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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Hrsg.]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 6, Text): Médecine opératoire — Paris, 1837

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https://doi.org/10.11588/diglit.18363#0009
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DISCOURS PRÉLIMINAIRE

A mesure que les sciences ou les arts qui en dépendent
accroissent leurs matériaux, les branches différentes qui les
composent tendent de plus en plus à se scinder et à s'isoler
de 1 ensemble ; puis, chacune de leurs divisions, lorsque le
nombre et le volume des faits spéciaux qu'elle renferme est
devenu considérable, se généralise, et constitue bientôt
une science ou un art secondaire, susceptible de former une
branche spéciale d'enseignement.

Fondée en partie sur l'incapacité de notre esprit à tout
comprendre, mais sur-tout sur l'impossibilité pratique
d'embrasser un grand nombre de sujets, cette tendance,
fâcheuse peut-être pour la marche encyclopédique de l'es-
prit humain, est cependant utile et nécessaire, un petit
nombre de ces esprits généraux et privilégiés, qui appa-
raissent par intervalles, suffisant pour coordonner et sys-
tématiser l'ensemble des connaissances, tandis que la co-
opération de tous est indispensable pour l'avancement des
fractions de détail.

Cette division du travail scientifique, dont l'empreinte
se retrouve dans tous les travaux de l'intelligence à notre
époque, est remarquable en particulier dans les sciences
naturelles, et, parmi ces dernières, s'est sur-tout pronon-
cée depuis vingt ans dans la section médicale. La méde-
cine opératoire, dans sa part d'activité, avec les faits nom-
breux dont elle s'est accrue, forme aujourd'hui un art dis-
tinct dans la thérapeutique, et qui se subdivise lui-même
dans ses applications à tel point, que ses progrès toujours
croissans augmentent chaque jour le nombre des spéciali-
tés professionnelles.

La nécessité du secours emprunté à l'art du dessin, par
la chirurgie, pour assurer et répandre les résultats les plus
heureux de ses tentatives, a été comprise de tous les temps.
Depuis la Renaissance, aucun chirurgien n'a publié une
opération nouvelle qu'il n'ait essayé de faire comprendre,
par des figures, et le mécanisme de l'opération, et les in-
strumens qui y servaient. Aux seizième et dix-septième siè-
cles , Ambroise Paré, Guillemeau, Wiseman, Fabrice de
Hilden, Dionis, J.-L. Petit, en un mot tous les hommes
marquans ont également suivi cette direction. Dans le siècle
dernier, les collaborateurs aux travaux de l'Académie de chi-
rurgie, chaque fois que le besoin s'en faisait sentir, accom-
pagnaient leurs mémoires de dessins explicatifs dont la
collection a formé parla suite un atlas séparé. De nos jours,
Camper, Scarpa, Hesselbach, et beaucoup de chirurgiens
spéciaux, ont laissé en ce genre des exemples et des mo-
dèles; enfin, cet usage s'est tellement accru, qu'il ne paraît
aujourd'hui, tant en France qu'à l'étranger, aucune mono-
graphie chirurgicale, sans l'auxiliaire du dessin.

Tant d'efforts partiels, poursuivis dans un même but,
sont une preuve suffisante de l'utilité d'un traité général

T. VI.

iconographique propre à enseigner ou remémorer les faits-
En voyant à quel point ce besoin est généralement senti,
et combien d'hommes distingués sembleraient propres à y
satisfaire, on s'étonne que la science n'ait pas encore été
dotée d'un pareil ouvrage. Nombre de chirurgiens, nos
maîtres, dès leur entrée dans la carrière, avaient promis
d'y consacrer leurs veilles. Déjà la mort en a surpris plu-
sieurs avant même qu'ils eussent rien commencé : tel,
parmi eux, a été le sort de Dupuytren , qui avait fait de ce
projet le rêve de sa vie. D'autres ont exprimé, depuis lon-
gues années, la même intention : pourtant l'âge avance ,
et rien n'annonce qu'ils soient, sous ce rapport, plus avan-
cés que le premier jour. La réalité qui devait faire éva-
nouir l'illusion de leur jeunesse, cet obstacle imprévu de-
vant lequel se sont brisés leurs vœux et leurs efforts, est le
même pour tous, l'absence du temps, dont ne peut plus dis-
poser le chirurgien absorbé par les détails d'une immense
pratique. C'est qu'un pareil ouvrage, pour ne pas rester
au-dessous de son objet, exige impérieusement l'emploi du
temps et de toutes les facultés de celui qui s'y dévoue, et
ne saurait être l'œuvre de quelques rares instans de loisir,
dérobés, par intervalles, à l'activité continue de soins plus
urgens.

Dans le silence obligé de ces grandes renommées, nous
avons cru pouvoir risquer la première tentative en ce genre.
Nous nous y sommes cru d'autant mieux autorisé que,
dans un pareil sujet, de sa nature incertain, mobile et à
jamais non fini, comme tout ce qui est de pure conception
humaine, les résultats ne pouvant s'acquérir que lente-
ment, par l'expérience et la vérification des praticiens de
tous les pays, nul n'a la chance de nombreuses découver-
tes; nul ne doit se permettre une innovation, ou même une
simple assertion, que la certitude du résultat ne lui soit
bien prouvée. L'écrivain, ici, aura donc rempli dignement
sa tâche si, bornant presque invariablement son rôle à ce-
lui d'historien, il s'est fait le rapporteur impartial et fidèle
de faits dont le plus grand nombre lui sont nécessairement
étrangers.

Une autre considération nous encourage dans ce tra-
vail, c'est une certaine habitude, pour nous acquise, des
représentations iconographiques. Comme tous les sujets
complexes, dont la solution se compose de plusieurs élé-
mens, l'iconologie exige une harmonie de connaissances
scientifiques et artielles, indispensable pour son exécution,
mais dont la réunion, assez rare dans l'état actuel de l'en-
seignement, constitue, par cela seul, une sorte de spécia-
lité. L'inexpérience, sous ce rapport, de chirurgiens,
comme d'anatomistes, même les plus distingués, nous a
souvent beaucoup surpris. En médecine opératoire, comme
en anatomie, s'il existe si peu de bonnes figures, la faute
 
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