Ç5 ACROPOLE DE
trouvée à Rhodos (ci-après n°6gg) étaient réunies les
statues de ce même Hagesistratos, fêté dans un poème
qui glorifie ladite victoire, et de son père Polykreon,
qui avait remporté comme αγένειος la victoire dans
les jeux de Nemea. Ni l’inscription lindienne ni celle
de Rhodos ne peuvent servir de documents permettant
de trancher une question chronologique dans laquelle
il s’agit d’une différence de deux années. Vis-à-vis des
points de repère I-II, qui sont à regarder comme
décisifs, il faut donc laisser de côté l’hypothèse III.
Règie H y a lieu de mentionner ici un autre
triennale. fait, qUi esf d’une certaine importance pour
la chronologie des prêtres qui ne sont pas enregistrés
dans les parties conservées de la liste. Dans celles-ci
on trouve assez souvent les noms de deux frères (très
rarement de trois) qui ont été revêtus de la prêtrise
l’un après l’autre. Dans ces cas il y a un intervalle
de trois ans ou d’un multiple de ce nombre1. La même
règle triennale est valable dans les cas où le fils obtint
la prêtrise après son père2 ou le petit-fils après son
grand-père3, et encore pour d'autres membres de la
même famille4. Il faut sans doute expliquer cela par
une alternance périodique entre certains groupes ou
classes des citoyens, fixée dans la loi constitutionnelle,
et le nombre de trois fait penser aux phyles doriennes,
qui gardaient une certaine importance dans tout ce
qui avait rapport au culte5 * * * *. Dans les essais d’établir
la chronologie des nombreux prêtres dont les années
de fonction se placent en dehors des périodes comprises
dans les parties conservées de la liste, il faut, par
conséquent, tenir compte de la règle triennale. Cette
1 V. les ans 334‘33L 333-33°, 329-326, I37-I25, 132-129,
109-100, 86-83, 69-66, 65-59, 62-56, 49-40, 47-41, 46-43. Exemples
de trois frères qui furent successivement prêtres d’Athana: 168-
162-156 et 60-54-51.
2 374-33θ> 166-127, i55-i16, 137-89, 134-107, 118-82, 112-61,
107-74, io3-67, 91-58, 89-62, 87-60, 68-44, 55-28, 37-10, 34 A-6 P,
33 A-16 P, 28 A-9 P, 17A-11P, 10 A-21 P.
3 131-65, 124-52, 121-70, 83-14, 42 A-25 P.
4 P. e. bisaïeul et arrière-petit-fils : 97-7 ; oncle et neveu :
167-137, 107-68.
5 L’alternance périodique des prêtres dépendait en premier
lieu du damos auquel ils appartenaient. Beaucoup d’exemples
prouvent que la règle triennale était valable pour les prêtres du
même damos aussi dans les cas où ils n’étaient pas apparentés.
Citons-en quelques Λινδοττολϊται (ans 338-335-329-320), Κλάσιοι
(336-333), Άργεϊοι (165-120), Βράσιοι (124-121-91-70-64), Πεδι-
εϊς (136-88), Καττάβιοι (55'49)· Le fait que l’alternance n’était
pas réglée d’après le nombre des damoi (12), mais d’après un
classement par trois, démontre que les damoi étaient réunis en
trois groupes, dans lesquels il faut sans doute voir les anciennes
phyles. A Kamiros le même cycle triennal se fait valoir dans la
série des damiurges éponymes (v. Benediktsson, Chronologie de
deux listes de prêtres kamiréens, 1940, p. 10), mais non pas dans
celle des prêtres d’Athana Polias. A Lindos il n’était pas non plus
valable pour les prêtres de Poséidon Hippios. On peut comparer
les »tribal cycles* (Ferguson) des archontes éponymes d’Athènes, etc.
LINDOS: N° 1 gô
règle est pourtant assujétie à une modification précise.
On a reconnu depuis longtemps (v. van Gelder p. 210)
que dans les cas où le père et le fils adoptif apparte-
naient à deux damoi différents, le fils passait dans le
damos de son père adoptif. L’exemple le plus connu
est fourni par l’inscription funéraire rhodienne IG XII
1,181 (SGDI 38595 Syll.3 1255): Δαμοφών Εύφραγόρα
Παλαιοττολίτας κατά γένεσιν, καθ' ύοθεσίαν δε Άθανο-
δώρου Βουλίδας, où le fils adoptif sortait d’un damos
ialysien pour entrer dans le damos lindien des Βονλίδαι;
cf. IG XII 1,201 (SGDI 3878): Λαδάρμιος (damos lin-
dien) > Λέλιος (d. kamiréen). Pour d’autres exemples,
vin. 330 (vers 70-50: ’Άμιος > Πεδιεύς) ; n°25q (vers
105) I.12 et 18: deux frères, nés dans le damos des
Πεδιεϊς, furent adoptés par le même homme et pas-
sèrent par l’adoption dans le damos des Νεττίδαι.
