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OPÉRATIONS GÉNÉRALES.
et ovalairc. i° Procédé à un lambeau externe. M. Velpeau con-
seille, écartant l'orteil en dehors avec le bistouri tenu verti-
calement, son tranchant en haut, d'entrer en plein, par la
commissure interdigitale, dans l'espace inter-osseux jusqu'à l'ar-
ticulation postérieure des deux métatarsiens ; écarter l'os en
dehors, diviser les ligamens inter-osseux et dorsaux, luxer la
double articulation métatarso-cuboïdienne, et ressortir en con-
tournant l apophysc externe pour tailler un lambeau externe
prolongé jusqu'un peu au delà de l'articulation métatarso-pha-
langienne. La difficulté est ici de franchir le tubercule postérieur
de l'os sans mâcher et taillader les chairs. — 2° Procédé ovalairc
(pl. 81, fig. 4)- Le tubercule du cinquième métatarsien étant
reconnu, à partir de cinq millimètres plus en arrière commencer
une incision oblique dirigée le long du bord interne pour le
pied gauche, et sur la face dorsale pour le pied droit, vers la
rainure de flexion du cinquième orteil, la continuer dans le
pli cutané, puis, comme il a été dit pour le pouce, l'amener au
point de départ par la face dorsale pour le pied gauche, ou par
le bord interne pour le pied droit; isoler l'os sur les faces plan-
taire et inter-osseusc et la peau sur la face interne, désarticuler
comme il a été dit ci-dessus, et ressortir en contournant le tu-
bercule et coupant le tendon du court péronier latéral. Ce
procédé n'est peut-être pas aussi rapide que l'autre; mais il
est certes plus facile, et surtout donne un meilleur résultat.
imputation de deux os métatarsiens.
Béclard, pour l'amputation de deux os métatarsiens inter-
médiaires, soit le deuxième et le troisième, soit le troisième et le
quatrième, conseille, à partir de quelques millimètres en avant
des articulations postérieures, de diriger une incision oblique
vers l'une des commissures interdigitales, de contourner là
rainure de flexion des deux orteils, et de remonter de l'autre
côté vers le point de départ. Ce n'est, comme on le voit, que la
méthode ovalairc appliquée à deux métatarsiens au lieu d'un
seul. Ce qu'il ajoute, de faire, à partir de l'angle de départ,
deux petites incisions latérales inclinées suivant la direction
des lignes articulaires tarsiennes, de manière à former deux
lambeaux écartés qui permettent de luxer les têtes des os, doit
être modifié suivant ceux des métatarsiens que l'on emporte.
/Imputation du métatarse en totalité.
La désarticulation du métatarse, présentée en 181 5 comme
une opération nouvelle par MM. Lisfranc et Villermé, a été
pratiquée néanmoins un assez grand nombre de fois dans le
siècle dernier, et peut-être remonte encore beaucoup plus loin.
Garengeot, qui en parle, signale ses avantages, mais reconnaît
que les sinuosités articulaires la rendent dune manœuvre très
difficile. Leblanc ne fait que la mentionner d'après plusieurs
observateurs; Vigaroux, en 1764, est jusqu'à présent le premici-
que l'on sache l'avoir positivement pratiquée sur le pied gauche
d'un malade. Depuis on la voit opérée en Angleterre par Tur-
ner (1787); en France par Percy (1789), Larrey (1793). Elle
est décrite par M. C. Petit dans une thèse en 1802; enfin on
la retrouve encore pratiquée avec succès par M. A. Blandin
(i8o3), Berchu ( 1814) 1 etc. Quoi qu'il en soit, l'opération de
MM. Lisfranc et Villermé fut accueillie avec faveur comme enri-
chissant l'art d'un procédé qui permettait de conserver pour
la station, de plus que celui de Chopart, toute la seconde rangée
du tarse avec les insertions des muscles qui relèvent les bords
du pied. Aujourd'hui cette amputation, perfectionnée parM.lIcy
et surtout par M. Lisfranc, est restée comme une bonne acquisi-
tion à la chirurgie, mais a néanmoins perdu de son importance
depuis l'adoption du précepte établi dans le siècle dernier, par
Laroche, de conserver tout ce que l'on peut de la longueur du
pied. Ce précepte, formulé récemment par M. Mayor, qui veut
que dans les amputations on coupe à toute longueur le pied,
considéré comme un seul os, en faisant accepter l'amputation
du métatarse dans la continuité, a restreint la désarticulation
tarso-métatarsienne aux cas où les têtes des os elles-mêmes ne
peuvent être conservées.
Analomie. Formée par la juxta position des trois cunéiformes
et du cuboïde pour une surface, avec les cinq os métatarsiens
pour l'autre surface, cette articulation, dans son ensemble, forme
une ligne courbe, oblique de dedans en dehors, où le grand
cunéiforme proémine, sur le côté interne, de vingt millimètres
(10 lignes environ) au-devant de la facette externe du cuboïde.
