DIVISIONS.
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rieure a une forme appropriée au genre de cautérisation que l'on
veut produire; l'autre extrémité est effilée, pour être reçue à
volonté dans un manche en bois. Un trou, qui traverse inférieu-
rement les deux portions dont se compose l'instrument, permet
de les assujettir l'une à l'autre par une vis de pression ; en sorte
qu'un même manche peut servir pour plusieurs cautères. La tige
de l'instrument est coudée supérieurement à angle droit avant la
naissance de l'extrémité cautérisante ; cette disposition permet de
porter plus facilement le cautère dans différentes directions.
Variétés de cautères. Les formes affectées à l'extrémité cauté-
risante ont déterminé les noms que portent les cautères, et qui
se réduisent aux suivants 1 : Cautère en roseau. C'est le seul qui
ne soit point coudé : on s'en sert pour agir à une grande profon-
deur et suivant des trajets droits et peu larges. Cautère olivâtre.
Celui-ci est facile à insinuer dans de petites cavités arrondies,
comme, par exemple, des kystes. Cautère conique. Le sommet
tronqué du cône en est l'extrémité libre. Cet instrument donne
lieu, aux dépens des parties à travers lesquelles il pénètre, à une
perte de substance en rapport avec sa forme ; il convient lorsque
l'action du feu doit s'exercer de la surface externe jusque dans la
profondeur. Cautère cultellaire, hastile ou hastaire. Cette forme est
celle d'une petite hache dont le tranchant très obtus décrit un
quart de cercle ; on s'en sert pour pratiquer des raies de feu ou la
cautérisation transcurrente, et pour attaquer la base de certaines
tumeurs fongueuses facilement saignantes. Cautère nummulaire.
Celui-ci ressemble à un palet ; il sert à cautériser à plat. La face
inférieure, qui doit être appliquée sur les parties, est légèrement
convexe, ce qui en facilite le glissement. La vive-arête du con-
tour de l'instrument est arrondie pour la même raison. Il y a de
ces cautères plats de forme carrée et ovale, mais ils sont moins
employés que les circulaires. Une autre forme de cautère, ima-
ginée par M. Percy, est celle à laquelle il a donné le nom A'annu-
laire : c'est un disque épais, excavé à son centre de manière à
figurer une couronne de trépan. M. Percy l'employait pour la
cautérisation sincipitale. Enfin, diverses formes de cautères ont
été imaginées dans ces derniers temps pour satisfaire à certaines
indications spéciales. (Pl. 17.)
Au reste, quelle que soit Futilité spéciale de chacune des va-
riétés de cautère dans le détail desquelles nous venons d'entrer,
on conçoit que, dans nombre de circonstances, le chirurgien,
n'ayant pas à sa disposition tout ce matériel d'instrumens , doit
apprendre à suppléer les cautères les uns par les autres, et même
à les remplacer à l'occasion par les premiers corps métalliques, fer
ou cuivre, qui se rencontrent par-tout sous la main.
Effets. La cautérisation par le feu détruit immédiatement les
tissus en les carbonisant et donnant lieu au dégagement de di-
vers gaz et vapeurs, comme dans toutes les applications du calo-
rique aux corps combustibles de nature végétale ou animale. Cette
cautérisation, la plus active de toutes, est aussi la plus avantageuse
par la facilité d'en graduer et d'en limiter les effets. Elle convient
dans presque toutes les circonstances où l'on applique les cautères
potentiels, et leur est préférable dans la plupart des cas, mais sur-
tout pour arrêter les progrès de la pourriture d'hôpital et des ca-
ries des os. Son action, ressentie au loin dans la profondeur des
tissus, ranime avec beaucoup d'énergie leurs fonctions vitales.
Intensité de la chaleur. Le degré de température des cautères a
1 Planche 17, fig. 22 à 3i.
T. VI.
beaucoup d'influence sur leur mode d'action. On a coutume d'éva-
luer approximativement cette température par la couleur des
cautères en sortant du feu. Le gris est le degré de chaleur le
moins élevé; puis le rouge obscur, le rouge cerise, le rouge
jaune, enfin le rouge blanc, indiquent la plus grande accumula-
tion du calorique. L'application du feu est d'autant plus doulou-
reuse que la désorganisation des tissus a lieu avec plus de len-
teur, ou, en d'autres termes, que les cautères sont moins chauds.
L'effet inverse est également vrai, que le cautère désorganise avec
d'autant plus de rapidité et fait souffrir d'autant moins le ma-
lade, qu'il est chargé d'une quantité de calorique plus considé-
rable. Le chirurgien ne doit jamais perdre de vue ces données,
afin de pouvoir toujours graduer l'intensité de la chaleur sui-
vant les effets qu'il veut déterminer.
La cautérisation a reçu différens noms, suivant la manière
dont elle s'applique. Nous allons indiquer les principales.
Procédés opératoires.
