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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Hrsg.]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 7, Text): Médecine opératoire — Paris, 1840

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https://doi.org/10.11588/diglit.17186#0154
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146 OPÉRATIONS

mixte, c'est-à-dire qui tient le milieu entre ceux de Callisen et
de M. Amussat. Il préfère une incision oblique à l'incision per-
pendiculaire du premier, et à l'incision transversale du second:
elle doit commencer à 3 centim. au-dessous de la douzième côte,
et immédiatement en dehors de la masse du muscle sacro-spinal,
et venir se terminer près de la crête iliaque, à 4 centim. environ
de la masse des muscles précités.

Après avoir divisé la peau et le tissu graisseux , il glisse une
spatule plate, dite anglaise, sous le premier plan musculaire à tra-
vers une petite ouverture, pour le diviser sur elle, dans toute
l'étendue de la section cutanée; il agit de même pour les autres
plans musculaires et aponévrotiques, et pour le bord externe du
carré des lombes; il ne lui reste plus qu'à exciser le tissu cellu-
laire et des pelotons graisseux, et le gros intestin est à nu ; il
termine comme dans le procédé de M. Amussat.

M. Baudens attribue à cette incision oblique les avantages
suivans : elle permet de découvrir l'intestin dans une grande
étendue de son diamètre vertical, et il est possible de le diviser
à un pouce et demi de hauteur (5 centimètres), sans être obligé
de couper crucialement les tissus profonds, avantage que ne
permet pas l'incision transverse de M. Amussat; et l'on peut pla-
cer l'anus aussi en avant que par l'incision transverse.

D'un autre côté, M. Baudens propose d'opérer toujours sur
Je coté droit. Ce n'est pas, dit-il, parce que le cœcum est une
sorte de réservoir, comme l'a fait observer Pillore, mais bien
parce que l'absorption du chyle se faisant dans l'intestin grêle, il
importe assez peu au point de vue de la nutrition que le gros
intestin conserve un peu plus ou un peu moins de longueur ;
outre que la formation des gaz ayant lieu uniquement dans les
gros intestins, s'ils s'échappent involontairement, ils rendent
le malade un objet de dégoût, et si l'anus est hermétiquement
fermé, leur accumulation provoque des douleurs vives et inces-
santes.

Appréciation. Dans la méthode de Callisen l'intestin étant
ouvert en dehors du péritoine, il y a réellement moins de dan-
ger à l'employer que celle de Littre, aussi doit-elle être adoptée
comme méthode générale. C'est là une opinion qui prend tous
les jours plus de crédit; il est vrai qu'on lui reproche de placer
l'anus sur le côté et en arrière, où l'on dit qu'il est plus gênant
qu'en avant, niais l'anus naturel estlui-même en arrière, et d'une
autre part, dans cette position, il est sous beaucoup de rapports
moins gênant et moins dégoûtant. Mais le procédé de Callisen
proprement dit, c'est-à-dire la division verticale doit être rejetée.
C'est à elle qu'on doit attribuer la réprobation générale dont a
été frappée la méthode pendant près de l\o ans. Maintenant reste
à choisir entre le procédé de M. Amussat et celui deM. Baudens.
Que l'incision se rapproche plus ou moins de l'horizontale,
pourvu qu'elle ne fasse pas avec elle un angle de plus de 5o degrés;
nous pensons que sa direction a peu d'importance. Quant aux
raisons invoquées par M. Baudens pour placer l'anus artificiel
plutôt à droite qu'à gauche, elles nous paraissent fondées, mais
avant de se prononcer, il nous semble prudent d'attendre la sanc-
tion de l'expérience.

Soins consécutifs. Dans les premiers jours de l'opération, il
faut maintenir le malade à un régime sévère, pour éviter d'aug-
menter l'inflammation à laquelle les intestins et le péritoine sont
très disposés. A moins d'indications particulières, on doit pour
ainsi dire agir de la même façon que pour l'anus anormal qui s'est

SPÉCIALES.

