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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Editor]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 7, Text): Médecine opératoire — Paris, 1840

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https://doi.org/10.11588/diglit.17186#0322
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5 1 4 OPÉRATIONS

FISTULES ENTÉRO-VAGINALES.

Toutes les fois qu'une portion du tube intestinal, supérieure
au rectum, vient s'ouvrir dans le vagin, et y verser les matières fé-
cales, on dit cpi'il y a fistule entéro-vaginale. Cette lésion, qui
constitue une espèce d'anus contre nature, a été observée par
M. Roux et par M. Casa-Mayor ; l'un et l'autre ont tenté d'y re-
médier par des procédés différais.

Procédé de M. Roux. Chez la femme qui est le sujet de cette
observation, la fistule durait depuis plusieurs années. M. Roux
ouvrit les parois abdominales, détacha l'intestin du vagin, et fît
en sorte de l'invaginer dans le bout inférieur du gros intestin ,
et de l'y maintenir parla suture. Mais, la femme étant morte, on
découvrit à l'autopsie qu'on avait introduit l'intestin invaginé
dans le bout supérieur du gros intestin, au lieu de l'introduire
dans le bout inférieur.

Procédé de M. Casa-Major. Il consiste dans l'application,
avec les modifications convenables, de la méthode qu'employait
Dupuytren, pour guérir les anus contre nature. L'instrument
dont fit usage M. Casa-Mayor est une espèce de pince, à
deux branches, terminées chacune par une plaque ovale, présen-
tant des engrenages sur leur face interne, et dont le grand dia-
mètre a 18 millimètres de longueur, et le petit 9 millimètres.
L'une de ces branches fut introduite par le vagin dans l'intestin
perforé, et l'autre parle rectum, jusqu'à ce que sa plaque fût ar-
rivée au niveau de la première; alors, on les articula à la ma-
nière d'un forceps, on les rapprocha, et on leur donna le degré
de constriction nécessaire, à l'aide d'une vis de rappel qui tra-
versait leur partie externe. Ces branches sont tellement construi-
tes que le périnée et la cloison recto-vaginale, qu'elles compren-
nent entre elles, restent intactes lorsque les plaques sont aussi
fortement serrées que possible l'une contre l'autre. Au bout de
quelques jours, la partie des deux intestins, comprise entre les
plaques, étant gangrénée, et ceux-ci ayant contracté des adhé-
rences, on retira les branches ; les matières fécales reprirent en
partie leur cours naturel, et l'on avait la plus grande espérance
de voir la fistule vaginale s'oblitérer, lorsque la femme fit, dit-on,
des imprudences qui amenèrent sa perte.

Malgré son insuccès, le procédé de M. Casa-Mayor mérite
d'être pris en considération : il est mieux conçu , plus facile à
exécuter , et infiniment moins dangereux que celui de M. Roux.
Toutefois, s'il venait à réussir,, il reste à savoir si, malgré la nou-
velle voie ouverte aux matières fécales , l'ouverture anormale du
vagin pourrait s'oblitérer.

En dehors de ces deux procédés on ne connaît actuellement
contre ce genre d'affection que la méthode palliative.

TUMEURS DU VAGIN.

Le vagin peut devenir le siège de tumeurs de diverse nature.
Ce sont des abcès , des tumeurs sanguines , des kystes , des can-
cers , etc. Le procédé opératoire pour les enlever varie suivant
la nature , le volume et le siège de la tumeur. Pelletan a guéri un
kyste par une simple incision. M. Voilot [Gaz. méd. de i835)
a extirpé avec succès une tumeur très volumineuse qui s'était
développée dans la paroi antérieure du vagin et s'avançait jus-
qu'au devant de la vulve. Le même recueil contient l'observation
d'une tumeur concrète développée dans la cloison vésico-vatn-

SPÉCIALES.

nale qui a été enlevée par M. A. Bérard. M. Lisfranc {Arch.
gén., t. vu, p. 243) en a extirpé une autre qui ne tenait à la cloison
recto-vaginale que par un pédicule. De semblables opérations
ont été pratiquées par Sanson et M. Velpeau. Enfin on peut en-
core extraire par le vagin des débris d'embryon résultant d'une
grossesse extra-utérine. Nous en parlerons à l'article opération
césarienne.