Cautérisation inhérente. Elle s'effectue par l'application sou-
tenue du cautère sur les parties malades ; elle a pour effet une
désorganisation brusque des tissus. Mais, pour obtenir ces résul-
tats, il est nécessaire de n'employer que des cautères fortement
chauffés. La première condition est d etancher ou assécher la sur-
face de la plaie. Lorsque la partie est abreuvée de fluides, dix
secondes suffisent pour taire tomber au rouge obscur le cautère
que l'on avait d'abord appliqué au rouge blanc. Aussi, pour peu
que les parties que l'on veut cautériser soient étendues, on doit
avoir plusieurs cautères, que l'on fait chauffer en même temps
dans un réchaud rempli de charbon de bois, dont un aide active
la combustion par le soufflet. Par ce moyen, l'opérateur, substi-
tuant immédiatement un cautère à un autre, ne court pas le
risque, en interrompant à plusieurs reprises son opération, de
causer au malade des douleurs inutiles. Pendant l'action d'un
cautère, les tissus se crispent violemment et sont immédiatement
convertis en escharres ; les liquides se décomposent ou se volati-
lisent, et absorbent, pour passer à l'état gazeux, une très grande
quantité de la chaleur appliquée. A mesure que le cautère dimi-
nue de température, l'opérateur doit exercer une moindre pres-
sion sur les parties, dans la crainte que, par leur dessiccation, les
portions déjà torréfiées n'adhèrent au métal, et ne soient arra-
chées avec violence en enlevant l'instrument, accident qui, in-
dépendamment de la douleur, pourrait donner lieu à une hé-
morrhagie. Si du sang fourni par des vaisseaux capillaires
s'écoulait abondamment pendant l'opération, on devrait l'é-
tancher avec rapidité avant de cautériser la surface d'où il
provient.
La cautérisation inhérente, par cela même qu'elle amène la
destruction des tissus, est celle qui correspond aux indications
les plus variées, et dont on se sert dans le plus grand nombre de
maladies, caries, fongus, pourriture d'hôpital, hémorrhagies
profondes, etc. On y emploie toutes les variétés de cautères.
Précautions à prendre. Dans l'application du feu, on doit évi-
ter autant que possible de porter le cautère sur le trajet connu
des nerfs et des artères d'un certain volume et sur les saillies ten-
dineuses ou osseuses, hors le cas où ce sont les os cariés eux-
mêmes qu'il s'agit de cautériser. Enfin, toutes les fois que le cau-
tère actuel doit pénétrer dans le voisinage ou au travers de par-
ties qu'il importe d'épargner ou qu'il est inutile d'intéresser, on
a recours, pour préserver ces parties, à des canules de feutre ou
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rieure a une forme appropriée au genre de cautérisation que l'on
veut produire; l'autre extrémité est effilée, pour être reçue à
volonté dans un manche en bois. Un trou, qui traverse inférieu-
rement les deux portions dont se compose l'instrument, permet
de les assujettir l'une à l'autre par une vis de pression ; en sorte
qu'un même manche peut servir pour plusieurs cautères. La tige
de l'instrument est coudée supérieurement à angle droit avant la
naissance de l'extrémité cautérisante ; cette disposition permet de
porter plus facilement le cautère dans différentes directions.
Variétés de cautères. Les formes affectées à l'extrémité cauté-
risante ont déterminé les noms que portent les cautères, et qui
se réduisent aux suivants 1 : Cautère en roseau. C'est le seul qui
ne soit point coudé : on s'en sert pour agir à une grande profon-
deur et suivant des trajets droits et peu larges. Cautère olivâtre.
Celui-ci est facile à insinuer dans de petites cavités arrondies,
comme, par exemple, des kystes. Cautère conique. Le sommet
tronqué du cône en est l'extrémité libre. Cet instrument donne
lieu, aux dépens des parties à travers lesquelles il pénètre, à une
perte de substance en rapport avec sa forme ; il convient lorsque
l'action du feu doit s'exercer de la surface externe jusque dans la
profondeur. Cautère cultellaire, hastile ou hastaire. Cette forme est
celle d'une petite hache dont le tranchant très obtus décrit un
quart de cercle ; on s'en sert pour pratiquer des raies de feu ou la
cautérisation transcurrente, et pour attaquer la base de certaines
tumeurs fongueuses facilement saignantes. Cautère nummulaire.
Celui-ci ressemble à un palet ; il sert à cautériser à plat. La face
inférieure, qui doit être appliquée sur les parties, est légèrement
convexe, ce qui en facilite le glissement. La vive-arête du con-
tour de l'instrument est arrondie pour la même raison. Il y a de
ces cautères plats de forme carrée et ovale, mais ils sont moins
employés que les circulaires. Une autre forme de cautère, ima-
ginée par M. Percy, est celle à laquelle il a donné le nom A'annu-
laire : c'est un disque épais, excavé à son centre de manière à
figurer une couronne de trépan. M. Percy l'employait pour la
cautérisation sincipitale. Enfin, diverses formes de cautères ont
été imaginées dans ces derniers temps pour satisfaire à certaines
indications spéciales. (Pl. 17.)
