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MONASTÈRE BYZANTIN DE TÉBESSA

voie qui traversait l'antique cité était un fragment de la route militaire construite
par les Romains pour relier Lambèse à Théveste1, laquelle avait été primitivement
le séjour de la fameuse IIP légion Augusta dont l'établissement n'eut lieu d'une façon
définitive à Lambèse qu'à l'époque des Flaviens, à la suite de la guerre contre
Tacfarinas2.

« A la fin du Ier siècle et dans la première moitié du if, Théveste avait déjà
atteint un haut degré de grandeur et de prospérité. Elle était alors, sans contredit, la
cité la plus riche et la plus populeuse de l'Afrique romaine après Carthage alors relevée
de ses ruines; neuf voies différentes y aboutissaient.

« Au commencement du nf siècle, sous Septime Sévère, Thé\este était parvenue
à son apogée, un siècle et demi environ après sa fondation par Vespasien. Elle était
aussi une des places servant d'entrepôt pour le commerce actif que les Romains entre-
tenaient avec l'Afrique centrale; ses environs étaient d'une fertilité prodigieuse » \

C'est également dans la première moitié du me siècle que le christianisme, intro-
duit vers 160 à Carthage, fit son apparition à Théveste; c'est-à-dire près de cent ans
avant la fondation deByzance par Constantin. Nous voyons, en effet, en 255, unévêque
de Théveste, Lucius, assister au concile de Carthage convoqué et présidé par saint
Cyprien4.

Il est resté à Tébessa plusieurs vestiges de l'époque de prospérité impériale; en
outre des édifices dont nous avons déjà parlé5, nous citerons : les restes d'un amphi-
théâtre dont l'arène circulaire mesurait 50 mètres de diamètre et pouvait contenir
7.000 spectateurs environ6 ; quelques fragments d'un théâtre qui devait avoir de grandes
dimensions et dont la partie postérieure se trouve actuellement encastrée dans le mur
sud de l'enceinte de la ville ; puis un monument hexagonal, fort probablement un mau-
solée, que les Arabes ont couvert d'une koubba en l'honneur d'un marabout du pays,
Sidi Djaballah.

Mais ici l'art monastique chrétien dépasse en intérêt et en importance l'architec-

1. Il n'est pas sans intérêt, croyons-nous, de donner ici une idée
du système de construction des voies romaines qui ont fait chez les
Romains la même révolution que les chemins de fer ont opérée chez
nous. « Les montagnes entr'ouvertes par la pioche des légionnaires,
les fleuves enchaînés par les ponts jetés sur leur cours laissèrent passer
la civilisation qui, suivant ces routes comme autant de fils conduc-
teurs, pénétra dans les retraites les plus solitaires, jusqu'au milieu de
populations domptées par elle plus sûrement que par les armes.

« Pour établir une voie romaine, on opérait de la manière suivante :
On creusait le sol jusqu'au terrain solide, s'il était nécessaire; le fond
de la fouille était dressé, nivelé, puis pilonné ou cylindré. On battait
même parfois des pieux, quand la solidité ne paraissait pas suffisante ;
puis, sur une aire de sable de om, 10 à om, 15 ou de mortier de om,025
étendue au fond de la forme, on élevait, en bonne règle, quatre couches
de maçonnerie : 1° des pierres plates liées par un ciment très dur;
2° une couche de béton; 30 une couche de béton plus fin et plus
cylindré ; 40 la couverte très résistante qui variait suivant la nature
des matériaux fournis par la localité. La hauteur totale de la cons-
truction variait, selon les lieux, de im,045 * im>39- Léger (Les tra-
vaux publics au temps des Romains, pages 158 et 248) estime que

80.000 kilomètres de voies militaires ont été faits et ont dû coûter
à construire environ 7 milliards de francs » (voir Duruy, Histoire
des Romains, t. III, p. 17).

Le même auteur dit ailleurs : « Le genre d'un peuple ou d'une
époque se montre dans son architecture. La Grèce eut le Parthénon
ou la suprême élégance et la beauté idéale ; le moyen âge, les cathé-
drales de Reims et d'Amiens ou les élans impétueux de la prière. La
gloire architecturale des Romains est surtout dans leurs voies mili-
taires, dont le réseau solide enlaça l'Italie d'abord, plus tard le monde.
Ce peuple ne regarde pas en haut; ses yeux et ses mains sont fixés
sur la terre, mais aucun ne l'a plus fortement saisie. »

2. Voir Les ruines de Timgad, I™ partie.

3. Commandant MolL, Annuaire de la Société archéologique de Cons-
tantine, 1858-185 9.

4. « Le but de ce prélat était de faire rejeter l'élection de Nova-
tien, le premier anti-pape, auquel tant d'autres ont succédé depuis
dans les annales de l'Eglise » {Annuaire de la Société archéologique de
Constantine, 1858-1859).

5. Introduction, p. 1.

6. Voir l'Annuaire de la Société archéologique de Constantine, p. 44.
 
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