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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Editor]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 7, Text): Médecine opératoire — Paris, 1840

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https://doi.org/10.11588/diglit.17186#0080
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71

OPÉRATIONS SPÉCIALES.

et qui n'offrent ici, rien de particulier; les autres qui appar-
tiennent spécialement au cou , sont de deux ordres, les maladies
du corps thyroïde et celles des voies aériennes.

CORPS THYROÏDE.

Le corps thyroïde, sous l'action de causes très diverses, se tu-
méfie lentement et acquiert peu-à-peu un volume considérable
au point d'envahir par fois toute la surface du cou. A mesure qu'il
se développe , il distend outre mesuue la peau et les muscles, et,
par sa pression en profondeur, gène de plus en plus chaque jour
la respiration et la déglutition. C'est dans cet état qu'on réclame
le secours de la médecine opératoire. Le gonflement chronique
du corps thyroïde a pris indistinctement le nom de goitre ou
bronchocèle. D'après le travail de M. Sacchi, des altérations très
différentes sont comprises sous cette vague dénomination. Outre
l'hypertrophie du tissu thyroïdien, cas le plus ordinaire et le
plus simple, le goitre peut être formé par des altérations de di-
verse nature. Des tumeurs érectiles, fongueuses, tuberculeuses,
fibreuses, calcaires, encéphaloïdes, etc., des kystes séreux, san-
guins, purulens, etc., dont le diagnostic est importantàdéterminer
pour le choix des moyens thérapeutiques à employer. Dans les
affections encore peu anciennes du corps thyroïde, l'usage des
préparations résolutives d'iode est indiqué. A un état plus avancé
si l'on a reconnu que la tumeur doit la plus grande partie de son
volume, à une collection séreuse ou purulente, l'indication est
de la vider par ponction, mais dans tous les cas où le tissu en
est solide, il faut avoir recours à d'autres moyens. Six méthodes
sont mises en usage dont le choix se motive d'après la nature
présumée de la maladie. Ce sont : la cautérisation, le séton, la
ligature, l'oblitération des artères, les incisions et l'extirpation.

Cautérisation. L'emploi de cette méthode est fort ancien;
mais, comme la cautérisation ne convient que pour certaines al-
térations, et ne saurait être employée raisonnablement lorsque le
goitre a acquis un grand volume, on y a entièrement renoncé de-
puis long-temps. Ce n'est donc que comme moyen complémen-
taire qu'on peut encore y avoir recours après l'extirpation ou la
ligature, pour détruire quelque reste de tissu de mauvaise nature.
Divers caustiques peuvent alors être employés, mais préférable-
ment la potasse caustique. Le procédé d'application nous est déjà
connu; toutefois, appelons l'attention du chirurgien sur le danger
que présentent de tous côtés les organes environnans, les nerfs et
les gros vaisseaux du cou, la trachée-artère et l'oesophage. La
proximité d'organes aussi importans doit rendre le chirurgien
très circonspect dans l'emploi d'un agent brutal comme le sont les
caustiques. Mieux vaut assurément l'excision ou la dissection des
racines qu'une première opération n'aurait pu enlever.

Sétons. L'usage de ce moyen paraît remonter à la renais-
sance, mais sans avoir beaucoup fixé l'attention. Rogier, qui le
décrit comme une méthode d'application usuelle, indique de
placer deuxsétons qui s'entrecroisent perpendiculairement. Monro
l'ancien, d'après Burns, en a réhabilité l'usage. Dans ces derniers
temps, on l'a fréquemment employ é, et on a pu déterminer les cas
dans lesquels il est applicable. Le séton, en théorie, n'étant qu'un
corps étranger dont la présence donne lieu à une suppuration, on
conçoit qu'on puisse en obtenir de bons effets, quand la tumeur
est formée par des matières liquides ou diffluentes. Dans les trois
cas de guérison obtenus par Addisson, la maladie était un kyste.