Au reste, quelle que soit Futilité spéciale de chacune des va-
riétés de cautère dans le détail desquelles nous venons d'entrer,
on conçoit que, dans nombre de circonstances, le chirurgien,
n'ayant pas à sa disposition tout ce matériel d'instrumens , doit
apprendre à suppléer les cautères les uns par les autres, et même
à les remplacer à l'occasion par les premiers corps métalliques, fer
ou cuivre, qui se rencontrent par-tout sous la main.
Effets. La cautérisation par le feu détruit immédiatement les
tissus en les carbonisant et donnant lieu au dégagement de di-
vers gaz et vapeurs, comme dans toutes les applications du calo-
rique aux corps combustibles de nature végétale ou animale. Cette
cautérisation, la plus active de toutes, est aussi la plus avantageuse
par la facilité d'en graduer et d'en limiter les effets. Elle convient
dans presque toutes les circonstances où l'on applique les cautères
potentiels, et leur est préférable dans la plupart des cas, mais sur-
tout pour arrêter les progrès de la pourriture d'hôpital et des ca-
ries des os. Son action, ressentie au loin dans la profondeur des
tissus, ranime avec beaucoup d'énergie leurs fonctions vitales.
Intensité de la chaleur. Le degré de température des cautères a
1 Planche 17, fig. 22 à 3i.
T. VI.
beaucoup d'influence sur leur mode d'action. On a coutume d'éva-
luer approximativement cette température par la couleur des
cautères en sortant du feu. Le gris est le degré de chaleur le
moins élevé; puis le rouge obscur, le rouge cerise, le rouge
jaune, enfin le rouge blanc, indiquent la plus grande accumula-
tion du calorique. L'application du feu est d'autant plus doulou-
reuse que la désorganisation des tissus a lieu avec plus de len-
teur, ou, en d'autres termes, que les cautères sont moins chauds.
L'effet inverse est également vrai, que le cautère désorganise avec
d'autant plus de rapidité et fait souffrir d'autant moins le ma-
lade, qu'il est chargé d'une quantité de calorique plus considé-
rable. Le chirurgien ne doit jamais perdre de vue ces données,
afin de pouvoir toujours graduer l'intensité de la chaleur sui-
vant les effets qu'il veut déterminer.
La cautérisation a reçu différens noms, suivant la manière
dont elle s'applique. Nous allons indiquer les principales.
Procédés opératoires.
Cautérisation inhérente. Elle s'effectue par l'application sou-
tenue du cautère sur les parties malades ; elle a pour effet une
désorganisation brusque des tissus. Mais, pour obtenir ces résul-
tats, il est nécessaire de n'employer que des cautères fortement
chauffés. La première condition est d etancher ou assécher la sur-
face de la plaie. Lorsque la partie est abreuvée de fluides, dix
secondes suffisent pour taire tomber au rouge obscur le cautère
que l'on avait d'abord appliqué au rouge blanc. Aussi, pour peu
que les parties que l'on veut cautériser soient étendues, on doit
avoir plusieurs cautères, que l'on fait chauffer en même temps
dans un réchaud rempli de charbon de bois, dont un aide active
la combustion par le soufflet. Par ce moyen, l'opérateur, substi-
tuant immédiatement un cautère à un autre, ne court pas le
risque, en interrompant à plusieurs reprises son opération, de
causer au malade des douleurs inutiles. Pendant l'action d'un
cautère, les tissus se crispent violemment et sont immédiatement
convertis en escharres ; les liquides se décomposent ou se volati-
lisent, et absorbent, pour passer à l'état gazeux, une très grande
quantité de la chaleur appliquée. A mesure que le cautère dimi-
nue de température, l'opérateur doit exercer une moindre pres-
sion sur les parties, dans la crainte que, par leur dessiccation, les
portions déjà torréfiées n'adhèrent au métal, et ne soient arra-
chées avec violence en enlevant l'instrument, accident qui, in-
dépendamment de la douleur, pourrait donner lieu à une hé-
morrhagie. Si du sang fourni par des vaisseaux capillaires
s'écoulait abondamment pendant l'opération, on devrait l'é-
tancher avec rapidité avant de cautériser la surface d'où il
provient.
La cautérisation inhérente, par cela même qu'elle amène la
destruction des tissus, est celle qui correspond aux indications
les plus variées, et dont on se sert dans le plus grand nombre de
maladies, caries, fongus, pourriture d'hôpital, hémorrhagies
profondes, etc. On y emploie toutes les variétés de cautères.
Précautions à prendre. Dans l'application du feu, on doit évi-
ter autant que possible de porter le cautère sur le trajet connu
des nerfs et des artères d'un certain volume et sur les saillies ten-
dineuses ou osseuses, hors le cas où ce sont les os cariés eux-
mêmes qu'il s'agit de cautériser. Enfin, toutes les fois que le cau-
tère actuel doit pénétrer dans le voisinage ou au travers de par-
ties qu'il importe d'épargner ou qu'il est inutile d'intéresser, on
a recours, pour préserver ces parties, à des canules de feutre ou
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