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moula se voit, au devant d'une première ligne de montagnes et à une distance d'un mille, le village
de Petro Vouni, au delà duquel s'offrent encore à la vue deux autres villages, Andronitsa et Tséria
dominés tous les deux par un pic des montagnes arides du Taygète.
La route continue au S. E. de Scardamoula à travers quelques plantations d'oliviers. Vers la fauche
paraissent les cimes du Taygète toujours couvertes de neige. Vers la droite on aperçoit une chapelle
et un couvent construits sur un rocher formant un petit port dominé par une tour. Plus loin s'élève
au-dessus de la mer une ile contenant un couvent et quelques pans de murailles de défense. Plusieurs
villages, Mavrico, entouré d'oliviers, Gniocori, bâti auprès d'une plaine cultivée, Pyrgos, situé sur des
montagnes arides, Ringlia, construit à peu de distance d'un torrent roulant sur des rochers, Dosona
dominant une montagne, se rencontrent alternativement ou se voient de la route. Notre approche
étonna les habitants du dernier village, cependant nous trouvâmes parmi eux un empressement et des
dispositions serviables qui contrastaient singulièrement avec l'apparence sauvage des habitations de
la contrée.
Laissant derrière nous un autre village, Platsa, posé sur des rochers, nous avions à notre gauche
les montagnes dépouillées du Taygète, et à notre droite une chapelle et une église assises sur des
rochers taillés de manière à faire croire qu'ils ont servi anciennement d'habitations. Là est un village
assez considérable, Domitsi, où coulent les eaux d'une belle fontaine; elle est d'autant plus précieuse
que les cours d'eau sont rares dans cette contrée recouverte de bancs de rocs et privée de terre végé-
tale , que les habitants recherchent encore entre les fentes et dans les trous des rochers pour en
tirer quelque parti. L'aridité du pays devient effrayante : on est surpris que des hommes aient le
courage d'y placer des habitations; cependant Polifaris, Svina, Langoda, Trachela, Polyana, tous vil-
lages, se voient çà et là s'élevant parmi les rochers.
Après deux heures de marche ou environ à travers des terrains arides, on entre dans le village
de Vitylo, situé sur le penchant d'un grand ravin et remarquable par un pyrgos, plusieurs tours et
diverses églises du moyen âge. A peu de distance de Vitylo, aux bords d'un torrent qui coule dans le
fond d'un ravin, se trouve sur un rocher une inscription antique. Une crue subite du torrent nous
empêcha de déchiffrer l'inscription et nous força de regagner la route, qui nous conduisit à l'embou-
chure du golfe de Chimova. Elle continue à en border le rivage jusqu'à l'extrémité du golfe, où l'on
traverse le petit village de Giva. On parvient ensuite à l'entrée de Liméni (Portochimova), autre
village construit sur des écueils de marbre qui entourent le golfe.
Là nous fîmes halte près d'un pyrgos appartenant à un frère de Piètro bey, le capitaine Janni. Nous
remîmes à ce dernier la lettre de recommandation que son frère nous avait donnée. Il nous fit un bon
accueil et s'engagea à nous procurer un guide sur pour diriger notre course dans le Magne. Nous
trouvâmes dans le capitaine Janni un véritable Maniate, plein de vivacité, de franchise et de patrio-
tisme. Il s'élevait avec chaleur contre le gouvernement du président qui, à part les éloges qui lui
étaient dus à juste titre , avait le tort, disait-il, de distribuer à des étrangers ou à des hommes qui
n'avaient point, comme les chefs grecs, acheté par de grands sacrifices la liberté de leur pays, tous
les emplois civils et militaires. Il ajoutait que les Maniâtes, se donnant tant de peine pour suspendre
aux pointes des rochers quelque peu de terre labourable, auraient dû être exemptés de tout impôt.
Après une conversation animée et des vœux mutuellement exprimés pour la prospérité réciproque de
la France et de la Grèce, nous primes congé du capitaine Janni et nous gagnâmes Tsimova, accom-
pagnés de notre nouveau guide.
Un pyrgos, plusieurs tours et plusieurs églises se font remarquer dans le village de Tsimova, assis
sur un plateau dont toutes les parties cultivées sont divisées par des murs construits à sec avec des débris
de marbre. Au bas du plateau on traverse un torrent qui a son embouchure au fond d'un petit golfe
appelé Dyro, et célèbre dans la contrée par la descente qu'y fit Ibrahim lorsqu'il voulut s'emparer du
Magne. C'est en vain qu'il tenta de pénétrer dans le pays : hommes et femmes le combattirent avec
un tel patriotisme qu'il fut obligé de se rembarquer au plus vite, après avoir essuyé une grande perte.
A trois quarts d'heure de marche vers l'E. est Pyrgos, village considérable dont plusieurs mai-
sons ont pour base des substructions modernes faites à pierre sèche et qui ont une parfaite res-
semblance avec des constructions cyclopéennes. A l'extrémité du village, notre guide nous conduisit
à l'un de ces pyrgos si communs dans le Magne et dont l'aspect rappelle tout à fait celui des châteaux
forts à l'époque de la féodalité en France. Ce ne fut qu'après des coups redoublés, frappés à la porte
moula se voit, au devant d'une première ligne de montagnes et à une distance d'un mille, le village
de Petro Vouni, au delà duquel s'offrent encore à la vue deux autres villages, Andronitsa et Tséria
dominés tous les deux par un pic des montagnes arides du Taygète.