Diverses sortes de tumeurs venant d'autres organes, soit de
l'abdomen ou du bassin, peuvent venir faire saillie dans le vagin.
Ce sont des kystes de l'ovaire, des dépôts sanguins ou purulens,
des tumeurs fibreuses, des hernies, et le fond de l'utérus lui-
même , lorsqu'il est renversé en arrière. On conçoit, par consé-
quent , qu'avant de se décider à porter l'instrument tranchant
sur ces tumeurs, il faut s'être assuré, par tous les moyens possibles,
de leur nature et de leur étendue. Et lorsqu'elles appartiennent
en totalité au vagin, il faut être bien certain que, pour les ex-
traire, on ne sera pas obligé de pénétrer dans l'une des cavités
voisines.

Ligature. Lorsque la tumeur est pédiculée on peut porter une
ligature sur son pédicule, et la réséquer avec le bistouri ou les ci-
seaux. Si le pédicule est trop large pour pouvoir être compris
dans une seule ligature, on le divise, avec une aiguille, en plusieurs
portions que l'on étrangle par autant de fils. La cautérisation
plusieurs fois répétée, avec la potasse caustique ou le nitrate
d'argent, pourra être employée contre les tumeurs érectiles,
comme l'a fait une fois M. Laugier. L'extirpation convient pour
les tumeurs concrètes. Celles qui se développent sur les parties
latérales du vagin sont plus faciles à enlever que les autres, parce
qu'on peut les circonscrire entre deux ou trois incisions , et. di-
viser assez profondément sans craindre de pénétrer dans les réser-
voirs voisins. Celles qui siègent sur la cloison recto-vaginale
peuvent encore être enlevées avec sécurité, parce qu'on peut
placer dans le rectum vin doigt cpii sert de guide pour ne pas
aller trop profondément. Mais , sur la cloison vésico-vaginale ,
comme on ne peut pas introduire un doigt dans la vessie, il est
plus difficile de se guider , et l'on a besoin d'agir avec la plus
grande circonspection pour ne pas pénétrer dans le réservoir de
l'urine. En général l'hémorrhagie n'est pas à redouter; et s'il
s'écoulait un peu de sang, les astringens, la compression avec
de la charpie, et même, au besoin, la cautérisation, l'arrê-
teraient promptement.

Parmi les tumeurs qui se développent en dehors des parois du
vagin , il en est quelques-unes qui peuvent être extirpées avec
succès. On trouve dans les Annales de littérature médicale
étrangère, t. vi, p. 545 , un fait curieux , chez une femme sur le
point d'accoucher, où l'opération fut couronnée d'un plein suc-
cès pour l'enfant et pour la mère. La tumeur formée sur le li-
gament sacro-sciatique droit, occupait si complètement la cavité
du bassin qu'on ne pouvait introduire qu'un doigt entre elle et
le pubis , et qu'on eut beaucoup de peine à atteindre la tête de
l'enfant, quoique la femme eût été en travail pendant deux jours,
avant cette exploration. On ne pouvait que choisir entre l'enlè-
vement de la tumeur et l'opération césarienne , car il n'y avait
pas lieu de songer à l'embryotomie; on se décida pour l'extir-
pation qui fut pratiquée de la manière suivante.

On découvrit la tumeur par une incision faite à droite entre la
tubérosité de l'ischion d'une part, Lanus et le périnée d'autre
part, et dirigée vers le coccyx; on détacha la tumeur avec les
doigts, et on parvint à l'enlever. La tête de l'enfant descendit
 
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