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LE DÉCOR INTÉRIEUR AU XVIII* SIÈCLE
enfin constitué, est la continuation logique du précédent, celui que nous
avons dénommé style de la Régence.
On pourrait nous reprocher d’avoir fait cette coupure et certes on
peut dire que le style incline doucement pendant la première moitié du
XVIIIe siècle vers le chantournement, tandis que la seconde moitié sera
l’évolution vers la simplicité classique, et que deux divisions auraient été
suffisantes, mais le public a tellement l’habitude des mots : Régence,
Louis XV et Louis XVI, que cette division nous a paru préférable.
En 1742, Jacques Gabriel meurt, Roffrand, qui vivra jusqu’en 1754,
ne produit presque plus; avec Robert de Cotte, mort en 1735, tous
les collaborateurs de Mansart vont disparaître. Ce sont eux qui ont
gardé aux œuvres cette continuation du style Régence qu’ils avaient créé.
La rocaille qui va fleurir, peut-être avec excès, pendant une vingtaine
d’années, ne dérive pas de leur goût, mais de l’influence étrangère.
Pineau, Meissonnier qui seront les dessinateurs à la mode, travaillaient
déjà pendant la période que nous venons d’étudier et l’on pourrait s’éton-
ner que nous n’en ayons pas parlé, c’est que nous avons constaté avec
surprise qu’il ne nous reste aucune œuvre authentique de ces deux
artistes. Est-ce le hasard qui les a toutes détruites ? N’est-ce pas plutôt
que la clientèle parisienne appréciait peu leurs exagérations et qu’ils ont
surtout travaillé pour la clientèle étrangère.
Le beau style Louis XV va peut-être disparaître dans cette efflores-
cence de grâce, de légèreté, de mièvrerie il faut le dire, où cependant
quelques œuvres remarquables attireront notre attention. Notons qu’avec
l’avènement de Ange-Jacques Gabriel, le style officiel reprendra la pre-
mière place et la direction du mouvement artistique. Les architectes des
hôtels particuliers passeront après le premier architecte du roi qui,
outre les appartements de Versailles, va créer, pour le souverain, tous
ces charmants pavillons des « hermitages » comme on les nommait alors.
Ce fut probablement cette direction officielle ferme et pondérée qui em-
pêcha l’art décoratif français de décliner sous l’influence de l’étranger.
LE DÉCOR INTÉRIEUR AU XVIII* SIÈCLE
enfin constitué, est la continuation logique du précédent, celui que nous
avons dénommé style de la Régence.
On pourrait nous reprocher d’avoir fait cette coupure et certes on
peut dire que le style incline doucement pendant la première moitié du
XVIIIe siècle vers le chantournement, tandis que la seconde moitié sera
l’évolution vers la simplicité classique, et que deux divisions auraient été
suffisantes, mais le public a tellement l’habitude des mots : Régence,
Louis XV et Louis XVI, que cette division nous a paru préférable.
En 1742, Jacques Gabriel meurt, Roffrand, qui vivra jusqu’en 1754,
ne produit presque plus; avec Robert de Cotte, mort en 1735, tous
les collaborateurs de Mansart vont disparaître. Ce sont eux qui ont
gardé aux œuvres cette continuation du style Régence qu’ils avaient créé.
La rocaille qui va fleurir, peut-être avec excès, pendant une vingtaine
d’années, ne dérive pas de leur goût, mais de l’influence étrangère.
Pineau, Meissonnier qui seront les dessinateurs à la mode, travaillaient
déjà pendant la période que nous venons d’étudier et l’on pourrait s’éton-
ner que nous n’en ayons pas parlé, c’est que nous avons constaté avec
surprise qu’il ne nous reste aucune œuvre authentique de ces deux
artistes. Est-ce le hasard qui les a toutes détruites ? N’est-ce pas plutôt
que la clientèle parisienne appréciait peu leurs exagérations et qu’ils ont
surtout travaillé pour la clientèle étrangère.
Le beau style Louis XV va peut-être disparaître dans cette efflores-
cence de grâce, de légèreté, de mièvrerie il faut le dire, où cependant
quelques œuvres remarquables attireront notre attention. Notons qu’avec
l’avènement de Ange-Jacques Gabriel, le style officiel reprendra la pre-
mière place et la direction du mouvement artistique. Les architectes des
hôtels particuliers passeront après le premier architecte du roi qui,
outre les appartements de Versailles, va créer, pour le souverain, tous
ces charmants pavillons des « hermitages » comme on les nommait alors.
Ce fut probablement cette direction officielle ferme et pondérée qui em-
pêcha l’art décoratif français de décliner sous l’influence de l’étranger.