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temps 1'apparition du Nouveau Testament ».10 En ce qui concerne l'eau-forte de Rembrandt,
ces mots peuvent s'y rapporter avec encore plus de force. En outre, cette eau-forte pouvait etre
la source formelle pour les premiers groupes de paysages de Ruisdael avec 1'arbre mort sur un
fond sombre de ciel orageux.

Le caractere metaphorique de ce genre d'arbres avait ete marąue discretement dans la prose
hollandaise contemporaine aux deux artistes. Ainsi, C. Huygens ecrit que les arbres, « qui
montent de la terre vers le ciel leurs branches tendues, ressemblent a des malheureux infortunes
qui appellent plaintivement au secours sans savoir exactement a qui s'adresser ».11

Dans le livre de Roemer Visclier, Les symboles, l'arbre mort figurę comme un symbole ouvert.
La gravure qui illustre le proverbe «Le choix fait naitre la peur », represente deux arbres —
l'un sec, Pautre vert, le texte sous la gravure avertit d'une erreur de choix, car 1'apparence est
souvent trompeuse. Ce symbole etait connu des peintres: E. de Jongb voit un exemple d'uti-
lisation de ce symbole dans le tableau de Gerard Dou Le charlatan.12

Assez tót, dans l'oeuvre de Ruisdael 1'arbre mort est remplace par des ruines. Ainsi, dans
le Paysage aux ruines (jadis a Berlin, collection Huldschinsky) 1'arbre-ruine a ete change en
une ruine-tour, mais dans tout le reste la composition est restee la meme. Cest pourquoi dans
ce paysage le remplacement de 1'arbre mort par des ruines conservant ses fonctions composi-
tionnelles c'est a dire formelle et de sujet se manifeste d'une faęon particulierement visible.

Non moins facile a comprendre est une autre image-symbole de Ruisdael-paysagiste, c'est le
torrent, balayant, detruisant tout sur son passage. Ses eaux se precipitent en un cours tumultueux
ou se repandent en de tranquilles meandres. Cest le symbole de la course du temps, tantót
rapide, tantót ralentie, mais toujours inexorable, destructrice. Si dans les eaux est encore montre
1'arbre brise, nous croyons, qu'on doit interpreter ce motif comme une allusion a la mort, au
transitoire.13 Cascade en Norvege de la Collection de l'Ermitage peut servir d'exemple evident
pour le symbolisme de ce motif. II est vrai, que meme ici Ruisdael reste elegiaque, serein, et
en fin de compte, comme toujours, maitre d'une oeuvre vivifiante.

Ainsi, Le cimetiere juif (fig. 1), Le Marais (fig. 2), Paysage a 1'arbre mort (fig 3), Cascade en
Norvege, de Ruisdael demontrent que la langue des symboles n'etait pas etrangere au genre
du paysage (sans compter le groupe des ses premieres oeuvres, entrant dans la serie de Saisons
et des Jours qui avaient manifestement un caractere allćgorique). Dans le present article nous
nous arreterons en detail sur deux composantes de cette manierę d'expression: sur le motif de
1'aibre mort, et sur 1'image de la chouette perchee sur celui-ci attaquee par les autres rep-
rćsentants du royaume des oiseaux.

II ne serait pas rationnel de trop s'approfondir dans l'histoire de ces symboles. L'arbre est,
peut-etre, le plus ancien symbole de 1'humanite. II suffit de dire, qu'a l'avenement du Moyen Age
dans la mythologie, la litterature, l'art chretien, 1'arbre etait compte comme le symbole de la
vie divine et bumaine, eternelle et temporelle, mais de meme comme le symbole de la transition
et de la mort. Encore, 1'Ancien Testament (Gn. 2,9), empruntant une pensee de 1'epos de
Gilgamesh, mentionnait 1'opposition de 1'arbre de vie a 1'arbre du savoir.

Le folklore neerlandais, et k sa suitę l'art nćerlandais ont attribućs a ce symbole une nouvelle
couleur emotionelle, donnant a 1'arbre des sentiments humains. Illustrant un proverbe neerlandais
,,le bois (1'arbre) — env«nd, le ehamp—voit », ce qui correspond au franęais « les murs ont
des oreilles », Hieronimus Bosch represente 1'arbre avec des oreilles, et le champ ayant des

10. Schildener zu Greifswald, „Etwas iiber die symbolische Bedeutung des entlaubten, diirrcn, oder beschadigten Baumes
in der cliristlichen Kunst", Museum, Bliilter fur bildende Kunst, 1834, II, 23, p. 183.

11. Cite selon: M. AjinaTOB h H. ^aHHnoB, CTapue MacTepa b ^pe3fleHCKoił ranepee, MocKBa, 1959, p. 388.

12. De Jongh, op. cit., 1967, p. 73.

13. Gerson, op. cit., p. 45.

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