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Poprzęcka, Maria: Le paysage industriel vers 1600
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18821#0051
Le Paysage avec forge suit le meme principe fondamental du paysage manieriste qu'est la
priorite de la conception artistique a laąaelle on soumet la naturę, que l'on traite d'ailleurs
dans ses parties choisies et composees avec une minutieuse fidelite. 5 Cette fidelite se revele dans
la manierę analytiąue de peindre les rocs, dans 1'enumeratiori scrupuleuse des feuilles d'arbres
et de buissons qui poussent dans les fentes des rochers, dans la verite topographique, enfin dans
la description des batiments et des installations techniques.
Cette realite comporte quand meme une contradiction internę — les paysages qui representent
les endroits precis mais toujours differents, se ressemblent pourtant d'une faęon etonnante.
Malgre toutes les apparences d'une vue d'apres naturę, c'est un paysage purment compose.
Son principe fondamental c'est le schema de composition dont nous venons de parler, et c'est
seulement sur ce canevas qu'on apporte des realites geographiques et c'est lui qui rend 1'image
fidele aussi bien par rapport a la naturę qu-aux travaux humains.
Les paysages avec le motif de la forge se situent donc dans le vaste cadre stylistique du paysage
manieriste, mais divergent considerablement dans les realisations individuelles des peintres :
ils sont objectivement realistes chez Valkenborch, fantastiques et cosmiques chez de Bies,
idealises chez Brill. Leur caractere commun c'est le motif iconographique: la forge dans un
dćcor de montagnes.
La question se pose alors de savoir, quelle etait la raison de 1'apparition de cette variante
thematique dans la peinture paysagiste, encore nouvelle et formulant ses categories et ses prin-
cipes theoriques ? La simple eonstatation que les Flamands auraient introduit dans leurs paysages
et leurs scenes ce qui faisait la caracteristique de certaines regions, comme la region mosane
ou celle de Liege, ou les techniques et 1'industrie etaient particulierment en avance et ou les
mines et les forges faisaient partie de l'univers comme les arbres et les rochers — n'est pas du
tout l'explication suffisante ou satisfaisante.
Le fait que Lucas van Yalkenborch ait realise touteune serie de tableaux consacres a ce sujet
peut s'expliquer par la demande d'un client. On peut citer beaucoup d'exemples de semblables
series de paysages faits sur commande. 6 Le phenomene est quand meme plus vaste et il existe
des Paysages avec forge qui n'impliquent aucune realite topographique ou geographique. Le pay-
sage d'Herri met de Bies aux Offices appartient encore au type de paysage panoramique. 7
Nous trouvons encore plus loin de toute realite geographique l'extraordinaire tableau de Jean
Brueghel (Galerie Doria Pamphilj, Rome; fig. 5), qui n'est d'ailleurs pas seulement un paysage
mais une fusion du paysage, d'une scenę mythologique et d'une scenę de genre. Cest une oeuvre
etonnante et raffinee. Dans un inoul, chaotique assemblage d'objets se perdent les petites silhouet-
tes des dieux et des ouvriers, de gigantesques arcades mi-architectoniques mi-natureles se perdent
dans Pinfini, le paysage lointain est recouvert par les vapeurs de 1'Etna, au premier plan un
enorme chandelier irreel est suspendu. Mais cette impression d'irrealite et de fantastique n'est
qu'une apparence. Une analyse detaillee apporte des resultats inattendus. 8 Les arcades du fond,
theatrales, couvertes de buissons, sont une interpretation du palais imperial de Rome, tandis
que toute la partie inferieure du tableau represente d'une faęon tres precise toutes les branches
5. E. Gombrich, „Renaissance Artistic Theory and the Development of Landscape Painting", Gazette des Beaux-Arts, XLI,
1953, p. 352; J. Białostocki, „Zagadnienie manieryzmu i niderlandzkie malarstwo krajobrazowe", [dans:] Pięć wieków
myśli o sztuce, Warszawa, 1959, p. 184.
6. P.ex. les six paysages peint par Paul Brill pour le Cardinal Mattei, reprćsentant les chatcanx en sa possesion; K. van Mander,
Le livre de peinture, Paris, 1965, p. 195.
7. M. Friedliindcr, Die Altniederlandische Malerei, Leiden, 1936 fig. 91. Un Paysage avec forge fut peint aiissi par )e pl»;s re-
marquable reprćsentant de la peinture paysagiste ainsi nommć ,,panoramique" Joachim Patenier (tableau dans la col-
lection Ilse V6gler von Martin; cat. exposition, Les mines, op. cit., p. 10, n° 44).
