Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Hrsg.]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 7, Text): Médecine opératoire — Paris, 1840

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.17186#0071
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
MALADIES DE

la paume de la main tournée en haut : et alors, si l'enfant est docile,
le frein de la langue se trouvant bien tendu, avec la main droite
armée de ciseaux mousses, courbes sur le plat, on coupe le filet
d'un seul coup, en dirigeant en bas l'extrémité des mors, pour
s'écarter des veines ranines. Si au contraire, les mouvemens im-
primés à la langue empêchent qu'elle ne puisse être bien fixée
entre les doigts, pour éviter de la blesser avec les ciseaux, il vaut
mievix les soulever avec le pavillon de la sonde cannelée, dont la
fente reçoit le frein et sert d'un guide assuré pour les ciseaux.

Deux accidens peuvent survenir après la section du filet : i° le
renversement de la langue vers le pharynx qui a été vu trois fois
par J.-L. Petit. Sur deux de ses malades, il réussit à ramener avec
l'indicateur la langue en avant dans sa position ; le troisième en-
fant mourut de suffocation, et le renversement de la langue,
bouchant l'isthme du gosier, fut vérifié par l'autopsie. i° Le
deuxième accident est l'hémorrhagie, d'autant plus à craindre,
après la lésion des veines ranines, cpie l'enfant suce le sang et l'avale
à mesure. On cite plusieurs cas, où des enfans seraient ainsi morts
d'hémorrhagie, si le chirurgien n'y avait remédié à temps.
Roonhuysen, en pareille circonstance, eut recours au vitriol et
Maurain au cautère actuel. J.-L. Petit qui a rencontré deux faits
du même genre, pour empêcher l'enfant de téter la plaie, employa
après la cautérisation , un petit appareil, propre à fixer la langue,
qui se composait d'une tige fourchue, garnie de linge, appuyée
en arc-boutant de la symphyse du menton versla plaie, de manière
à maintenir la langue appliquée contre le palais ; le tout fixé par
une bande , en travers de la bouche , ramenée vers la nuque, puis
croisée en fronde , du dessous de la mâchoire, vers le synciput. Il
suffisait pour empêcher, à coup sûr, la langue de se mouvoir, de
remplir l'espace sublingual de charpie, contenue dans un linge
troué, en arrêtant l'ouverture de la bouche par une menton-
nière. En résumé, on voit que, pour si mince que soit cette
opération, encore exige-t-elle certaines précautions, pour ne
couper ni trop ni trop peu.

ADHÉRENCES DE LA LANGUE.

A la langue, comme dans les divers points des cavités muqueu-
ses , les adhérences sont congéniales ou acquises. Les adhérences
congéniales ne sont ordinairement que de simples brides qu'il
suffit de diviser avec des ciseaux. Celles qui sont acquises, pro-
duites par les phlegmasies de la bouche, se présentent quelquefois
épaisses, fibro-celluleuses, et occupant une grande étendue. Leur
siège le plus ordinaire est le long des bords de la langue qu'elles
unissent avec la paroi gingivale ou celle de la joue. On ne peut
les enlever alors que par une dissection soignée, dont voici le
manuel opératoire. Le malade assis sur une chaise ou couché sur
un plan incliné, la tète renversée sur le côté sain , la bouche lar-
gement ouverte et fixée dans cette position par un spéculum ou
par l'interposition d'un corps étranger entre les arcades dentaires
du côté sain, le chirurgien placé debout en arrière et un peu à
droite du malade, comme pour l'extraction des dents delà mâ-
choire supérieure, commence par écarter à l'aide du doigt indi-
cateur, d'une spatule ou de tout autre instrument, la portion libre
de la langue, du point de la bouche où elle adhère, et avec un
bistouri droit porté en dédolant, divise peu-à-peu les brides et les
lamelles qui constituent l'adhérence , en ayant soin d'incliner le
tranchant de l'instrument en dehors, vers la gencive ou la joue,
pour éviter de blesser le tissu de la langue. A mesure que l'on
avance dans l'opération, on suspend de temps à autre, pour

LA LANGUE. 65

éponger le sang et permettre au malade de respirer et de se garga-
riser avec des liquides astringens ; s'il survient une hémorrhagie,
on l'arrête immédiatement par la cautérisation avec le fer chaud.
En procédant avec ménagement on arrive peu-à-peu à détruire
toutes les adhérences, et on s'assure que la langue est libre en en
parcourant le contour avec le doigt. L'opération terminée, on n'a
point à s'occuper de la cicatrisation des plaies, qui tend d'elle-
même à s'effectuer rapidement, dans un laps de temps de quelques
jours à plusieurs semaines suivant les cas ; mais la difficulté con-
siste à empêcher de nouvelles adhérences de se produire. On
prescrit à cet effet des gargarismes ; on recommande aux malades
de mouvoir fréquemment la langue et de glisser le doigt entre les
surfaces divisées. Nous ne voyons pas pourquoi, on ne laisserait
pas à demeure dans la bouche, un petit linge enveloppant le bord
de la langue, et dont l'interposition rendrait toute nouvelle adhé-
rence impossible.

ABLATION DE LA LANGUE. (PL ai.)

Diverses maladies, jugées incurables, la gangrène, certaines
indurations de mauvaise nature, les tumeurs fongueuses, érectiles,
squirrheuses et cancéreuses, réclament l'ablation d'une portion
plus ou moins étendue ou même, dans les cas les plus graves, de
la totalité de la langue. D'autres altérations, situées dans l'épais-
seur de l'organe, n'exigent qu'une simple excision. Quoique des
lésions accidentelles, et chez certains peuples, des supplices aient
pu faire voir dès la plus haute antiquité, la possibilité de la perte
de la langue sans entraîner la mort, néanmoins ce n'est que tout
récemment que cette ablation a été convertie en une opération
régulière. Déjà Lange avait pratiqué plusieurs fois avec succès
cette opération, que Louis, pour la justifier, se croyait encore
obligé d'arguer du grand nombre d'individus qui en sont privés
accidentellement.

Les maladies de la langue se présentent sous diverses formes,
qui modifient le procédé opératoire. On les opère de deux ma-
nières, par l'instrument tranchant ou la ligature. La première
méthode, plus certaine, plus prompte et moins douloureuse,
renferme l'incision, la dissection et Fexcision.

i° Ablation par V instrument tranchant,

1° Incision. Elle convient pour les tumeurs pédiculées et en-
kystées. La première espèce de tumeur est enlevée immédiate-
ment , par la section du pédicule, avec le bistouri ou les ciseaux.
Dans la crainte de récidive, il est prudent de modifier la surface
de la plaie par la cautérisation. La même forme de maladie se
prête également bien à l'emploi de la ligature, mais on sait que
cette méthode par ses lenteurs et les douleurs qu'elle cause,
donne lieu de craindre la repullulation.

2° Incision et dissection. Ce procédé convient dans plusieurs
cas. (a) Si la maladie est une tumeur enkystée, comprise dans
l'épaisseur de la langue, mais sans faire corps avec son tissu, il
suffit d'inciser, longitudinalement, jusque sur le siège du kyste,
de l'isoler dans ses adhérences celluleuses, et de l'extraire par
énucléation. (b) Quand la dégénérescence n'occupe que superfi-
ciellement le bord de l'organe, on l'enlève par une incision
courbe, au travers du tissu sain, en tant que l'altération fait corps
avec lui, ou par une dissection soignée, si elle s'en isole, (c) Enfin
 
Annotationen