Quelquefois l’adoption eut lieu dans un âge avancé,
cf. ARW XXVII p. 352. Dans les cas où elle amenait
le changement de damos, elle semble quelquefois
pratiquée afin de faciliter l’accès à la prêtrise, v. p.e.
les prêtres des ans 143, 142, 118, 112 et 71. Dans RM
1927 p. 180 j’ai traité l’exemple le plus remarquable
de ce genre, à savoir le cas unique où les deux frères
Athanodoros et Hagesandros, qui avaient collaboré au
groupe de Laokoon, furent honorés de la prêtrise
d’Athana deux années de suite (22 et 21). Afin de
rendre cela possible, il fallait les faire adopter par
deux hommes appartenant à des damoi différents.
Les observations que je viens d’exposer donnent
la clef de l’explication des intervalles irréguliers (c’est-
à-dire non divisibles par trois) qui apparaissent çà et
là entre les années de fonction de deux hommes étroite-
ment apparentés. Car en regardant de plus près, on
verra que ces cas peuvent s’expliquer par un change-
ment de damos occasionné par l’adoption de l’un
d’eux1. Dans les parties anciennes de la liste, qui sont
antérieures à l’usage commun de l'adoption (v. l'anno-
tation à l’an 239), il n’y a aucun exemple de ce genre.
A l’époque tardive ils deviennent plus communs, mais
d’autre part la fin même de la liste fait voir que la
règle triennale est restée en vigeur jusqu’en 25 P.
1 Je ne saurais expliquer le cas exceptionnel que les deux
frères mentionnés ci-dessus, et qui furent prêtres en 109 et 100,
ont suivi l’ordre de leur damos natal (Πεδιεϊς) et non pas celui
des Νεττίδαι (connu p. e. par les prêtres des ans 137 et 125).
Faut-il supposer que dans certaines circonstances un tel procédé
fût licite? — Vu l’importance de l’adoption, on pourrait s’attendre
à la voir toujours indiquée dans la liste des prêtres; néanmoins,
la rédaction de celle-ci témoigne quelquefois d’une certaine négli-
gence à cet égard (v. les ans 162, 124, 37). — La liste présente
encore d’autres problèmes. Les damoi paraissent p. e. avoir été
regroupés du moins une fois (env. 325), et probablement encore
une fois plus tard. L’étude approfondie de ces questions nous
entraînerait trop loin; les matériaux dont nous disposons ne
semblent pas non plus suffisants pour la solution de tous les pro-
blèmes qui se présentent.
trouvée à Rhodos (ci-après n°6gg) étaient réunies les
statues de ce même Hagesistratos, fêté dans un poème
qui glorifie ladite victoire, et de son père Polykreon,
qui avait remporté comme αγένειος la victoire dans
les jeux de Nemea. Ni l’inscription lindienne ni celle
de Rhodos ne peuvent servir de documents permettant
de trancher une question chronologique dans laquelle
il s’agit d’une différence de deux années. Vis-à-vis des
points de repère I-II, qui sont à regarder comme
décisifs, il faut donc laisser de côté l’hypothèse III.
Règie H y a lieu de mentionner ici un autre
triennale. fait, qUi esf d’une certaine importance pour
la chronologie des prêtres qui ne sont pas enregistrés
dans les parties conservées de la liste. Dans celles-ci
on trouve assez souvent les noms de deux frères (très
rarement de trois) qui ont été revêtus de la prêtrise
l’un après l’autre. Dans ces cas il y a un intervalle
de trois ans ou d’un multiple de ce nombre1. La même
règle triennale est valable dans les cas où le fils obtint
la prêtrise après son père2 ou le petit-fils après son
grand-père3, et encore pour d'autres membres de la
même famille4. Il faut sans doute expliquer cela par
une alternance périodique entre certains groupes ou
classes des citoyens, fixée dans la loi constitutionnelle,
et le nombre de trois fait penser aux phyles doriennes,
qui gardaient une certaine importance dans tout ce
qui avait rapport au culte5 * * * *. Dans les essais d’établir
la chronologie des nombreux prêtres dont les années
de fonction se placent en dehors des périodes comprises
dans les parties conservées de la liste, il faut, par
conséquent, tenir compte de la règle triennale. Cette
1 V. les ans 334‘33L 333-33°, 329-326, I37-I25, 132-129,
109-100, 86-83, 69-66, 65-59, 62-56, 49-40, 47-41, 46-43. Exemples
de trois frères qui furent successivement prêtres d’Athana: 168-
162-156 et 60-54-51.
2 374-33θ> 166-127, i55-i16, 137-89, 134-107, 118-82, 112-61,
107-74, io3-67, 91-58, 89-62, 87-60, 68-44, 55-28, 37-10, 34 A-6 P,
33 A-16 P, 28 A-9 P, 17A-11P, 10 A-21 P.
3 131-65, 124-52, 121-70, 83-14, 42 A-25 P.
