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Blouet, Abel [Editor]; Ravoisié, Amable [Editor]
Expedition scientifique de Morée: ordonnée par le Gouvernement Français ; Architecture, Sculptures, Inscriptions et Vues du Péloponèse, des Cyclades et de l'Attique (Band 3) — Paris, 1838

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https://doi.org/10.11588/diglit.668#0032
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( 24 )

l'Attaque, depuis le cap Sunium jusqu'à Salamine et Athènes, avec son acropole qui se voit d'assez près
pour qu'on puisse en distinguer les monuments, et particulièrement le Parthénon, dont les colonnes
blanches se détachent en clair sur les belles lignes du mont Pentélique, qui forment le fond de ce
magnifique tableau.

Le mont Panhellénien n'offrait rien de remarquable que le temple de Jupiter, qui lui donnait son nom.
Ce fut Éacus, dit-on, qui le fit bâtir; et voici, selon Pausanias, à quelle occasion. Du temps d'Éacus la
Grèce fut affligée d'une sécheresse mortelle, et il ne tomba point d'eau dans le pays en dehors de l'isthme,
ni dans le Péloponèse. On consulta l'oracle de Delphes, et la pythie répondit qu'Eacus seul pouvait
apaiser Jupiter. Aussitôt toutes les villes députèrent à Éacus, pour le supplier d'être leur intercesseur
auprès de la divinité. Il se rendit à leurs prières, fit des vœux, offrit des sacrifices à Jupiter Panhellénien,
et ne tarda pas en effet à obtenir une pluie abondante. Pausanias assure avoir vu à l'entrée de l'JLaceum
les statues des personnes qui furent députées pour cette circonstance.

Le temple de Jupiter était d'ordre dorique, et avait six colonnes de front. Il était entouré d'une enceinte
ou muraille'.

A l'exception de quelques fragments de couverture en marbre et en terre cuite, et des sculptures sta-
tuaires dont nous aurons à parler plus tard, tout ce temple est construit en pierre calcaire, recouverte de
stuc. Il a pour base trois socles ; vingt et une colonnes du portique extérieur sont encore debout avec
l'architrave qui les couronne, ainsi que deux colonnes du pronaos, couronnées aussi de leur architrave.
On retrouve encore en place une partie des grandes pierres qui formaient la première assise du mur de
lacella, les bases des deux colonnes de l'hopistodome, près desquelles existent encore des espèces de
stalles ou tables en construction, adossées au mur du fond du temple ; et tout autour du monument un
grand nombre de fragments transportés là, sans doute, lors des fouilles que l'on a faites pour enlever les
statues des frontons. Au-devant du temple, sont les restes d'un dallage en pierre. Toute cette ruine est
environnée par les traces d'un plateau ; on y retrouve encore quelques parties d'un mur de soutene-
.ment qui l'entourait, et qui probablement faisait la base du mur d'enceinte dont parle Pausanias. En
dehors du plateau, et à l'angle sud-est, se trouvent aussi les fondations d'un petit édifice et quelques
traces de mur antique, et vers le nord-est une citerne aussi antique. Près d'elle, et sous le plateau
même, est une grotte où nous trouvâmes deux fragments d'autel ou tambours de colonnes doriques
avec trente-six cannelures.

Le temple de Jupiter Panhellénien, par son état de conservation et par son caractère, est une des
ruines les plus importantes de l'antiquité grecque; et sous le rapport de l'architecture ce monument est
encore aujourd'hui ce qu'il était lorsqu'il fut visité par les auteurs de l'ouvrage sur les antiquités
ioniennes, moins cependant les cinq colonnes de l'intérieur, que nous ne trouvâmes plus en place,
comme elles étaient alors. Mais ce temple acquit plus tard un bien plus haut degré d'intérêt, par la
découverte qu'y firent en 1811, MM. le baron deHaller, de Hallerstein, Cockerell, Forster et Links, des
belles sculptures en marbre qui ornaient les frontons, et par celle des couleurs dont ces savants explora-
teurs retrouvèrent des traces, non-seulement sur ces mêmes sculptures, mais encore sur presque toutes les
parties de l'architecture ; observation qui avait échappé à ceux qui les avaient précédés dans l'examen
de cette importante ruine , à l'exception cependant de Dodwell, qui en avait remarqué sur quelques
points. Ces sculptures ont été enlevées depuis : elles sont devenues en 1811 la propriété du roi de
Bavière, qui les a fait restaurer à Rome par le célèbre sculpteur Thorwaldsen. Elles forment maintenant
l'ornement principal du musée de Munich.

Ce que nous donnons aujourd'hui se compose de ce que nous avons recueilli sur le lieu même en 1829,
et comme complément, de tout ce qui existe dans le musée de Munich relativement à ce temple, ainsi que
des renseignements que nous avons reçus de l'obligeance de M. Kleuze, architecte, intendant des bâtiments
delà couronne de S. M. le roi de Bavière, et des autres personnes éclairées qui ont pris quelque part aux
recherches faites sur ce monument2.

La question de la peinture sur les monuments d'architecture et de sculpture a été le sujet des recher-
ches de beaucoup de savants, parmi lesquels nous devons citer M. Quatremère de Quincy et MM. Raoul

1 Strabon. — Pausanias.

2 Nous devons tous ces documents à M. Trézel, notre collaborateur, qui fit un voyage à Munich, dans le but de les recueillir pour
compléter notre travail.
 
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