce Memnon, du
temps de la guerre deTroye,commandoitenlEthiopie,Iouslequel,àce
qu’on dit,le mont Phanien se seroit essoigné du Nil: &C que les Ethiopiens SC
Egyptiensquihabitent autour de Meroé, & de Memphis, ayans accoustu-
mé de I uy sacrifier tous les matins, aussi tost que le Soieil vient à espandre les
prernicrs rayons dessus la face de laterre, dont sa statu'é estant atteinte iette
certaine voix, comme si elle vouloit resaluer ceux qui lareuerent. Maisil y
eutvnautreMemnonbienplusieune,iequeldu viuant d’Hedornefutgue-
res de rien plus preux que Deiphobus &C Euphorbe,mais apres la mort d’ice-
luy Hedlor, il fut reputé fort vaillant, si que Troye estant iors reduite àde
mauuaistermes,on auroitmistoute ion ésperance&resiourccenluy. Ce
fut doncquesceluy-làquimit àmort letantbeau& gentilAnti!oque,qui
sestoit voulu mettreendeuoir de garantir son pereNestordereffortdel’au-
tre. Mais Achilles luy dressa vn fort magnifique Buscher, oùil immolaplu-
sieursbestes: &C y brussa lesarmes&la tcste duditMemnon. Ilditdeplus,
que les ieux de prix qu'Achilles proposa és funerailles de Patrocle &C d’An-
tiloque, furent fort approuuez de la plus part des gens de bien : tellement
qu'onen auroit dresse de semblables apres ïà mortàPatrocle &C Antiloque
dedans T roye, comme à Heéàor aussi, ce dit-on, à la course, tirer de Iàrc,'&
lancer le jauelotrcar pour le regard de la luiffe, & l’elcrime des coups de
poings, pas vn desTroyens ne i’y seroit exercité,parcequ’ils ne cognois-
soient pas celle-là, &C cette-cy leur sembloit trop dangereuse, &C redou-
table.
DIOMEDE,