MALADIES DES PAUPIÈRES.
15
Tumeurs cancéreuses. On ne peut considérer ici, par rap-
port aux paupières, que les boutons cancroïdes commençans et
de peu d'étendue, le cancer, une fois qu'il a envahi en surface et
en profondeur, réclamant l'extirpation de l'œil en entier. La vive
sensibilité de l'œil ne permettant pas d'employer la pâte arseni-
cale, les boutons cancroïdes des paupières ne peuvent être enlevés
que par l'excision. Si la maladie, de quelques millimètres d'éten-
due, est tout-à-fait superficielle et bornée à la peau, on peut la
soulever dans un pli et l'enlever d'un seul coup, par excision,
avec le bistouri ou les ciseaux courbes sur le plat, sauf, par pru-
dence , à cautériser légèrement la surface de la plaie. Mais si le
cancer paraît avoir envahi dans l'épaisseur de la paupière, il faut
le cerner dans un lambeau de paupière enlevé en totalité soit, au
milieu de la paupière, par une double incision elliptique, soit,
sur le bord palpébral, par une incision simple de même forme
ou une double incision en V : les deux bords de l'incision double
seront réunis par la suture entortillée.
opérations qui se pratiquent sur la conjonctive.
Les maladies de la conjonctive qui réclament le secours des
opérations sont les hypertrophies vasculaires et les diverses ex-
croissances fongueuses ou éreetiles, le pinguécula, l'encanthis,
le pannus et le ptérygion, qui toutes donnent lieu à des excisions.
Excroissances, encanthis, pinguécula.
Les excroissances qui se présentent sur divers points de la con-
jonctive oculaire ou palpébrale ont pour premier élément le dé-
veloppement anévrismatique de petits vaisseaux sanguins. C'est
le nom générique donné à des tumeurs de diverse nature, lors-
qu'elles n'ont encore atteint qu'un petit volume. On en pratique
l'excision, qui doit être suivie de la cautérisation, avec une tige
métallique enduite de nitrate d'argent (pl. 6, fig. i 2).
La tumeur érectile (pl. 5, fig. 1), le fongus et la tumeur méta-
llique, qui se développent sur la conjonctive, ne donnent lieu à
des excisions qu'autant qu'elles sont encore à l'état rudimentaire.
Par leurs caractères spécifiques, ces dégénérescences, abandon-
nées à elles-mêmes, sont, sur la conjonctive comme sur tout autre
tissu, le germe de ces tumeurs redoutables qui envahissent l'œil
en entier et la cavité de l'orbite.
Encanthis (pl. 6, fig. 11), c'est le nom générique du gonfle-
ment ou de l'hypertrophie de la caroncule lacrymale. C'est dans
cette acception très étendue que Wellerappelleégalement du nom
d'encanthis l'inflammation et les diverses dégénérescences de
la caroncule. M. Rognetta, restreignant cette dénomination
à un état chronique ou d'hypernutrition, distingue l'encanthis
en plusieurs variétés : X hyper trophique simple, observé par Du-
puytren et Monteggia ; le cystique, formé par un kyste ; le méla-
nique (Wardrop , lliberi), le fongueux (Scarpa) et le cancéreux
(Demours), également susceptibles, par leur nature, d'atteindre
un volume énorme ; enfin le lithique, formé par des concrétions
calcaires ( Monteggia ).
Le pinguécula (pl. 7, fig. i,b) est une petite tumeur jaunâtre
qui se développe dans la conjonctive scléroticale, de nature in-
connue et dont le nom, emprunté de sa couleur, semble indi-
quer la présence de la graisse, quoiqu'elle n'en contienne pas.
Toutes ces maladies se traitent également par l'excision. ïi est
bien entendu que toutes celles <pii peuvent acquérir un grand vo-
lume ne sont considérées ici, comme il a été dit plus haut, qu'à
leur naissance. Le procédé d'excision est di s plus simples : il con-
siste à saisir la tumeur avec des pinces et à en pratiquer soit l'ex-
cision avec des ciseaux droits ou courbes sur le plat, suivant la
position de la tumeur; soit la dissection avec un petit bistouri.
En raison de la nature maligne de la plupart de ces maladies, le
pinguécula excepté; en principe général, pour prévenir une réci-
dive, le chirurgien doit porter son attention à enlever exactement
tout fragment de tissu douteux et, après l'excision, cautériser la
surface saignante pour être plus certain de ne laisser aucun germe
qui puisse repulluler.
Ptérygion. — Pannus.
Sous les noms de ptérygion et de pannus on comprend un état
variqueux constitué par la dilatation des capillaires de la con-
jonctive. Comme caractère commun, l'un et l'autre sont formés
par de petits vaisseaux qui, procédant de la gouttière oculo-
palpébrale de la conjonctive comme base, envahissent, comme
sommet, sur le centre de la cornée. Mais le ptérygion, de forme
triangulaire, est borné au grand angle de l'œil, tandis que le
pannus recouvre toute la surface de la conjonctive oculaire. Jus-
qu'à ces derniers temps, on n'admettait, entre ces deux maladies,
que ces différences fondées sur le siège et l'étendue; mais, d'après
les recherches les plus récentes des ophthalmologistes, les diffé-
rences portent aussi sur la nature même de l'altération.
