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OPÉRATIONS ÉLÉMENTAIRES.
carton imprégnées de charbon en poudre et trempées dans une
solution d'alun ou de sel marin. Ces canules, que l'on insinue
dans les plaies, étant formées de corps non conducteurs, isolent
les parties du contact de la chaleur, et permettent par leur cavité
l'introduction de l'instrument cautérisant. On peut les remplacer
au besoin par un linge formé de plusieurs doubles, disposé cir-
culairement et mouillé dans une solution saline.
Accidens consécutifs. L'intensité des accidens qui suivent les
grandes cautérisations est proportionnée à l'étendue, à la profon-
deur, à l'importance et au degré de sensibilité des parties inté-
ressées : une fièvre générale avec ou sans symptômes nerveux et
un gonflement inflammatoire dans le lieu malade se développent
dans les premiers temps; plus tard, à la chute des escharres, sur-
viennent d'abondantes suppurations et parfois des hémorrhagies
consécutives; il n'est pas rare qu'il se manifeste à une époque
quelconque une irritation sympathique d'un ou de plusieurs vis-
cères. On combat ces divers accidens par les moyens appro-
priés.
Cautérisation transcurrente. On la pratique au moyen du
cautère hastile chauffé au rouge cerise. Elle consiste à promener
avec rapidité l'instrument sur la surface de la peau, en formant
des raies parallèles entre elles, et assez écartées pour que la cau-
térisation , qui doit affecter toute l'épaisseur du derme, ne conver-
tisse pas en une escharre commune toute la portion de peau coin-
prise entre deux raies. Ce mode d'emploi du calorique est très
douloureux; on réitère l'application du cautère, si l'on pense
que la première impression soit insuffisante. C'est à cette forme
de cautérisation que s'adresse plus particulièrement le cautère bi-
cultellaire de M. Mayor, qui abrège la douleur en doublant l'effet
produit. Après l'opération, les raies tracées par l'instrument sont
brunes, et les languettes de peau intermédiaires jaunâtres. Les
escharres, étroites et minces, se détachent du douzième au quin-
zième jour; elles laissent à nu des ulcérations longitudinales qui
suppurent pendant un laps de temps dont la durée excède rare-
ment trois semaines ou un mois. Le pansement, dans les premiers
jours, se composera de compresses imbibées de liqueurs exci-
tantes, pour entretenir l'irritation artificielle déterminée par la
cautérisation ; pour ce qui est de l'inflammation éliminatoire et
de la chute des escharres, on se conduira comme il a déjà été dit
à propos des exutoires.
On emploie la cautérisation transcurrente sur les parties affec-
tées d'inflammations chroniques, telles que les tumeurs blanches
articulaires produites par une cause de nature scrophuleuse ou
rhumatismale; on s'en sert également dans les hydarthroses, les
névralgies, lesengorgemenslymphatiques, etc.; en un mot, dans
tous les cas où il s'agit de rappeler la tonicité et d'activer la circu-
lation capillaire dans les tissus. On voit que, par ses usages
comme par son mode d'application, la cautérisation transcur-
rente a la plus grande analogie avec le moxa.
Cautérisation objective. Elle consiste dans l'application , à
une certaine distance d'une partie malade, d'un charbon ardent
ou d'un corps métallique fortement chauffé. Le prompt refroidis-
sement à l'air d'un charbon isolé fait que l'emploi du dernier
moyen est de beaucoup préférable. Le cautère, ou le corps qui
en fait office, est tenu ordinairement à un pouce de la partie
affectée : son éloignement, du reste, doit être proportionné à
l'élévation de sa température; car l'objet qu'on se propose uni-
quement dans cette opération est de ranimer les fonctions vitales
par l'excitation imprimée à la circulation capillaire, sans donner
lieu à aucune désorganisation de tissus : en sorte que c'est impro-
prement , et seulement en raison de l'agent thérapeutique dont
on a fait usage, que cette opération a reçu le nom de cautérisa-
tion. L'effet produit par la chaleur doit être une turgescence avec
rougeur déterminée par l'afflux du sang et une douleur un peu
vive. Cette excitation artificielle doit avoir été portée assez loin
pour déterminer une congestion érythémateuse qui persiste
pendant plusieurs jours après l'opération. Dès que la circulation
capillaire est retombée dans son premier état d'atonie, on doit
avoir recours à une nouvelle cautérisation ; on recommence ainsi
à plusieurs fois , de manière à produire sur les tissus, par une
série d'excitations successives, et sans causer d'ulcération, des
effets analogues à ceux de l'inflammation permanente, qui est
le résultat de la cautérisation transcurrente.
