JACQUES GABRIEL ET LES DERNIERS ARTISTES DE LA RÉGENCE
67
La première salle d’assemblée (pl. XXXII), celle où se trouve le
chiffre de la comtesse de Toulouse nous paraît bien appartenir au style
de 1730 à 1740 : la corniche formée de rinceaux, de cartouches, d’attri-
buts, dérive de la gracieuse corniche de la Régence, mais se montre plus
chargée ; l’encadrement de la glace, avec sa légère guirlande et son tru-
meau finement sculpté nous rappelle le salon de l’Arsenal ; les grands
panneaux de boiserie, coupés au centre par une rosace en relief, souvenir
du début du siècle, sont au contraire un peu lourds ainsi que les portes
divisées en quatre compartiments et surmontées de peintures à attributs
scientifiques encadrées de légers rinceaux ornés de palmes.
Le second salon d’assemblée conçu sur le même plan nous apparaît
plus riche dans les détails, le trumeau de la glace plus contourné renferme
un trophée, la glace est encadrée de deux palmiers — faut-il y voir l’in-
fluence de Robert de Cotte — soutenant des guirlandes et, si les pan-
neaux divisés de même contiennent aussi au centre des rosaces, des
trophées de chasse ou champêtres, garnissent les parties unies, les portes
sont de même genre.
Avec la pièce appelée le boudoir de la comtesse de Toulouse
(pl. XXXIII) nous nous trouvons en face d’une œuvre plus avancée et
nous pourrions peut-être penser qu’elle a été exécutée vers 1740 sur les
conseils de Gabriel, puisque les initiales sont ceux de la comtesse de
Toulouse ; après 1744 on aurait mis ceux de la jeune duchesse de Pen-
thièvre. Des panneaux nous présentent encore des fonds treillagés que
nous rencontrons rarement après 1740, le chantournement s’est compli-
qué, la sculpture semble une véritable dentelle, aucun espace vide, tout
est recouvert d’ornements ; la corniche est également très chargée et très
curieuse, avec ses personnages et ses animaux — peut-être les signes du
zodiaque — avec ses grands cartouches elle nous fait penser à Soubise.
Cette pièce ne peut être contemporaine des salons d’assemblée, elle ne
paraît pas non plus l’œuvre du même artiste, et si on a pu rapprocher
de Verberckt les pièces de réception, ce qui ne nous semble pas très sûr,
il est impossible de lui donner ce charmant boudoir, jamais nous ne rele-
vons semblable mièvrerie dans ses œuvres.
Nous voyons par cette rapide étude de quelques beaux ensembles
datant de 1730 à 1742, que cette première période du style de Louis XV,
67
La première salle d’assemblée (pl. XXXII), celle où se trouve le
chiffre de la comtesse de Toulouse nous paraît bien appartenir au style
de 1730 à 1740 : la corniche formée de rinceaux, de cartouches, d’attri-
buts, dérive de la gracieuse corniche de la Régence, mais se montre plus
chargée ; l’encadrement de la glace, avec sa légère guirlande et son tru-
meau finement sculpté nous rappelle le salon de l’Arsenal ; les grands
panneaux de boiserie, coupés au centre par une rosace en relief, souvenir
du début du siècle, sont au contraire un peu lourds ainsi que les portes
divisées en quatre compartiments et surmontées de peintures à attributs
scientifiques encadrées de légers rinceaux ornés de palmes.
Le second salon d’assemblée conçu sur le même plan nous apparaît
plus riche dans les détails, le trumeau de la glace plus contourné renferme
un trophée, la glace est encadrée de deux palmiers — faut-il y voir l’in-
fluence de Robert de Cotte — soutenant des guirlandes et, si les pan-
neaux divisés de même contiennent aussi au centre des rosaces, des
trophées de chasse ou champêtres, garnissent les parties unies, les portes
sont de même genre.
Avec la pièce appelée le boudoir de la comtesse de Toulouse
(pl. XXXIII) nous nous trouvons en face d’une œuvre plus avancée et
nous pourrions peut-être penser qu’elle a été exécutée vers 1740 sur les
conseils de Gabriel, puisque les initiales sont ceux de la comtesse de
Toulouse ; après 1744 on aurait mis ceux de la jeune duchesse de Pen-
thièvre. Des panneaux nous présentent encore des fonds treillagés que
nous rencontrons rarement après 1740, le chantournement s’est compli-
qué, la sculpture semble une véritable dentelle, aucun espace vide, tout
est recouvert d’ornements ; la corniche est également très chargée et très
curieuse, avec ses personnages et ses animaux — peut-être les signes du
zodiaque — avec ses grands cartouches elle nous fait penser à Soubise.
Cette pièce ne peut être contemporaine des salons d’assemblée, elle ne
paraît pas non plus l’œuvre du même artiste, et si on a pu rapprocher
de Verberckt les pièces de réception, ce qui ne nous semble pas très sûr,
il est impossible de lui donner ce charmant boudoir, jamais nous ne rele-
vons semblable mièvrerie dans ses œuvres.
Nous voyons par cette rapide étude de quelques beaux ensembles
datant de 1730 à 1742, que cette première période du style de Louis XV,