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ACROPOLE DE LINDOS: N° 1

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d’importance1, car c’est la seule fois qu’une telle ex-
pression se trouve dans les inscriptions de Lindos.
L’indication έφ’ ou ne peut se référer qu’à l’éponyme,
c’est-à-dire au prêtre d’Athana. La phrase en elle-
même est pourtant bien connue par les listes chrono-
logiques d’autres villes grecques, dans lesquels elle est
souvent répétée, perdant par là beaucoup de son im-
portance. Tel est le cas, p. e., pour l’île de Delos2.
Dans mon commentaire de l’inscription lindienne, je
rapportai les mots είρήνα καί εύετηρία aux événements
de l’an 42 A en faisant observer qu’après la bataille
de Philippi (automne de l’an 42) la situation de l’île
de Rhodes fut changée tout d’un coup. Cette définition
chronologique a été adoptée par tous ceux qui se sont
occupés de la question. M. Hiller v. Gaertringen a fini
par se ranger aussi à l’opinion pareille que j’avais
exposée brièvement en 1905 (v. IIIe rapp. p. 62) sur
la phrase πανάγυρις μετά τόν πόλεμον, ajoutée au
n°22 de la liste des prêtres d’Apollon Erethimios (v.
Lindiaka VIII p. 8). D’après l’explication évidente de
l’éditeur, G. Jacopi, c’est encore à la paix de l’an 42
que se réfère l’expression έφ’ ού ά πάσα είρήνα και
εύωνία έγένετο, qui se lit sur une base de Bybassos
dans la Peraia rhodienne: Cl. Rh. II p.184 n°io. Cf.
encore le commentaire des n0S364sq.
Plus tard, le déchiffrement de la Chronique du
temple offrit un autre point de repère. Dans le chap.
XXXVIII on trouve la copie suivante d’une dédicace
d’Alexandre le Grand: Βασιλεύς Αλέξανδρος μάχαι κρα-
τήσας Δαρεϊον καί κύριος γενόμενος σας Ασίας έθυσε
τάι ’ΑΘάναι τάι Λινδίαι κατά μαντείαν έπ’ ίερέως Θευ-
γένευς του Πιστοκράτευς. Dans le fragment B du cata-
logue des prêtres, Θευγένης Πιστοκράτευς porte un
numéro d’ordre qui se termine par le chiffre 7, sans
doute 77. Si l’on accepte la chronologie susdite, The -
genes fut prêtre en 330 A3.
Kinch préparait une édition du catalogue des
prêtres, mais ne parvint à achever qu’une petite partie
de l’introduction, dans laquelle, étudiant la question
chronologique, il huit par reculer de deux ans les dates
proposées par moi4. En voici ses raisons:

1 II faut plutôt comparer les remarques ajoutées dans la liste
des éponymes milésiens Syll.3 322.
2 IG XI 2,105: Έπί Άριστοκρίτου άρχοντας (an 284) ύγίεια
καί εύετηρία έγένετο; de même nosio8 (an 279), 109 (275), 110
(268), in (265), 113 (263), 115 (259), 120 (236), 122 (224),
124 (221), 126 (215), 128 (200), 132 (171), 133 (170). La phrase
est quelquefois légèrement variée: ύγίεια, ειρήνη, πλούτος (n°H4,
an 261) ou ύγίεια, εύετηρία, ειρήνη (nosn6, an 255, et 130, an
179). Je laisse de côté les inscriptions similaires (en partie tardives)
de Syros et de Tenos; cf. aussi Cl. Rh. VI-VII p. 437 n°5ô B.
3 V. mon commentaire de la Chronique du temple (ED. I)
p. 356 sq.; ED. II, p. 33.
4 Son opinion fut admise par Hiller v. Gaertringen, Syll.3 765 ;
les observations exposées par moi dans RM 1927, p. 17759. (cf.

I. Dans l’inscription relative à Φίλιππος Φιλίππου,
Kinch rattache la phrase έφ’ ού ά είρήνα καί εύετηρία
έγένετο aux mots καί (ιερή) Άρτάμιτος Κεκοίας. A Lin-
dos, on devenait prêtre de cette déesse deux ans après
avoir revêtu la prêtrise d’Athana. Par conséquent,
K. supposa que Philippos fût prêtre d’Athana en
44 A. — Mais la prêtrise d’Artamis Kekoia était d’ordre
secondaire par rapport à celle d’Athana Lindia, bien
qu’on n’y arrivât que deux ans plus tard. On n’aurait
pas conféré des honneurs extraordinaires à celui qui
était chargé des fonctions d’un culte local insignifiant.
Athana était la déité tutélaire de Lindos, qui avait
plus d’une fois prêté son aide à sa ville dans des situa-
tions dangereuses1; c’était le prêtre d’Athana qui
provoquait le secours divin, et c’était à la divinité
suprême de Lindos qu’il fallait adresser les remercie-
ments pour avoir porté une telle assistance et à son
prêtre pour l’avoir obtenue. D’ailleurs, le texte même
de l’inscription prouve qu’elle a été rédigée deux ans
avant que Philippos devînt prêtre d’Artamis Kekoia
(c’est-à-dire justement dans l’année où il était prêtre
d’Athana Lindia), car à la 1.14 est cité comme prêtre
d’Artamis Kekoia Άριστείδας Παυσανία, qui fut prêtre
d’Athana deux ans avant Philippos. Toutes les diffi-
cultés que pourrait présenter l’interprétation du texte
s’expliquent naturellement de la manière suivante. La
confection du groupe des deux statues en bronze que
portait la base a demandé deux ou trois ans (ou même
plus) : entre-temps Philippos avait été revêtu, selon la
règle ordinaire, de la prêtrise d’Artamis Kekoia. On
inséra dans le commencement du texte une courte
indication de ce fait, sans porter d'ailleurs aucune
modification au texte, qui avait été rédigé lors de la
fonction de Philippos comme prêtre d’Athana. Les
autres inscriptions lindiennes présentent beaucoup de
parallèles d’un tel procédé.
IL Le chapitre XXXVIII de la Chronique du
temple est rapporté par Kinch à la bataille d’Issos,
qui eut lieu dans l’automne de l’an 3332. Selon Kinch,
l’hécatombe d’Alexandre fut offerte pendant l’année
332: c’est donc à cette année qu’il rapporte le com-
mencement de la prêtrise de Θευγένης Πιστοκράτευς.
— On se convainc pourtant aisément que l’explication
que j’ai donnée dans mon commentaire de la Chronique
(ED. I p. 356; ED. II p. 33) convient parfaitement

aussi IIIe rapp. p. 63 sq.) ayant été approuvées par ce savant, la
chronologie que j’avais établie originairement est suivie dans
l’article Rhodos, dans P-W, Suppl. V (1930).
1 Chron. du temple D 1 sq. et D 95 sq.
2 V. Beloch, Griechische Geschichte III 22 (1923), p. 463;
F. Jacoby, Fragmente der griechischen Historiker II D (1930)
p. 698 sq. — Cf. encore Ulrich Wilcken, Deutsche Literatur-
zeitung 1927 p. 366 (où est citée aussi l’opinion de H. Berve
et d’Otto).
 
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