Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
la création artistique, il existe une contradiction tout comme dans toute l'Existence d'ailleurs,
que l'on ne peut décrire que dans les catégories des contradictions des notions: unité dans la
multiplicité, continuité et intermittance, stabilité et changement. Le but c'est l'unité objective
mais cette unité sera d'autant plus parfaite que cette Existence Particulière dont elle est une
oeuvre sera plus homogène et unique en son genre. [...] C'est pourquoi l'Art Pur, bien qu'il soit
le moins individuel, le plus universel, doit être en tant que résultat final de ses oeuvres, en tant
que forme, individualisé au maximum pour avoir la valeur de cette universalité, être une beauté
abstraite, idéale"1". Il doit de plus, naître avec le même naturel que croît une plante.

La Forme Pure de Witkacy devait donc concilier la pensée abstraite avec le concret de la
réalité, la conscience de la forme avec la spontanéité de l'acte créateur, l'objectivité des lois
de la forme avec la subjectivité de la réception et des évaluations. Le produit de la création
était pour lui une oeuvre autonome, régie par des lois déterminées et, en même temps, une projec-
tion de la personnalité, une expression de son unité; en reflétant le dualisme de l'Existence,
il la surmontait en même temps.

Witkacy considérait, non sans y avoir des expériences personnelles, comme arts les plus purs,
la musique et la peinture du fait qu'elles sont liées par leurs qualités à deux côtés de la forme
infinie de l'Existence — le Temps et l'Espace. Il accordait néanmoins la primauté à l'oeuvre
de peinture en tant que celle qui dure immuablement dans l'espace et est le symbole plus parfait
de l'unité abstraite car son unité peut s'intégrer d'une manière plus parfaite en raison de sa
simultanéité dans l'espace. Aussi Witkacy appuya-t-il le principal fondement de la Forme Pure
sur la peinture et sur ses propres expériences.

Trois éléments essentiels concourent à chaque oeuvre de peinture: la composition, l'harmonie
des couleurs et le traitement de la forme. Witkacy appelle composition les rapports des formes
composantes du tableau entre elles et leur rapport avec la forme indifférente qui sépare le tableau
du reste des objets, c'est-à-dire le cadre. Combattant l'imitation naturaliste du monde, il postule
la platitude des formes, qui facilite l'intégration visuelle de la multiplicité dans l'unité. Il définit
l'état d'unité de la surface d'un tableau en tant qu'équilibre de division, égalité des complications
partielles. Il fait dépendre l'intensité du sentiment d'unité en tant que but de l'Art Pur de la
quantité et du déséquilibre des divisions soumises au processus d'intégration. Ne trouvant
pas de critères objectifs et de principes stricts de composition, il laisse les solutions détaillées
dans la sphère subjective. Elle contient aussi la notion de composition perverse dans laquelle
les formes inquiétantes ou bien leur déséquilibre extrême agissent néanmoins comme éléments
d'unité. Les éléments du monde extérieur par lesquels non seulement se matérialise l'indivi-
dualité de l'artiste, servent à la construction de la composition. Les tensions orientées des masses,
essentielles pour l'unité de la composition, sont rendues plus lisibles au moyen de l'introduction
au tableau de figures qui suggèrent ces tensions sans ambiguïté et facilitent l'intégration en
une unité d'un tout, même très compliqué. Dans le cas d'une tension orientée perverse, de tels
éléments introduiront de la divergence dans le système des masses de composition sans perdre
en même temps leur rôle d'homogénisation du tout.

En partant de la définition psychologique de la nature des impressions visuelles, de la des-
cription des propriétés des couleurs et des lois qui régissent leurs unions, Witkacy formule sa
conception de l'harmonie des couleurs comme étant relative, compliquée aujourd'hui et tri-
butaire de la forme et des proportions des formes composantes du tableau et aussi du coefficient
affectif revenant dans une civilisation donnée aux diverses couleurs. Chaque couleur est caracté-
risée par sa qualité, sa clarté et sa saturation, et chacune est soumise de plus à la loi du contraste,

10. S.I. Witkiewicz, Nowe formy iv malarstwie..., d'après l'édition: Warszawa, 1959, p. 35.

34
 
Annotationen