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LE DÉCOR INTÉRIEUR AU XVIIIe SIÈCLE
s’élève dès 1737 contre la licence de la Régence (1) .» Lassurance II (mort
1754) et Garnier d’Isle (1697-1755) construisent le château de Bellevue ;
Chevotet (1698-1772) élève les châteaux de Ghamplatreux et de Petit
Bourg, tandis qu’Aubry (1703-1771) travaille aux hôtels de Villeroy et
de Conti. Contant d’Ivry (1698-1777) nous intéressera au prochain
chapitre.
La belle phalange est celle des ornemanistes, Oudry (1686-1755) pro-
duit ses dernières œuvres, ainsique Just-Aurèle Meissonnier (1693-1750)
qui ne connaît que les formes chantournées et l’extravagance du décor.
Jacques-Gabriel Huquier (1695-1772), dessinateur, graveur et éditeur,
s’inspire surtout de la Chine. François de Cuvillier (1698-1763), revenu
à Paris en 1745, subit l’influence du goût allemand sans en prendre
l’extravagance. Peyrotte prodigue ses gracieuses compositions. Et au-
dessus de tous, le comte de Caylus par ses ouvrages est un des précurseurs
du retour à l’antique.
Les sculpteurs sont Nicolas Pineau (1684-1754) etsonfds Dominique
(1718-1786) qui reviennent aussi de l’étranger. Louis Maurisant, recteur
de l’Académie de Saint-Luc en 1741, mort en 1773; Claude Roumier,
maître en 1738 ; Michel-Ange Slodtz (1705-1764), Antoine Rousseau, dont
nous parlerons tout à l’heure.
Au-dessus de tous s’élève Ange-Jacques Gabriel, né le 23 octo-
bre 1698. Il ne fut pas grand prix de Rome, l’Académie n’ayant décerné
cette récompense qu’à partir de 1723. « Ange-Jacques Gabriel avait alors
vingt-cinq ans. Déjà collaborateur de son père, il n’avait plus à recher-
cher des succès d’école. Mais ainsi l’occasion ne lui fut pas donnée d’aller
en Italie continuer ses études. Et cela est important à noter. Celui qui
devait être le premier architecte français du xvme siècle n’a reçu d’autre
tradition que celle de l’école française. Ce n’est pas à Rome, mais à Ver-
sailles et à Paris que son génie s’est formé. Jusqu’au moment où le récit
du voyage en Grèce de Le Roy viendra lui révéler les chefs-d’œuvre de
l’art hellénique, il n’aura connu l’art antique transformé et adapté au goût
français, à travers une tradition italienne, par les Perrault, les Mansard,
les Le Vau et les Robert de Cotte (2). »
Contrôleur général des bâtiments du roi en 1728, il fut contrôleur de
(1) Histoire de l'Art, t. VII, lro partie, p. 14.
(2) Comte de Fels, Ange-Jacques Gabriel, p. 18.
LE DÉCOR INTÉRIEUR AU XVIIIe SIÈCLE
s’élève dès 1737 contre la licence de la Régence (1) .» Lassurance II (mort
1754) et Garnier d’Isle (1697-1755) construisent le château de Bellevue ;
Chevotet (1698-1772) élève les châteaux de Ghamplatreux et de Petit
Bourg, tandis qu’Aubry (1703-1771) travaille aux hôtels de Villeroy et
de Conti. Contant d’Ivry (1698-1777) nous intéressera au prochain
chapitre.
La belle phalange est celle des ornemanistes, Oudry (1686-1755) pro-
duit ses dernières œuvres, ainsique Just-Aurèle Meissonnier (1693-1750)
qui ne connaît que les formes chantournées et l’extravagance du décor.
Jacques-Gabriel Huquier (1695-1772), dessinateur, graveur et éditeur,
s’inspire surtout de la Chine. François de Cuvillier (1698-1763), revenu
à Paris en 1745, subit l’influence du goût allemand sans en prendre
l’extravagance. Peyrotte prodigue ses gracieuses compositions. Et au-
dessus de tous, le comte de Caylus par ses ouvrages est un des précurseurs
du retour à l’antique.
Les sculpteurs sont Nicolas Pineau (1684-1754) etsonfds Dominique
(1718-1786) qui reviennent aussi de l’étranger. Louis Maurisant, recteur
de l’Académie de Saint-Luc en 1741, mort en 1773; Claude Roumier,
maître en 1738 ; Michel-Ange Slodtz (1705-1764), Antoine Rousseau, dont
nous parlerons tout à l’heure.
Au-dessus de tous s’élève Ange-Jacques Gabriel, né le 23 octo-
bre 1698. Il ne fut pas grand prix de Rome, l’Académie n’ayant décerné
cette récompense qu’à partir de 1723. « Ange-Jacques Gabriel avait alors
vingt-cinq ans. Déjà collaborateur de son père, il n’avait plus à recher-
cher des succès d’école. Mais ainsi l’occasion ne lui fut pas donnée d’aller
en Italie continuer ses études. Et cela est important à noter. Celui qui
devait être le premier architecte français du xvme siècle n’a reçu d’autre
tradition que celle de l’école française. Ce n’est pas à Rome, mais à Ver-
sailles et à Paris que son génie s’est formé. Jusqu’au moment où le récit
du voyage en Grèce de Le Roy viendra lui révéler les chefs-d’œuvre de
l’art hellénique, il n’aura connu l’art antique transformé et adapté au goût
français, à travers une tradition italienne, par les Perrault, les Mansard,
les Le Vau et les Robert de Cotte (2). »
Contrôleur général des bâtiments du roi en 1728, il fut contrôleur de
(1) Histoire de l'Art, t. VII, lro partie, p. 14.
(2) Comte de Fels, Ange-Jacques Gabriel, p. 18.