Dans sa longueur, cette ligne, décomposée en articulations par-
tielles, est extrêmement sinueuse. Au sommet,le deuxième méta-
tarsien est reçu dans une échancrureentre les trois cunéiformes;
le grand cunéiforme proéminc de six à huit millimètres au-
devant, et le moyen de deux millimètres seulement : à trois
millimètres en arrière de ce dernier, sur une ligne qui continue
celle du petit cunéiforme, se trouve la double articulation mé-
tatarsienne du cuboïde. Quant aux moyens de fixité': à la face
dorsale les cunéiformes et le cuboïde ne sont unis aux méta-
tarsiens que par de courts ligamens dorsaux dont la section
avec celle de la capsule interne permet facilement la luxation
favorisée déjà par la courbure des os, tandis qu'à la face plan-
taire l'appareil ligamenteux très complexe et à deux plans
superposés, formés par les ligamens transverses et inter-osseux
et par les expansions du ligament calcanéo-cuboïdien et mé-
tatarsien , constitue un obstacle à la désarticulation, qui force
à faire de leur section un temps précis. Enfin, comme dernier
renseignement, il est bon de préciser le moyen de reconnaître
le plan intcr-articulairc sur les deux bords du pied : pour le
côté interne, en remontant le long du métatarsien, on sentie
tubercule de cet os et au delà celui du cunéiforme; dans l'en-
foncement moyen est la ligne articulaire. Ce point doit être de
vingt millimètres environ en avant de la saillie du cinquième
métatarsien. Sur le côté externe, rien de plus simple «pic de
reconnaître le tubercule du cinquième métatarsien; l'extrémité
du plan articulaire sur le bord interne est à six ou huit milli-
mètres en dedans et deux millimètres plus en avant. v
Procédé de M. Lisfranc (à un lambeau plantaire; pl. 80, fig. 3,
4, 5). Le malade couché en supination, la jambe dcmi-flcchie et
le pied fixé par un aide' au-dessus des malléoles pendantes au
dehors du lit, le chirurgien, armé d'un couteau droit, se place
en face du membre à opérer. Pied gauche. i° La plante du pied
saisie dans la paume de la main gauche, le pouce appliqué sur
le rebord saillant du premier métatarsien à quelques milli-
mètres au-devant de son articulation cunéenne, l'indicateur
posé sur le tubercule du cinquième métatarsien de manière à
déterminer, par la position de ces doigts, le point de départ des
articulations sur les deux bords, et leur succession en travers :
pratiquer sur la face dorsale du pied de dedans en dehors, à
douze millimètres au-devant de la ligne articulaire, une inci-
sion semi-lunaire, à convexité antérieure, qui divise la peau et
les tendons extenseurs et ne s'arrête partout que sur les os;
OPÉRATIONS GÉNÉRALES.
et ovalairc. i° Procédé à un lambeau externe. M. Velpeau con-
seille, écartant l'orteil en dehors avec le bistouri tenu verti-
calement, son tranchant en haut, d'entrer en plein, par la
commissure interdigitale, dans l'espace inter-osseux jusqu'à l'ar-
ticulation postérieure des deux métatarsiens ; écarter l'os en
dehors, diviser les ligamens inter-osseux et dorsaux, luxer la
double articulation métatarso-cuboïdienne, et ressortir en con-
tournant l apophysc externe pour tailler un lambeau externe
prolongé jusqu'un peu au delà de l'articulation métatarso-pha-
langienne. La difficulté est ici de franchir le tubercule postérieur
de l'os sans mâcher et taillader les chairs. — 2° Procédé ovalairc
(pl. 81, fig. 4)- Le tubercule du cinquième métatarsien étant
reconnu, à partir de cinq millimètres plus en arrière commencer
une incision oblique dirigée le long du bord interne pour le
pied gauche, et sur la face dorsale pour le pied droit, vers la
rainure de flexion du cinquième orteil, la continuer dans le
pli cutané, puis, comme il a été dit pour le pouce, l'amener au
point de départ par la face dorsale pour le pied gauche, ou par
le bord interne pour le pied droit; isoler l'os sur les faces plan-
taire et inter-osseusc et la peau sur la face interne, désarticuler
comme il a été dit ci-dessus, et ressortir en contournant le tu-
bercule et coupant le tendon du court péronier latéral. Ce
procédé n'est peut-être pas aussi rapide que l'autre; mais il
est certes plus facile, et surtout donne un meilleur résultat.
imputation de deux os métatarsiens.
Béclard, pour l'amputation de deux os métatarsiens inter-
médiaires, soit le deuxième et le troisième, soit le troisième et le
quatrième, conseille, à partir de quelques millimètres en avant
des articulations postérieures, de diriger une incision oblique
vers l'une des commissures interdigitales, de contourner là
rainure de flexion des deux orteils, et de remonter de l'autre
côté vers le point de départ. Ce n'est, comme on le voit, que la
méthode ovalairc appliquée à deux métatarsiens au lieu d'un
seul. Ce qu'il ajoute, de faire, à partir de l'angle de départ,
deux petites incisions latérales inclinées suivant la direction
des lignes articulaires tarsiennes, de manière à former deux
lambeaux écartés qui permettent de luxer les têtes des os, doit
être modifié suivant ceux des métatarsiens que l'on emporte.