4 P. e. bisaïeul et arrière-petit-fils : 97-7 ; oncle et neveu :
167-137, 107-68.
5 L’alternance périodique des prêtres dépendait en premier
lieu du damos auquel ils appartenaient. Beaucoup d’exemples
prouvent que la règle triennale était valable pour les prêtres du
même damos aussi dans les cas où ils n’étaient pas apparentés.
Citons-en quelques Λινδοττολϊται (ans 338-335-329-320), Κλάσιοι
(336-333), Άργεϊοι (165-120), Βράσιοι (124-121-91-70-64), Πεδι-
εϊς (136-88), Καττάβιοι (55'49)· Le fait que l’alternance n’était
pas réglée d’après le nombre des damoi (12), mais d’après un
classement par trois, démontre que les damoi étaient réunis en
trois groupes, dans lesquels il faut sans doute voir les anciennes
phyles. A Kamiros le même cycle triennal se fait valoir dans la
série des damiurges éponymes (v. Benediktsson, Chronologie de
deux listes de prêtres kamiréens, 1940, p. 10), mais non pas dans
celle des prêtres d’Athana Polias. A Lindos il n’était pas non plus
valable pour les prêtres de Poséidon Hippios. On peut comparer
les »tribal cycles* (Ferguson) des archontes éponymes d’Athènes, etc.
LINDOS: N° 1 gô
règle est pourtant assujétie à une modification précise.
On a reconnu depuis longtemps (v. van Gelder p. 210)
que dans les cas où le père et le fils adoptif apparte-
naient à deux damoi différents, le fils passait dans le
damos de son père adoptif. L’exemple le plus connu
est fourni par l’inscription funéraire rhodienne IG XII
1,181 (SGDI 38595 Syll.3 1255): Δαμοφών Εύφραγόρα
Παλαιοττολίτας κατά γένεσιν, καθ' ύοθεσίαν δε Άθανο-
δώρου Βουλίδας, où le fils adoptif sortait d’un damos
ialysien pour entrer dans le damos lindien des Βονλίδαι;
cf. IG XII 1,201 (SGDI 3878): Λαδάρμιος (damos lin-
dien) > Λέλιος (d. kamiréen). Pour d’autres exemples,
vin. 330 (vers 70-50: ’Άμιος > Πεδιεύς) ; n°25q (vers
105) I.12 et 18: deux frères, nés dans le damos des
Πεδιεϊς, furent adoptés par le même homme et pas-
sèrent par l’adoption dans le damos des Νεττίδαι.
Quelquefois l’adoption eut lieu dans un âge avancé,
cf. ARW XXVII p. 352. Dans les cas où elle amenait
le changement de damos, elle semble quelquefois
pratiquée afin de faciliter l’accès à la prêtrise, v. p.e.
les prêtres des ans 143, 142, 118, 112 et 71. Dans RM
1927 p. 180 j’ai traité l’exemple le plus remarquable
de ce genre, à savoir le cas unique où les deux frères
Athanodoros et Hagesandros, qui avaient collaboré au
groupe de Laokoon, furent honorés de la prêtrise
d’Athana deux années de suite (22 et 21). Afin de
rendre cela possible, il fallait les faire adopter par
deux hommes appartenant à des damoi différents.
Les observations que je viens d’exposer donnent
la clef de l’explication des intervalles irréguliers (c’est-
à-dire non divisibles par trois) qui apparaissent çà et
là entre les années de fonction de deux hommes étroite-
ment apparentés. Car en regardant de plus près, on
verra que ces cas peuvent s’expliquer par un change-
ment de damos occasionné par l’adoption de l’un
d’eux1. Dans les parties anciennes de la liste, qui sont
antérieures à l’usage commun de l'adoption (v. l'anno-
tation à l’an 239), il n’y a aucun exemple de ce genre.
A l’époque tardive ils deviennent plus communs, mais
d’autre part la fin même de la liste fait voir que la
règle triennale est restée en vigeur jusqu’en 25 P.
1 Je ne saurais expliquer le cas exceptionnel que les deux
frères mentionnés ci-dessus, et qui furent prêtres en 109 et 100,
ont suivi l’ordre de leur damos natal (Πεδιεϊς) et non pas celui
des Νεττίδαι (connu p. e. par les prêtres des ans 137 et 125).
Faut-il supposer que dans certaines circonstances un tel procédé
fût licite? — Vu l’importance de l’adoption, on pourrait s’attendre
à la voir toujours indiquée dans la liste des prêtres; néanmoins,
la rédaction de celle-ci témoigne quelquefois d’une certaine négli-
gence à cet égard (v. les ans 162, 124, 37). — La liste présente
encore d’autres problèmes. Les damoi paraissent p. e. avoir été
regroupés du moins une fois (env. 325), et probablement encore
une fois plus tard. L’étude approfondie de ces questions nous
entraînerait trop loin; les matériaux dont nous disposons ne
semblent pas non plus suffisants pour la solution de tous les pro-
blèmes qui se présentent.