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Blouet, Abel [Hrsg.]; Ravoisié, Amable [Hrsg.]
Expedition scientifique de Morée: ordonnée par le Gouvernement Français ; Architecture, Sculptures, Inscriptions et Vues du Péloponèse, des Cyclades et de l'Attique (Band 3) — Paris, 1838

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https://doi.org/10.11588/diglit.668#0062
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(54)
que nous désirions voir. Cette route est à l'E. de Mistra, dans une plaine ombragée par des oliviers
et par des mûriers. Les sommets du Taygète et les hautes montagnes de Bardounia, qui s'aperçoivent
de là, étaient couverts de neige. Après avoir traversé le village de Calogonia, on se dirige vers le
N.-E., et à dix minutes de marche du village on arrive au sarcophage.

Toute sa partie supérieure a été renversée. On reconnaît sur les trois côtés qui existent encore les
fragments d'une sculpture représentant un combat. On y remarque une tête de cheval assez bien
conservée. Sur la gauche de la face principale, sont sculptées quelques sirènes nageant à la surface
de l'eau. Quant au travail de la face opposée, il est très-grossier, et semble avoir dû figurer un sacrifice.
Une petite frise chargée d'ornements et d'animaux, mais d'une composition de*mauvais style, règne
autour de la base du monument. En découvrant un morceau de pierre enterré près de là, nous
trouvâmes un fragment de la couverture du sarcophage : une partie en est sculptée, et imite une
draperie se repliant sur une jambe qui appartient à une figure couchée. Le monument est romain;
il date du temps de la décadence. Les sculptures qui en décorent les diverses parties sont assez mau-
vaises : de plus, son état actuel de dégradation est tel, qu'il ne permet pas d'en faire un dessin
capable d'offrir de l'intérêt. Aussi nos regrets furent-ils réels d'avoir fait un si long détour, pour aller
voir un monumeut qui ne mérite guère d'être visité, malgré le bruit que sa découverte a fait dans
le pays.

En nous éloignant du sarcophage, nous nous dirigeâmes vers le S.-E. à travers une plaine, et après
cinq minutes de marche, nous fîmes rencontre d'une société de Grecs. Quelques-uns étaient à
cheval et armés; plusieurs portaient des couronnes blanches, et tous ils allaient vers un village voisin,
pour y chercher une mariée. Des coups de fusil tirés en l'honneur de la future épouse annoncèrent
bientôt leur arrivée dans le village.

Quelques instants après, nous découvrîmes vers la gauche le bourg de Caloula en partie détruit, et,
suivant une route tracée dans une campagne bien cultivée, nous arrivâmes à la rive droite de l'Eurotas,
d'où nous gagnâmes le village de Karaspaï, au milieu duquel s'élève un pyrgos. Il est situé sur des
collines verdoyantes environnées d'une campagne d'un aspect charmant. Le caractère des habitants ne
tient pas de la beauté des lieux. Ils ne nous donnèrent en effet qu'à regret une hospitalité vendue, et,
ne cédant pour ainsi dire qu'à la force, consentirent seulement à nous accorder une petite place dans
le pyrgos de leur village.

Dans le but de nous rendre à Monembasie, nous suivîmes, au sortir de Karaspaï, une route qui
nous conduisit vers l'E. à la rive de l'Eurotas. Quand on a traversé ce fleuve, on aperçoit vers la
gauche le village de Vasilo-Peroma. Il est en ruine, ainsi que le pyrgos qu'on y remarque. Tout le
pays qu'on parcourt, alternativement boisé et cultivé, parait fort riche. Pour un voyageur qui vient
de quitter le Magne, la vue de cette belle contrée est d'autant plus agréable, que son œil s'y repose
de tous côtés sur des tableaux riants, du spectacle plein d'âpreté et de sévérité que lui a offert par-
tout le littoral voisin.

L'Eurotas arrose de ses eaux les campagnes environnantes. Il y multiplie ses détours. Parvenus à
sa rive, nous la suivîmes pendant quelque temps, puis nous passâmes ce fleuve. Ayant ensuite traversé
le village de Gramisa, et aperçu tant sur la droite que sur la gauche divers autres villages, nous
entrâmes dans celui de Birnico. Les habitants y parlent albanais. Ils indiquent dans les environs
quelques restes d'antiquités. Notre intention étant de passer la nuit dans cet endroit, nous adressâmes
la parole à deux ou trois personnes placées à l'entrée du village. L'une d'elles était le démogéronte.
Son accueil fut plein de prévenance; il nous promit un logement pour la nuit, et nous engagea même
à l'y suivre. A peine nous entrions dans la cour de la maison où le démogéronte nous introduisit,
que nous vîmes une société d'hommes et de femmes parés élégamment, et qui dansaient, animés par les
sons peu harmonieux toutefois d'un violon, d'une guitare et d'un triangle. Un papas et plusieurs
autres personnes assistaient comme spectateurs à la fête. C'était une noce.

La mariée, fort jolie et très-richement vêtue, présidait aux danses avec une gravité qu'elle semblait
avoir étudiée pour la mieux reproduire dans cette solennité. Priés par l'aimable société de prendre
part à la joie générale, nous y consentîmes d'autant plus volontiers, que chacun à sa manière s'em-
pressait de nous être agréable. Les plaisirs de la table succédèrent bientôt à ceux de la danse, et le marié,
auquel s'étaient adjoints deux ou trois jeunes garçons, installa les hommes dans une jolie chambre.
Là furent offerts quelques gâteaux faits d'une pâte légère et amincie, en même temps qu'on versait


 
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