Ptérygion (planche 7, fig. g). C'est une végétation membra-
neuse de forme triangulaire, épaisse et d'apparence charnue, si-
tuée ordinairement au grand angle de l'œil, mais parfois sur
d'autres points. Sur cent cinq ptérygions opérés par M. Riberi,
cent occupaient l'angle interne, quatre l'angle externe, et un seul
l'hémisphère supérieur. Le ptérygion renferme un épais lacis de
vaisseaux variqueux convergens de l'angle interne de l'œil vers
le centre de la cornée par un sommet unique ou bifide (Beér,
JVeller). Suivant M. Sichel, ces vaisseaux ne s'anastomosent pas
entre eux : observation que nous avons trouvée fondée par la véri-
fication faite sur le vivant au microscope. Toutefois, d'après
MM. Gutlirie, Travers et Middlemore, le ptérygion ne consiste
pas seulement dans l'existence de ces vaisseaux et forme comme
une membrane distincte par une sécrétion interstitielle dans le
tissu de la conjonctive. Enfin, suivant M. Rognetta, le ptérygion,
aux quatre extrémités des deux diamètres de l'œil, ne serait sou-
vent autre chose que la carnification ou transformation muscu-
laire du tendon aponévrotique de l'un des muscles droits de
l'œil.
Trois méthodes opératoires ont été employées contre le ptéry-
gion : l'excision, l'incision et la ligature ; les deux dernières sont
tombées en désuétude.
Excision (pl. 7, fig. 10). Scarpa saisissait le ptérygion avec des
pinces, auprès delà conjonctive, le faisait rompre en tirant des-
sus légèrement, puis glissait dessous l'instrument. Il se contentait
d'enlever le ptérygion sur la cornée et l'excisait un peu au delà
de la circonférence de cette membrane. Demours glissait au-des-
sous, vers son milieu, une lancette à plat, le détachait de côté
vers le sommet, l'excisait en dehors de la circonférence de la
cornée et faisait quelques scarifications sur la base restante pour
en faciliter l'atrophie. M. Riberi pince la base du triangle, qu'il
fait craquer par déchirure comme Scarpa, la divise d'un coup
15
Tumeurs cancéreuses. On ne peut considérer ici, par rap-
port aux paupières, que les boutons cancroïdes commençans et
de peu d'étendue, le cancer, une fois qu'il a envahi en surface et
en profondeur, réclamant l'extirpation de l'œil en entier. La vive
sensibilité de l'œil ne permettant pas d'employer la pâte arseni-
cale, les boutons cancroïdes des paupières ne peuvent être enlevés
que par l'excision. Si la maladie, de quelques millimètres d'éten-
due, est tout-à-fait superficielle et bornée à la peau, on peut la
soulever dans un pli et l'enlever d'un seul coup, par excision,
avec le bistouri ou les ciseaux courbes sur le plat, sauf, par pru-
dence , à cautériser légèrement la surface de la plaie. Mais si le
cancer paraît avoir envahi dans l'épaisseur de la paupière, il faut
le cerner dans un lambeau de paupière enlevé en totalité soit, au
milieu de la paupière, par une double incision elliptique, soit,
sur le bord palpébral, par une incision simple de même forme
ou une double incision en V : les deux bords de l'incision double
seront réunis par la suture entortillée.
opérations qui se pratiquent sur la conjonctive.
Les maladies de la conjonctive qui réclament le secours des
opérations sont les hypertrophies vasculaires et les diverses ex-
croissances fongueuses ou éreetiles, le pinguécula, l'encanthis,
le pannus et le ptérygion, qui toutes donnent lieu à des excisions.
Excroissances, encanthis, pinguécula.
Les excroissances qui se présentent sur divers points de la con-
jonctive oculaire ou palpébrale ont pour premier élément le dé-
veloppement anévrismatique de petits vaisseaux sanguins. C'est
le nom générique donné à des tumeurs de diverse nature, lors-
qu'elles n'ont encore atteint qu'un petit volume. On en pratique
l'excision, qui doit être suivie de la cautérisation, avec une tige
métallique enduite de nitrate d'argent (pl. 6, fig. i 2).
La tumeur érectile (pl. 5, fig. 1), le fongus et la tumeur méta-
llique, qui se développent sur la conjonctive, ne donnent lieu à
des excisions qu'autant qu'elles sont encore à l'état rudimentaire.
Par leurs caractères spécifiques, ces dégénérescences, abandon-
nées à elles-mêmes, sont, sur la conjonctive comme sur tout autre
tissu, le germe de ces tumeurs redoutables qui envahissent l'œil
en entier et la cavité de l'orbite.