/Imputation du métatarse en totalité.
La désarticulation du métatarse, présentée en 181 5 comme
une opération nouvelle par MM. Lisfranc et Villermé, a été
pratiquée néanmoins un assez grand nombre de fois dans le
siècle dernier, et peut-être remonte encore beaucoup plus loin.
Garengeot, qui en parle, signale ses avantages, mais reconnaît
que les sinuosités articulaires la rendent dune manœuvre très
difficile. Leblanc ne fait que la mentionner d'après plusieurs
observateurs; Vigaroux, en 1764, est jusqu'à présent le premici-
que l'on sache l'avoir positivement pratiquée sur le pied gauche
d'un malade. Depuis on la voit opérée en Angleterre par Tur-
ner (1787); en France par Percy (1789), Larrey (1793). Elle
est décrite par M. C. Petit dans une thèse en 1802; enfin on
la retrouve encore pratiquée avec succès par M. A. Blandin
(i8o3), Berchu ( 1814) 1 etc. Quoi qu'il en soit, l'opération de
MM. Lisfranc et Villermé fut accueillie avec faveur comme enri-
chissant l'art d'un procédé qui permettait de conserver pour
la station, de plus que celui de Chopart, toute la seconde rangée
du tarse avec les insertions des muscles qui relèvent les bords
du pied. Aujourd'hui cette amputation, perfectionnée parM.lIcy
et surtout par M. Lisfranc, est restée comme une bonne acquisi-
tion à la chirurgie, mais a néanmoins perdu de son importance
depuis l'adoption du précepte établi dans le siècle dernier, par
Laroche, de conserver tout ce que l'on peut de la longueur du
pied. Ce précepte, formulé récemment par M. Mayor, qui veut
que dans les amputations on coupe à toute longueur le pied,
considéré comme un seul os, en faisant accepter l'amputation
du métatarse dans la continuité, a restreint la désarticulation
tarso-métatarsienne aux cas où les têtes des os elles-mêmes ne
peuvent être conservées.
Analomie. Formée par la juxta position des trois cunéiformes
et du cuboïde pour une surface, avec les cinq os métatarsiens
pour l'autre surface, cette articulation, dans son ensemble, forme
une ligne courbe, oblique de dedans en dehors, où le grand
cunéiforme proémine, sur le côté interne, de vingt millimètres
(10 lignes environ) au-devant de la facette externe du cuboïde.
Dans sa longueur, cette ligne, décomposée en articulations par-
tielles, est extrêmement sinueuse. Au sommet,le deuxième méta-
tarsien est reçu dans une échancrureentre les trois cunéiformes;
le grand cunéiforme proéminc de six à huit millimètres au-
devant, et le moyen de deux millimètres seulement : à trois
millimètres en arrière de ce dernier, sur une ligne qui continue
celle du petit cunéiforme, se trouve la double articulation mé-
tatarsienne du cuboïde. Quant aux moyens de fixité': à la face
dorsale les cunéiformes et le cuboïde ne sont unis aux méta-
tarsiens que par de courts ligamens dorsaux dont la section
avec celle de la capsule interne permet facilement la luxation
favorisée déjà par la courbure des os, tandis qu'à la face plan-
taire l'appareil ligamenteux très complexe et à deux plans
superposés, formés par les ligamens transverses et inter-osseux
et par les expansions du ligament calcanéo-cuboïdien et mé-
tatarsien , constitue un obstacle à la désarticulation, qui force
à faire de leur section un temps précis. Enfin, comme dernier
renseignement, il est bon de préciser le moyen de reconnaître
le plan intcr-articulairc sur les deux bords du pied : pour le
côté interne, en remontant le long du métatarsien, on sentie
tubercule de cet os et au delà celui du cunéiforme; dans l'en-
foncement moyen est la ligne articulaire. Ce point doit être de
vingt millimètres environ en avant de la saillie du cinquième
métatarsien. Sur le côté externe, rien de plus simple «pic de
reconnaître le tubercule du cinquième métatarsien; l'extrémité
du plan articulaire sur le bord interne est à six ou huit milli-
mètres en dedans et deux millimètres plus en avant. v
Procédé de M. Lisfranc (à un lambeau plantaire; pl. 80, fig. 3,
4, 5). Le malade couché en supination, la jambe dcmi-flcchie et
le pied fixé par un aide' au-dessus des malléoles pendantes au
dehors du lit, le chirurgien, armé d'un couteau droit, se place
en face du membre à opérer. Pied gauche. i° La plante du pied
saisie dans la paume de la main gauche, le pouce appliqué sur
le rebord saillant du premier métatarsien à quelques milli-
mètres au-devant de son articulation cunéenne, l'indicateur
posé sur le tubercule du cinquième métatarsien de manière à
déterminer, par la position de ces doigts, le point de départ des
articulations sur les deux bords, et leur succession en travers :
pratiquer sur la face dorsale du pied de dedans en dehors, à
douze millimètres au-devant de la ligne articulaire, une inci-
sion semi-lunaire, à convexité antérieure, qui divise la peau et
les tendons extenseurs et ne s'arrête partout que sur les os;