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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Hrsg.]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 6, Text): Médecine opératoire — Paris, 1837

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https://doi.org/10.11588/diglit.18363#0196
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188

OPÉRATIONS GÉNÉRALES.

concernant des corps de forme et de nature très variées. Dionis,
Ravaton, Bagieu , Percy, Larrey ont rencontré des balles et des
biscaïens encastrés depuis longues années dans l'épaisseur des
parties molles. Nous avons vu fréquemment Dupuytren extraire
des épines, des éclats de bois, des esquilles, fichés depuis long-
temps entre les muscles et les tendons, et qui pendant long-
temps n'avaient point gêné les mouvemens. M. Velpeau a retiré
de l'éminence thénar un fragment de verre après treize mois,
un morceau de bois après dix-sept mois, et du jarret une balle
qui y avait séjourné vingt-cinq ans; presque tous?les^chirur-
giens ont rencontré des faits semblables. Enfin il n'est pas rare
de rencontrer des projectiles anciennement encastrés dans les
os; Deschamps a extrait une balle dans le fémur, M. Dujaric-
Lasserve en a trouvé deux dans le sternum : il y en a, au musée
de la Faculté, dans un tibia et un os des iles dont nous avons
donné les figures (pl. 49, %• 2 et 3).

Au point de vue opératoire, les corps étrangers se distinguent,
suivant leurs formes et leurs dimensions, en deux ordres. i° Les
uns arrondis, cuboïdes ou pelotonnés, fichés dans les tissus, ne
laissent aucune prise à l'extérieur : tels sont divers projectiles
lancés par les armes à feu, les balles, lingots, menu plomb,
bourres de fusil, fragmens de vêtemens, etc. 20 Les autres, d'une
forme allongée, peuvent être saisis par l'une de leurs extrémités :
tels sont un éclat de bois ou de toute autre substance, une lame
métallique, etc. Nous avons à indiquer les procédés d'ex-
traction des corps étrangers engagés dans les os ou dans les
chairs, pour les membres ou les parois du tronc; quant à ceux
qui ont pénétré dans les cavités splanchniques, il en sera traité
dans les opérations spéciales.

PROCÉDÉS D'EXTRACTION.

En précepte général, excepté le cas où le corps à extraire of-
fre suffisamment de prise à l'extérieur pour agir avec aisance
et sûreté, il est essentiel d'élargir la plaie dans une étendue suf-
fisante pour permettre l'usage des instrumens. En outre, quand
le corps étranger, de forme irrégulière, est fiché ou arc-bouté
dans les tissus et recouvert ou bridé de manière à ne pouvoir
être extrait en entier sans causer des déchirures, il est utile de
débrider avec ménagement, de manière à l'enlever sans causer
de dilacération. Enfin si, par la situation et la direction de la
plaie, on peut supposer qu'une artère a été lésée, de sorte qu'a-
près l'extraction d'un corps étranger d'un certain volume il y
ait lieu de craindre une hémorragie, on doit préalablement faire
exercer la compression sur le tronc principal.

Extraction des corps étrangers saillans à l'extérieur,

Quand une lame d'acier ou un éclat de bois, facile à saisir au
dehors, n'est enfoncé que dans les chairs, on l'extrait avec les
doigts ou avec de fortes pinces. Si l'effort doit être considéra-
ble, pour empêcher les pinces de glisser on en garnit les mors
avec du linge.

Si une tige métallique est enfoncée dans un os, trois cas se
présentent. i° Ou bien elle offre une large prise à l'extérieur;
on la saisit alors avec des tenailles de maréchal et on tire avec
force dans la direction de son axe, en faisant fixer et contenir la
partie malade par des aides ou, si l'on est seul, en la repoussant
soi-même avec le genou ou le pied. 20 Ou bien la lame est brisée
sur l'os; on la saisit alors avec un tire-fond analogue à l'instru-
ment dont on se sert pour déboucher les bouteilles, et dont la

vis de rappel exerce sans secousse une traction très puissante.
3° Ou enfin la lame n'offre aucune prise; restent alors deux res-
sources : soit d'enlever, par une couronne de trépan, la portion
d'os qui renferme le corps étranger; soit, ce qui vaut presque
toujours mieux, d'attendre, douze ou quinze jours, que lin-
flammation , ayant amolli le tissu , rende l'extraction plus fa-
cile.

Extraction des corps autres que les projectiles non saillans à l'ex-
térieur.

Les éclats de bois, les morceaux de verre, de fer ou de tous
métaux, les esquilles d'os, etc., doivent être retirés aussitôt que
possible par la plaie qu'ils ont faite en entrant, et suivant la di-
rection inverse à celle qu'ils ont suivie. On les saisit avec des
pinces à mors plats, graduées suivant leur volume, pinces fines,
pinces à anneaux ou pinces à polypes. Si l'accident est ancien et
la plaie cicatrisée, on incise en regard du point le plus rapproché
en se guidant, pour éviter tout danger, sur les données anatomi-
ques qui concernent la région où l'on agit. Parvenu sur le corps
étranger, on débride au besoin et on pratique l'extraction avec
les pinces.

Extraction des projectiles.

L'extraction des projectiles, biscaïens, balles, chevrotines, etc.,
demande beaucoup d'attention. Ordinairement l'espèce du pro-
jectile est connue d'avance, mais il est rare qu'il soit seul à ex-
traire. Le plus souvent il a chassé devant lui des portions des
vêtemens superposés, drap, linge, etc., et souvent aussi son
choc a détaché, sur le trajet de la plaie, des esquilles d'os. Ces
diverses considérations doivent être présentes à l'esprit du chi-
rurgien pour être certain de tout extraire.

Instrumens. L'extraction des corps étrangers ordinaires et celle
des projectiles ont fait imaginer de tout temps aux chirurgiens
une foule d instrumens. Guy de Chauliac, A. Paré, Fabrice
d'Aquapendente, donnent les dessins de tarières ou de pinces
en bec de cane, bec de grue, de tire-fonds, de perforalifs. L'Ar-
mentarium de Scultet en est rempli. Percy nous a légué ses
pinces, son bec-de-cuiller et son tire-fond qu'il a réunis en un
seul instrument, le tribulcon. Aujourd'hui on se restreint aux
pinces à polypes, à cuillers fenêtrées ; la meilleure est celle de
M. Charrière (pl. 19, fig. 3), dont les mors, qui s'écartent
parallèlement, permettent d'agir dans des espaces étroits. On y
joint le trépan perforatif et à couronne, ou les divers ostéotomes
pour dégager les corps étrangers encastrés dans les os.

Règlesgénérales. 10 S'assurer de la position de la balle ou du pro-
jectile quel qu'il soit. S'il fait saillie sous la peau ou que du moins
on le sente à peu de distance au toucher, et qu'il y ait trop loin de
ce point à son orifice d'entrée, c'est dans ce lieu même où il se
présente qu'il convient d'inciser, sauf toutes les précautions que
commande la composition anatomique des parties. Si, au con-
traire, sa position est ignorée, sonder avec soin le trajet de la
plaie avec un stylet boutonné, une sonde ou une algalie flexible
si le trajet est multiple ou sinueux. Dans le cas où on ne trouve
pas le projectile, ne point se rebuter, s'informer de toutes les cir-
constances de la blessure, et, par le calcul, en tenant compte de la
résistance causée par les os ou les tissus fibreux, de la direction
variée ou quelquefois très bizarre qu'ils ont pu imprimer au pro-
 
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