La route continue au S. E. de Scardamoula à travers quelques plantations d'oliviers. Vers la fauche
paraissent les cimes du Taygète toujours couvertes de neige. Vers la droite on aperçoit une chapelle
et un couvent construits sur un rocher formant un petit port dominé par une tour. Plus loin s'élève
au-dessus de la mer une ile contenant un couvent et quelques pans de murailles de défense. Plusieurs
villages, Mavrico, entouré d'oliviers, Gniocori, bâti auprès d'une plaine cultivée, Pyrgos, situé sur des
montagnes arides, Ringlia, construit à peu de distance d'un torrent roulant sur des rochers, Dosona
dominant une montagne, se rencontrent alternativement ou se voient de la route. Notre approche
étonna les habitants du dernier village, cependant nous trouvâmes parmi eux un empressement et des
dispositions serviables qui contrastaient singulièrement avec l'apparence sauvage des habitations de
la contrée.
Laissant derrière nous un autre village, Platsa, posé sur des rochers, nous avions à notre gauche
les montagnes dépouillées du Taygète, et à notre droite une chapelle et une église assises sur des
rochers taillés de manière à faire croire qu'ils ont servi anciennement d'habitations. Là est un village
assez considérable, Domitsi, où coulent les eaux d'une belle fontaine; elle est d'autant plus précieuse
que les cours d'eau sont rares dans cette contrée recouverte de bancs de rocs et privée de terre végé-
tale , que les habitants recherchent encore entre les fentes et dans les trous des rochers pour en
tirer quelque parti. L'aridité du pays devient effrayante : on est surpris que des hommes aient le
courage d'y placer des habitations; cependant Polifaris, Svina, Langoda, Trachela, Polyana, tous vil-
lages, se voient çà et là s'élevant parmi les rochers.
Après deux heures de marche ou environ à travers des terrains arides, on entre dans le village
de Vitylo, situé sur le penchant d'un grand ravin et remarquable par un pyrgos, plusieurs tours et
diverses églises du moyen âge. A peu de distance de Vitylo, aux bords d'un torrent qui coule dans le
fond d'un ravin, se trouve sur un rocher une inscription antique. Une crue subite du torrent nous
empêcha de déchiffrer l'inscription et nous força de regagner la route, qui nous conduisit à l'embou-
chure du golfe de Chimova. Elle continue à en border le rivage jusqu'à l'extrémité du golfe, où l'on
traverse le petit village de Giva. On parvient ensuite à l'entrée de Liméni (Portochimova), autre
village construit sur des écueils de marbre qui entourent le golfe.
Là nous fîmes halte près d'un pyrgos appartenant à un frère de Piètro bey, le capitaine Janni. Nous
remîmes à ce dernier la lettre de recommandation que son frère nous avait donnée. Il nous fit un bon
accueil et s'engagea à nous procurer un guide sur pour diriger notre course dans le Magne. Nous
trouvâmes dans le capitaine Janni un véritable Maniate, plein de vivacité, de franchise et de patrio-
tisme. Il s'élevait avec chaleur contre le gouvernement du président qui, à part les éloges qui lui
étaient dus à juste titre , avait le tort, disait-il, de distribuer à des étrangers ou à des hommes qui
n'avaient point, comme les chefs grecs, acheté par de grands sacrifices la liberté de leur pays, tous
les emplois civils et militaires. Il ajoutait que les Maniâtes, se donnant tant de peine pour suspendre
aux pointes des rochers quelque peu de terre labourable, auraient dû être exemptés de tout impôt.
Après une conversation animée et des vœux mutuellement exprimés pour la prospérité réciproque de
la France et de la Grèce, nous primes congé du capitaine Janni et nous gagnâmes Tsimova, accom-
pagnés de notre nouveau guide.
Un pyrgos, plusieurs tours et plusieurs églises se font remarquer dans le village de Tsimova, assis
sur un plateau dont toutes les parties cultivées sont divisées par des murs construits à sec avec des débris
de marbre. Au bas du plateau on traverse un torrent qui a son embouchure au fond d'un petit golfe
appelé Dyro, et célèbre dans la contrée par la descente qu'y fit Ibrahim lorsqu'il voulut s'emparer du
Magne. C'est en vain qu'il tenta de pénétrer dans le pays : hommes et femmes le combattirent avec
un tel patriotisme qu'il fut obligé de se rembarquer au plus vite, après avoir essuyé une grande perte.
A trois quarts d'heure de marche vers l'E. est Pyrgos, village considérable dont plusieurs mai-
sons ont pour base des substructions modernes faites à pierre sèche et qui ont une parfaite res-
semblance avec des constructions cyclopéennes. A l'extrémité du village, notre guide nous conduisit
à l'un de ces pyrgos si communs dans le Magne et dont l'aspect rappelle tout à fait celui des châteaux
forts à l'époque de la féodalité en France. Ce ne fut qu'après des coups redoublés, frappés à la porte