La cautérisation objective convient dans les mêmes cas que la
précédente , mais de préférence lorsqu'on peut se dispenser de
produire des effets aussi violons. Indépendamment des affec-
tions scrophuleuses et des engorgemens chroniques, on s'en est
servi pour ranimer des ulcères atoniques chez les vieillards, et
pour donner lieu à une suppuration de bonne nature dans des cas
d'abcès froids. On en a également fait usage pour obtenir, par
la constriction que détermine le calorique, la réduction des her-
nies intestinales, des chutes du rectum et de la matrice; pour ar-
rêter des hémorrhagies nasales et hémorrhoïdaires, etc. Mais,
outre l'incertitude du résultat thérapeutique, nous n'oserions,
dans des cas de cette nature, conseiller l'emploi de la chaleur,
qui, sur des surfaces aussi sensibles que les membranes mu-
queuses, peut causer des irritations plus dangereuses que les
maladies que l'on aurait voulu guérir.
11 suffit de mentionner la cautérisation par les rayons solaires,
ce moyen , très douloureux, ne produisant aucun effet que l'on
ne puisse obtenir plus fidèlement de toute autre manière. Enfin,
celle que l'on pratique avec des liquides ne s'emploie guère que
comme moyen de vésication.
COMPRESSION.
La compression est cette action chirurgicale par laquelle on
opère sur les tissus, à l'aide de divers moyens mécaniques, une
pression dont l'objet répond , suivant les circonstances, à des
indications très variées.
Direction et mode d'action. La compression s'exerce en divers
sens. i° De dehors en dedans ou de la circonférence vers le centre.
Le mode concentrique, le plus usité, est celui auquel est réservé le
nom de compression proprement dite. 2° De dedans en dehors ou
du centre vers la circonférence. Cette compression excentrique con-
stitue en chirurgie la dilatation.
Objet de la compression. La compression, dans ces deux modes,
s'emploie pour satisfaire à diverses indications : pour contenir
ou soutenir les parties, exprimer les fluides qu'elles contiennent,
en gêner ou en empêcher la stase ou même la circulation ; pour
en amener l'affaissement ou l'atrophie; ce qui revient à dire,
d'une manière générale, que, quel que soit son objet, la com-
pression agit toujours par aplatissement, et sera dautant plus
efficace que le lieu où elle s'exerce offrira, ou permettra de faire
intervenir, un point d'appui plus étendu et plus solide.
OPÉRATIONS ÉLÉMENTAIRES.
carton imprégnées de charbon en poudre et trempées dans une
solution d'alun ou de sel marin. Ces canules, que l'on insinue
dans les plaies, étant formées de corps non conducteurs, isolent
les parties du contact de la chaleur, et permettent par leur cavité
l'introduction de l'instrument cautérisant. On peut les remplacer
au besoin par un linge formé de plusieurs doubles, disposé cir-
culairement et mouillé dans une solution saline.
Accidens consécutifs. L'intensité des accidens qui suivent les
grandes cautérisations est proportionnée à l'étendue, à la profon-
deur, à l'importance et au degré de sensibilité des parties inté-
ressées : une fièvre générale avec ou sans symptômes nerveux et
un gonflement inflammatoire dans le lieu malade se développent
dans les premiers temps; plus tard, à la chute des escharres, sur-
viennent d'abondantes suppurations et parfois des hémorrhagies
consécutives; il n'est pas rare qu'il se manifeste à une époque
quelconque une irritation sympathique d'un ou de plusieurs vis-
cères. On combat ces divers accidens par les moyens appro-
priés.
Cautérisation transcurrente. On la pratique au moyen du
cautère hastile chauffé au rouge cerise. Elle consiste à promener
avec rapidité l'instrument sur la surface de la peau, en formant
des raies parallèles entre elles, et assez écartées pour que la cau-
térisation , qui doit affecter toute l'épaisseur du derme, ne conver-
tisse pas en une escharre commune toute la portion de peau coin-
prise entre deux raies. Ce mode d'emploi du calorique est très
douloureux; on réitère l'application du cautère, si l'on pense
que la première impression soit insuffisante. C'est à cette forme
de cautérisation que s'adresse plus particulièrement le cautère bi-
cultellaire de M. Mayor, qui abrège la douleur en doublant l'effet
produit. Après l'opération, les raies tracées par l'instrument sont
brunes, et les languettes de peau intermédiaires jaunâtres. Les
escharres, étroites et minces, se détachent du douzième au quin-
zième jour; elles laissent à nu des ulcérations longitudinales qui
suppurent pendant un laps de temps dont la durée excède rare-
ment trois semaines ou un mois. Le pansement, dans les premiers
jours, se composera de compresses imbibées de liqueurs exci-
tantes, pour entretenir l'irritation artificielle déterminée par la
cautérisation ; pour ce qui est de l'inflammation éliminatoire et
de la chute des escharres, on se conduira comme il a déjà été dit
à propos des exutoires.
