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Blouet, Abel [Hrsg.]; Ravoisié, Amable [Hrsg.]
Expedition scientifique de Morée: ordonnée par le Gouvernement Français ; Architecture, Sculptures, Inscriptions et Vues du Péloponèse, des Cyclades et de l'Attique (Band 3) — Paris, 1838

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https://doi.org/10.11588/diglit.668#0076
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^68 )

par un torrent et bordée de montagnes qui se lient vers l'horizon à plusieurs autres dont les
chaînes étagées se développent en une perspective immense. Il est peu de beautés naturelles d'un effet
plus grand et plus imposant. Le village de Pancrata n'est pas très-éloigné du lieu où se déploie
cette vue remarquable. Nous n'y trouvâmes contre les intempéries de l'air qu'un mauvais toit laissant
passage à l'eau, et sous lequel il nous fallut disputer l'espace aux animaux domestiques qui partageaient
avec le maître et ses enfants leur demeure sale et étroite.

On rencontre alternativement sur la route deux khans, un hameau et plusieurs villages. Celui de Némi-
nitza, situé au-dessus d'un torrent sur le penchant d'une montagne, était désert. Ses habitants, presque
tous pâtres, étaient partis pour conduire leurs troupeaux dans les plaines basses de la Morée, du côté
de Coron et de Modon. C'est ainsi que tous les hivers ils fuient leur pays pour se soustraire aux neiges
dont il est couvert dans cette saison. Nous trouvâmes cependant dans le village un jeune ménage qui
voulut bien nous donner l'hospitalité. Une pluie continuelle et des brouillards épais nous empêchèrent
de parcourir cette route de manière à en pouvoir détailler l'itinéraire. Ayant laissé derrière nous le
village de Sary, nous atteignîmes Palamiri, autre village où notre approche causa l'effroi parmi les
habitants : les femmes de crier, les enfants de fuir en pleurant. Quoi qu'il pût en advenir, nous péné-
trâmes dans une maison, et nous nous installions devant la flamme du foyer envahi, quand un vieillard ,
s'étant approché de nous, nous demanda, après diverses autres questions, si nous étions chrétiens, et
apprenant que nous avions une recommandation du président, il nous accorda obligeamment l'hospitalité.

En se dirigeant de là à l'O., vers Caritène, on aperçoit toute la campagne de Mégalopolis et une partie
du cours de l'Alphée ; du S.-O. au N.-O., on découvre les montagnes du Taygète, celles de la Messénie,
le mont Diarforti ou Lycée, et les montagnes de Caritène. L'ensemble de cette vue est immense et
d'un aspect magnifique. On traverse l'Alphée sur le pont de Caritène. En remontant le long du cours
de ce fleuve, nous rencontrâmes un groupe de cavaliers entourés d'hommes à pied tous armés de
fusils et de pistolets. Ils étaient précédés d'un enfant porteur d'un drapeau blanc orné d'une petite
croix rouge; et allaient en chantant chercher une mariée à un village voisin. Dans le désir de nous
faire partager leur joie, ils s'arrêtèrent et nous engagèrent à boire, en nous présentant un vase où
chacun puisait à son tour.

Rien de remarquable jusqu'à un point de la route où l'on a une belle vue de la plaine de Stény-
claria, de l'Ithôme et des montagnes de Pétalidi. Nous traversâmes ensuite plusieurs villages, ainsi
que le Pamisus pour revenir à Nisi (voyez volume I, p. 18)*, et enfin à Navarin, où nous rentrâmes
le 29 décembre : là se termina notre excursion, qui avait duré dix mois.

Ce fut à Navarin que nous nous embarquâmes pour revenir en France, après avoir effectué un
voyage dans lequel nous avions été constamment exposés aux dangers des bivouacs et aux influences
pernicieuses du mauvais air qui désole ces belles contrées. Lorsque nous arrivâmes dans la Grèce,
elle venait de reconquérir sa liberté par une guerre désastreuse; l'agitation qui suit toujours une révo-
lution faite les armes à la main, était encore violente, et c'est dans ces circonstances, et sous la protec-
tion de l'armée française, que nous étions venus explorer ce beau pays, le plus riche du monde en sou-
venirs historiques, et où l'on rencontre à chaque pas des monuments d'art qui attestent sa grandeur
passée.

* DISTANCE DE VASILICA A HISI.

A 3o minutes, vers le N.-O., on voit les ruines d'un port antique. A 2 h. 3 m., à droite une église antique. A 28 m., le villa ge de Souli.
A 2 h. 45 m., vers le S.-O., Klementi, village. A 3 h. 22 m., Kaliani, village. A 1 h. aS m., à gauche, un aqueduc ruiné antique, ou
construit avec des pierres provenant d'un monument antique. A 10 m., ruines d'une grande église vénitienne. A g m., on voit Kionia,
village. A 8 m., sur la gauche, les ruines de Stymphale. A 2 h. 45 m., on arrive au-dessus du lac Phonia. A r h. i5 m., Machia, village.
A 1 h. 27 m., le village de Phonia. A 4 h., on arrive à Lycouria. A 2 h. 3o m., Pancrata, village. A 3 h. 48 m. une fontaine sous de
beaux rochers. Passage pittoresque. A 4 h. 5 m., Néminitza, village. A 6 h. 45 m., Palamari, village. A 2 h. 12 m., on traverse l'Alphée
sur le pont de Caritène. A 5 h. 59 m., vue de la plaine de Stenyclaria, du mont Ithôme et des montagnes de Pétalidi. A 6 h. 12 m., on
traverse le Pamisus. A 56 m., une fontaine. Fragment de route pavée. A 2 h., Nisi.

Total de la distance , 52 h. 56 m.
 
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