8. Ch. Ffoulkes, „A Craft-Picture by Jan Brueghel", The Art Bulletin, XIX, 1911, p. 41—48.
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priorite de la conception artistique a laąaelle on soumet la naturę, que l'on traite d'ailleurs
dans ses parties choisies et composees avec une minutieuse fidelite. 5 Cette fidelite se revele dans
la manierę analytiąue de peindre les rocs, dans 1'enumeratiori scrupuleuse des feuilles d'arbres
et de buissons qui poussent dans les fentes des rochers, dans la verite topographique, enfin dans
la description des batiments et des installations techniques.
Cette realite comporte quand meme une contradiction internę — les paysages qui representent
les endroits precis mais toujours differents, se ressemblent pourtant d'une faęon etonnante.
Malgre toutes les apparences d'une vue d'apres naturę, c'est un paysage purment compose.
Son principe fondamental c'est le schema de composition dont nous venons de parler, et c'est
seulement sur ce canevas qu'on apporte des realites geographiques et c'est lui qui rend 1'image
fidele aussi bien par rapport a la naturę qu-aux travaux humains.
Les paysages avec le motif de la forge se situent donc dans le vaste cadre stylistique du paysage
manieriste, mais divergent considerablement dans les realisations individuelles des peintres :
ils sont objectivement realistes chez Valkenborch, fantastiques et cosmiques chez de Bies,
idealises chez Brill. Leur caractere commun c'est le motif iconographique: la forge dans un
dćcor de montagnes.
La question se pose alors de savoir, quelle etait la raison de 1'apparition de cette variante
thematique dans la peinture paysagiste, encore nouvelle et formulant ses categories et ses prin-
cipes theoriques ? La simple eonstatation que les Flamands auraient introduit dans leurs paysages
et leurs scenes ce qui faisait la caracteristique de certaines regions, comme la region mosane
ou celle de Liege, ou les techniques et 1'industrie etaient particulierment en avance et ou les
mines et les forges faisaient partie de l'univers comme les arbres et les rochers — n'est pas du
tout l'explication suffisante ou satisfaisante.
Le fait que Lucas van Yalkenborch ait realise touteune serie de tableaux consacres a ce sujet
peut s'expliquer par la demande d'un client. On peut citer beaucoup d'exemples de semblables
series de paysages faits sur commande. 6 Le phenomene est quand meme plus vaste et il existe
des Paysages avec forge qui n'impliquent aucune realite topographique ou geographique. Le pay-
sage d'Herri met de Bies aux Offices appartient encore au type de paysage panoramique. 7
Nous trouvons encore plus loin de toute realite geographique l'extraordinaire tableau de Jean
Brueghel (Galerie Doria Pamphilj, Rome; fig. 5), qui n'est d'ailleurs pas seulement un paysage
mais une fusion du paysage, d'une scenę mythologique et d'une scenę de genre. Cest une oeuvre
etonnante et raffinee. Dans un inoul, chaotique assemblage d'objets se perdent les petites silhouet-
tes des dieux et des ouvriers, de gigantesques arcades mi-architectoniques mi-natureles se perdent
dans Pinfini, le paysage lointain est recouvert par les vapeurs de 1'Etna, au premier plan un
enorme chandelier irreel est suspendu. Mais cette impression d'irrealite et de fantastique n'est
qu'une apparence. Une analyse detaillee apporte des resultats inattendus. 8 Les arcades du fond,
theatrales, couvertes de buissons, sont une interpretation du palais imperial de Rome, tandis
que toute la partie inferieure du tableau represente d'une faęon tres precise toutes les branches
5. E. Gombrich, „Renaissance Artistic Theory and the Development of Landscape Painting", Gazette des Beaux-Arts, XLI,
1953, p. 352; J. Białostocki, „Zagadnienie manieryzmu i niderlandzkie malarstwo krajobrazowe", [dans:] Pięć wieków
myśli o sztuce, Warszawa, 1959, p. 184.
6. P.ex. les six paysages peint par Paul Brill pour le Cardinal Mattei, reprćsentant les chatcanx en sa possesion; K. van Mander,
Le livre de peinture, Paris, 1965, p. 195.
7. M. Friedliindcr, Die Altniederlandische Malerei, Leiden, 1936 fig. 91. Un Paysage avec forge fut peint aiissi par )e pl»;s re-
marquable reprćsentant de la peinture paysagiste ainsi nommć ,,panoramique" Joachim Patenier (tableau dans la col-
lection Ilse V6gler von Martin; cat. exposition, Les mines, op. cit., p. 10, n° 44).
8. Ch. Ffoulkes, „A Craft-Picture by Jan Brueghel", The Art Bulletin, XIX, 1911, p. 41—48.
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