Encanthis (pl. 6, fig. 11), c'est le nom générique du gonfle-
ment ou de l'hypertrophie de la caroncule lacrymale. C'est dans
cette acception très étendue que Wellerappelleégalement du nom
d'encanthis l'inflammation et les diverses dégénérescences de
la caroncule. M. Rognetta, restreignant cette dénomination
à un état chronique ou d'hypernutrition, distingue l'encanthis
en plusieurs variétés : X hyper trophique simple, observé par Du-
puytren et Monteggia ; le cystique, formé par un kyste ; le méla-
nique (Wardrop , lliberi), le fongueux (Scarpa) et le cancéreux
(Demours), également susceptibles, par leur nature, d'atteindre
un volume énorme ; enfin le lithique, formé par des concrétions
calcaires ( Monteggia ).
Le pinguécula (pl. 7, fig. i,b) est une petite tumeur jaunâtre
qui se développe dans la conjonctive scléroticale, de nature in-
connue et dont le nom, emprunté de sa couleur, semble indi-
quer la présence de la graisse, quoiqu'elle n'en contienne pas.
Toutes ces maladies se traitent également par l'excision. ïi est
bien entendu que toutes celles <pii peuvent acquérir un grand vo-
lume ne sont considérées ici, comme il a été dit plus haut, qu'à
leur naissance. Le procédé d'excision est di s plus simples : il con-
siste à saisir la tumeur avec des pinces et à en pratiquer soit l'ex-
cision avec des ciseaux droits ou courbes sur le plat, suivant la
position de la tumeur; soit la dissection avec un petit bistouri.
En raison de la nature maligne de la plupart de ces maladies, le
pinguécula excepté; en principe général, pour prévenir une réci-
dive, le chirurgien doit porter son attention à enlever exactement
tout fragment de tissu douteux et, après l'excision, cautériser la
surface saignante pour être plus certain de ne laisser aucun germe
qui puisse repulluler.
Ptérygion. — Pannus.
Sous les noms de ptérygion et de pannus on comprend un état
variqueux constitué par la dilatation des capillaires de la con-
jonctive. Comme caractère commun, l'un et l'autre sont formés
par de petits vaisseaux qui, procédant de la gouttière oculo-
palpébrale de la conjonctive comme base, envahissent, comme
sommet, sur le centre de la cornée. Mais le ptérygion, de forme
triangulaire, est borné au grand angle de l'œil, tandis que le
pannus recouvre toute la surface de la conjonctive oculaire. Jus-
qu'à ces derniers temps, on n'admettait, entre ces deux maladies,
que ces différences fondées sur le siège et l'étendue; mais, d'après
les recherches les plus récentes des ophthalmologistes, les diffé-
rences portent aussi sur la nature même de l'altération.
Ptérygion (planche 7, fig. g). C'est une végétation membra-
neuse de forme triangulaire, épaisse et d'apparence charnue, si-
tuée ordinairement au grand angle de l'œil, mais parfois sur
d'autres points. Sur cent cinq ptérygions opérés par M. Riberi,
cent occupaient l'angle interne, quatre l'angle externe, et un seul
l'hémisphère supérieur. Le ptérygion renferme un épais lacis de
vaisseaux variqueux convergens de l'angle interne de l'œil vers
le centre de la cornée par un sommet unique ou bifide (Beér,
JVeller). Suivant M. Sichel, ces vaisseaux ne s'anastomosent pas
entre eux : observation que nous avons trouvée fondée par la véri-
fication faite sur le vivant au microscope. Toutefois, d'après
MM. Gutlirie, Travers et Middlemore, le ptérygion ne consiste
pas seulement dans l'existence de ces vaisseaux et forme comme
une membrane distincte par une sécrétion interstitielle dans le
tissu de la conjonctive. Enfin, suivant M. Rognetta, le ptérygion,
aux quatre extrémités des deux diamètres de l'œil, ne serait sou-
vent autre chose que la carnification ou transformation muscu-
laire du tendon aponévrotique de l'un des muscles droits de
l'œil.
Trois méthodes opératoires ont été employées contre le ptéry-
gion : l'excision, l'incision et la ligature ; les deux dernières sont
tombées en désuétude.
Excision (pl. 7, fig. 10). Scarpa saisissait le ptérygion avec des
pinces, auprès delà conjonctive, le faisait rompre en tirant des-
sus légèrement, puis glissait dessous l'instrument. Il se contentait
d'enlever le ptérygion sur la cornée et l'excisait un peu au delà
de la circonférence de cette membrane. Demours glissait au-des-
sous, vers son milieu, une lancette à plat, le détachait de côté
vers le sommet, l'excisait en dehors de la circonférence de la
cornée et faisait quelques scarifications sur la base restante pour
en faciliter l'atrophie. M. Riberi pince la base du triangle, qu'il
fait craquer par déchirure comme Scarpa, la divise d'un coup