On ne sait pas aussi exactement quelle était la nature de l'affec-
tion chez un certain nombre de sujets opérés par divers chirur-
giens; trois par M. O'Beirn, six par M. Klein, deux par chacun
de MM. Hutchinson et Hauslentner. Mais on conçoit que cette mé-
thode pourrait avoir les plus grands dangers dans les cas de dégé-
nérescence cancéreuse ou fongueuse, malgré l'opinion contraire
exprimée, pour ce dernier cas, par M. Quadri.Tout au plus pour-
rait-on en essayer, si, ce qui n'est pas facile, on pouvait avoir la
certitude que la maladie n'est qu'une simple hypertrophie. Quant
au procédé opératoire, M. Quadri pose ordinairement le séton,
suivant le plan vertical, de haut en bas, avec une aiguille semblable
à celle de Boyer, et ne l'insinue qu'à un centimètre ou un centi-
mètre et demi de profondeur pour éviter de blesser de fortes
branches artérielles. Lorsque la tumeur est d'un volume déjà
considérable, il pose deux, trois ou même un plus grand nombre
de sétons entrecroisés méthodiquement dans diverses directions,
et dirigés suivant le plus grand axe des lobes dont se compose la
masse principale. Le séton, essayé par divers chirurgiens en Eu-
rope, peut être considéré aujourd'hui comme acquis à la médecine
opératoire. Outre les chirurgiens cités plus haut, plusieurs autres
d'une grande autorité, en particulier MM. Flajani, en Italie,
Maunoir, à Genève, Gérard etDupuytren, en France, en ont vanté
les bons résultats. Après quelques jours de son application, à me-
sure que la suppuration s'établit, la tumeur se ride et s'affaisse.
On a proposé dans ces derniers temps, pour hâter la résolution,
d'enduire la mèche avec des pommades iodurées. Après un certain
lemps, quand une diminution graduelle et très apparente de la
tumeur s'est déjà effectuée, on retire la mèche, et on se contente
de maintenir à l'extérieur des topiques résolutifs, l'expérience ap-
prenant de jour en jour que l'atrophie continue à s'opérer pendant
l'adhésion des trajets fistuleux, et même long-temps encore après
leur entière cicatrisation.

Ligature des artères thyroïdiennes. W. Blizard , au rapport
de Burns, aurait eu le premier l'idée de déterminer l'atrophie du
goitre par la ligature des artères du corps thyroïde. Les hémor-
rhagies réitérées et la pourriture d'hôpital emportèrent son
malade. Renouvelée en i8i4par M. Walther, cette tentative eut
un plein succès. Cinq autres faits de même nature sont dus à
M. Carlisle, Coates, Earle, Green, Chelius. Encore plus heureux
M. Boileau, en i8a5, forcé de lier une carotide primitive pour
une lésion traumatique, obtint du même coup la guérison d'un
goitre ancien; mais par contre, M. Brodie a lié en même temps,
deux vaisseaux thyroïdiens, sans obtenir aucune diminution de
la tumeur, et M. Langenbeck, obligé pour cause d'hémorrhagie,
de lier successivement les deux carotides, a perdu son malade.
D'après l'ensemble de ces faits, M. Velpeau pense, avec raison, que
dans les cas de simple hypertrophie, de fongus hématodes et de
tumeurs érectiles, où la gêne causée par la tumeur, met dans la
nécessité d'opérer, le chirurgien est en droit d'essayer de la liga-
ture des artères thyroïdiennes, mais en liant pour plus de sécu-
rité, les deux artères de chaque côté. Nous ne pouvons que nous
ranger à cet avis, la ligature des artères étant une chance der-
nière pour éviter l'extirpation, toujours beaucoup plus grave,
surtout dans les cas de dégénérescence vasculaire.

Ligature en masse. Moreau le premier, en 1779, appliqua la
ligature à la guérison du goitre; de deux malades qu'il soumit à
l'opération, l'un dont la tumeurétaitde nature graisseuse, guérit,et
l'autre qui portait un cancer, n'éprouva aucune amélioration. Dans
 
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