établi à la suite d'une hernie étranglée, provoquer quelques selles
par de petits lavemens d'eau tiède, et diminuer la tendance de la
plaie à l'érysipèle par des cataplasmes émolliens , des frictions
mercurielles et une extrême propreté. Au bout de quelques jours,
lorsque les lèvres de la plaie intestinale se sont agglutinées avec
celles de la plaie extérieure, il faut enlever les points de suture.
S'il n'y a point de fièvre, s'il n'est rien survenu du côté des voies
digestives et du péritoine, et si la maladie principale n'a pas été
exaspérée par le fait de l'opération, on doit avoir recours à un
régime plus nourrissant; toutefois, les alimens doivent toujours
être choisis parmi les plus faciles à digérer. Alors des soins de
propreté et des petits lavemens pour aider l'expulsion des ma-
tières suffisent. Dans les premiers jours, les selles sont d'abord
liquides et glaireuses, bientôt elles prennent de la consistance, et
finissent enfin par se régulariser et se mouler. De cinq ou six et plus
qui ont lieu dans les vingt-quatre heures, elles se réduisent à qua-
tre, trois, deux, et puis à une. C'est ce qui est arrivé aux deux
premiers malades opérés par M. Amussat. Le dernier surtout,
M. T... de Rouen, pouvait même jouir des plaisirs du monde sans
la crainte d'être pris d'un besoin subit d'aller à la garderobe.

Plus tard , le malade se borne à boucher l'orifice de son anus
artificiel par un bouchon de charpie, maintenu par un bandage
de corps, ou tout autre bandage approprié.

On a remarqué que les anus artificiels ont beaucoup de ten-
dance à se rétrécir. Fine en a parlé dans son mémoire. Le second
malade de M. Amussat, trois semaines après l'opération, avait
son anus artificiel tellement rétréci, que le petit doigt avait beau-
coup de peine à y pénétrer. On fut obligé de le dilater au moyen
d'épongés, de canidés en gomme élastique et de bougies de cire
recourbées. Une fois guéri, le malade continua toujours à porter
un instrument dilatant. En l'examinant pour la dernière fois,
M. Amussat constata en haut, et fit constater aux assistans, un
resserrement circulaire de l'intestin, formant comme un sphincter
interne. Tant que la maladie qui a nécessité rétablissement d'un
anus artificiel n'est pas guérie, il faut bien prendre garde à ce
que la nouvelle ouverture ne se rétrécisse pas trop pour pouvoir
donner passage à la totalité des matières fécales, chez les enfaus
imperforés surtout, où elle doit durer autant que la vie. Mais si,
par suite de la cessation de l'irritation qui était entretenue sur le
rectum par le passage des matières fécales , l'affection qui avait
nécessité la création d'un anus artificiel venait à se modifier au
point de ne plus former un obstacle au passage des fèces et de
n'en ressentir aucune influence fâcheuse , non-seulement il n'y
aurait pas d'inconvénient à laisser rétrécir celui-ci, niais encore
on pourrait tenter son oblitération, et ici elle présenterait moins
de difficulté que si l'on avait affaire à un intestin grêle, parce
que l'éperon est très peu saillant.

Terminons enfin en nous demandant pourquoi on reculerait
plus long-temps devant cette opération lorsqu'elle est indiquée,
lorsqu'elle est le seul moyen de sauver le malade. Nous dira-t-on
qu'elle est dangereuse, surtout par la méthode de Littre? nous en
conviendrons; mais l'opération césarienne est-elle moins dange-
reuse? N'ouvre-t-on pas le péritoine et l'utérus pour la pratiquer?
On n'hésite pourtant pas lorsque l'indication est précise. N'ouvre-
t-on pas un viscère contenu dans l'abdomen dans l'opération de
la taille? Et si l'on nous objecte que, dans ce cas, on ne pénètre
pas dans le péritoine, ne pourrons-nous pas répondre qu'on ne
l'ouvre pas non plus en allant chercher l'intestin par les procédés
de MM. Amussat et Baudens. Et cependant lorsqu'on pratique la
taille l'opération n'estpas aussi urgente que celle de l'entérotomie.
 
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