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Spach, Louis Adolphe: L' abbaye de Wissembourg
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18831#0160
— 150 —
Lorsqu'on lit ä haute voix les vers d'Otfried, il estimpos-
sible de ne point regretter l'harmonieuse surabondance de
voyelles et de diphthongues, qui a dejä completement disparu
dans l'allemand du XVe siecle. A entendre le langage rhyth-
mique et sonore du moine Otfried , vous vous croiriez, sans
exageration aucune, transporte dans les forets vierges, qui
enveloppaient l'abbaye merovingienne de Wissembourg, et
preter l'oreille au vent qui s'engouffrait dans les chenes et les
sapins, aux sources qui murmuraient sous leur dorne de ver-
dure, et qui formaient le cours d'eau de la Lauter, dont les
murs du cloitre etaient baignes.
Quel etait donc cet asyle, qui recelait, il y a tout ä l'heure
mille ans, un pareil joyau? Quel etait cetle congregation oü
surgissait, dans un siecle que nous appelons barbare, un
poete precurseur de iMilton, de Klopstock et de Sonnen-
berg? 1
Fondation du cou- D'apres les renseignements les plus probables, l'abbaye de
ml. Wissembourg existait dejä depuis deux siecles ä l'epoque
011 le moine Otfried composait «le Christ». Des traditions
moins süres font meme remonter son origine ä l'an 624,
c'est-ä-dire au regne de Dagobert Ier, qui aurait ete le fonda-
teur et le premier donateur du eouvent2; d'autres traditions
1. Sonnenberg est l'auteur d'un poeme epique uDonatoa,» ou la fin du monde.
— Sonnenberg est mort en 1806. Son oeuvre posthume a ete inspiree par la Mes-
siade et par les bouleversements coritemporains. Le poete, nature excentrique,
exaspere par les victoires du principe revolutionnaire represente par la France,
n'a pu survivre ä la chute de l'Allemagne aristocratique, battue ä Austerlitz et ä
Iena.
2. La Charte, qui attribue ä ce roi la fondation de l'abbaye de Wissembourg,
est evidemment apocryphe ; eile reporte ä la vingt-troisierae annee du regne de
Dagobert Ier la fondation de notre eouvent. Or Dagobert Ier n'a regne que seize
ans. (Voy. Schoepflin, ALsatia diplomatica, n° 20, et Zeuss, Traditiones pos-
sessionesque Wizemburgenses, pageXII.)
Schoepflin place l'origine du eouvent ä l'annee 674, et Zeuss, avec plus de
Lorsqu'on lit ä haute voix les vers d'Otfried, il estimpos-
sible de ne point regretter l'harmonieuse surabondance de
voyelles et de diphthongues, qui a dejä completement disparu
dans l'allemand du XVe siecle. A entendre le langage rhyth-
mique et sonore du moine Otfried , vous vous croiriez, sans
exageration aucune, transporte dans les forets vierges, qui
enveloppaient l'abbaye merovingienne de Wissembourg, et
preter l'oreille au vent qui s'engouffrait dans les chenes et les
sapins, aux sources qui murmuraient sous leur dorne de ver-
dure, et qui formaient le cours d'eau de la Lauter, dont les
murs du cloitre etaient baignes.
Quel etait donc cet asyle, qui recelait, il y a tout ä l'heure
mille ans, un pareil joyau? Quel etait cetle congregation oü
surgissait, dans un siecle que nous appelons barbare, un
poete precurseur de iMilton, de Klopstock et de Sonnen-
berg? 1
Fondation du cou- D'apres les renseignements les plus probables, l'abbaye de
ml. Wissembourg existait dejä depuis deux siecles ä l'epoque
011 le moine Otfried composait «le Christ». Des traditions
moins süres font meme remonter son origine ä l'an 624,
c'est-ä-dire au regne de Dagobert Ier, qui aurait ete le fonda-
teur et le premier donateur du eouvent2; d'autres traditions
1. Sonnenberg est l'auteur d'un poeme epique uDonatoa,» ou la fin du monde.
— Sonnenberg est mort en 1806. Son oeuvre posthume a ete inspiree par la Mes-
siade et par les bouleversements coritemporains. Le poete, nature excentrique,
exaspere par les victoires du principe revolutionnaire represente par la France,
n'a pu survivre ä la chute de l'Allemagne aristocratique, battue ä Austerlitz et ä
Iena.
2. La Charte, qui attribue ä ce roi la fondation de l'abbaye de Wissembourg,
est evidemment apocryphe ; eile reporte ä la vingt-troisierae annee du regne de
Dagobert Ier la fondation de notre eouvent. Or Dagobert Ier n'a regne que seize
ans. (Voy. Schoepflin, ALsatia diplomatica, n° 20, et Zeuss, Traditiones pos-
sessionesque Wizemburgenses, pageXII.)
Schoepflin place l'origine du eouvent ä l'annee 674, et Zeuss, avec plus de