On emploie la cautérisation transcurrente sur les parties affec-
tées d'inflammations chroniques, telles que les tumeurs blanches
articulaires produites par une cause de nature scrophuleuse ou
rhumatismale; on s'en sert également dans les hydarthroses, les
névralgies, lesengorgemenslymphatiques, etc.; en un mot, dans
tous les cas où il s'agit de rappeler la tonicité et d'activer la circu-
lation capillaire dans les tissus. On voit que, par ses usages
comme par son mode d'application, la cautérisation transcur-
rente a la plus grande analogie avec le moxa.
Cautérisation objective. Elle consiste dans l'application , à
une certaine distance d'une partie malade, d'un charbon ardent
ou d'un corps métallique fortement chauffé. Le prompt refroidis-
sement à l'air d'un charbon isolé fait que l'emploi du dernier
moyen est de beaucoup préférable. Le cautère, ou le corps qui
en fait office, est tenu ordinairement à un pouce de la partie
affectée : son éloignement, du reste, doit être proportionné à
l'élévation de sa température; car l'objet qu'on se propose uni-
quement dans cette opération est de ranimer les fonctions vitales
par l'excitation imprimée à la circulation capillaire, sans donner
lieu à aucune désorganisation de tissus : en sorte que c'est impro-
prement , et seulement en raison de l'agent thérapeutique dont
on a fait usage, que cette opération a reçu le nom de cautérisa-
tion. L'effet produit par la chaleur doit être une turgescence avec
rougeur déterminée par l'afflux du sang et une douleur un peu
vive. Cette excitation artificielle doit avoir été portée assez loin
pour déterminer une congestion érythémateuse qui persiste
pendant plusieurs jours après l'opération. Dès que la circulation
capillaire est retombée dans son premier état d'atonie, on doit
avoir recours à une nouvelle cautérisation ; on recommence ainsi
à plusieurs fois , de manière à produire sur les tissus, par une
série d'excitations successives, et sans causer d'ulcération, des
effets analogues à ceux de l'inflammation permanente, qui est
le résultat de la cautérisation transcurrente.
La cautérisation objective convient dans les mêmes cas que la
précédente , mais de préférence lorsqu'on peut se dispenser de
produire des effets aussi violons. Indépendamment des affec-
tions scrophuleuses et des engorgemens chroniques, on s'en est
servi pour ranimer des ulcères atoniques chez les vieillards, et
pour donner lieu à une suppuration de bonne nature dans des cas
d'abcès froids. On en a également fait usage pour obtenir, par
la constriction que détermine le calorique, la réduction des her-
nies intestinales, des chutes du rectum et de la matrice; pour ar-
rêter des hémorrhagies nasales et hémorrhoïdaires, etc. Mais,
outre l'incertitude du résultat thérapeutique, nous n'oserions,
dans des cas de cette nature, conseiller l'emploi de la chaleur,
qui, sur des surfaces aussi sensibles que les membranes mu-
queuses, peut causer des irritations plus dangereuses que les
maladies que l'on aurait voulu guérir.
11 suffit de mentionner la cautérisation par les rayons solaires,
ce moyen , très douloureux, ne produisant aucun effet que l'on
ne puisse obtenir plus fidèlement de toute autre manière. Enfin,
celle que l'on pratique avec des liquides ne s'emploie guère que
comme moyen de vésication.
COMPRESSION.
La compression est cette action chirurgicale par laquelle on
opère sur les tissus, à l'aide de divers moyens mécaniques, une
pression dont l'objet répond , suivant les circonstances, à des
indications très variées.
Direction et mode d'action. La compression s'exerce en divers
sens. i° De dehors en dedans ou de la circonférence vers le centre.
Le mode concentrique, le plus usité, est celui auquel est réservé le
nom de compression proprement dite. 2° De dedans en dehors ou
du centre vers la circonférence. Cette compression excentrique con-
stitue en chirurgie la dilatation.
Objet de la compression. La compression, dans ces deux modes,
s'emploie pour satisfaire à diverses indications : pour contenir
ou soutenir les parties, exprimer les fluides qu'elles contiennent,
en gêner ou en empêcher la stase ou même la circulation ; pour
en amener l'affaissement ou l'atrophie; ce qui revient à dire,
d'une manière générale, que, quel que soit son objet, la com-
pression agit toujours par aplatissement, et sera dautant plus
efficace que le lieu où elle s'exerce offrira, ou permettra de faire
intervenir, un point d'appui plus étendu et plus solide.