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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 4.1878

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Janvier
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Campardon, Émile: Documents sur le commerce des tableaux au XVIIIe siècle: ventes de faux tableaux
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https://doi.org/10.11588/diglit.26387#0010
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crédules i Je ne sais ; mais je crains bien que les choses ne se passent
aujourd’hui exactement comme autrefois. Il n’y a guère de chance pour que
la vanité, la cupidité et la bêtise humaines disparaissent ou diminuent
jamais.

Les documents suivants n’ont guère besoin de commentaires. Tout au
plus sera-t-il possible de donner quelque détail sur l’un ou l’autre des per-
sonnages qui paraissent ici ; mais je ne vois pas trop le moyen d’analyser
ou de commenter ces récits qu’il faut lire d’un bout à l’autre et qui portent
en eux-mêmes leur enseignement et leur moralité.

I.

Plainte du s. Ledoux, maître peintre et marchand de tableaux, au
sujet de la vente d'un tableau de Téniers.

(Janvier 1756.)

L’an 1 y56, le mercredi vingt un janvier, dix heures du matin, en
l’hostel et par devant nous, François Simon Leblanc etc., est comparu
sieur Paul Guillaume Ledoux \ maître peintre et marchand de ta-
bleaux à Paris, y demeurant rue Saint-Martin, parroisse Saint-Josse,
lequel nous a rendu plainte contre le nommé Bentabole, négociant à
Paris, demeurant rue Saint-Honoré à l’enseigne de Sainte-Geneviève,
et nous a dit qu’il y a environ deux mois, le plaignant ayant acheté
un tableau de Teniers, ledit Bentabole le sollicita de lui céder ledit
tableau. Le marché fut conclu entre les parties, ledit Bentabole ne
voulut consommer le marché qu’en présence d’un tiers, et, en consé-
quence, il mena le nommé Guillemard, peintre, qu’il avoit choisi
pour donner le prix à ce tableau, chez le plaignant, et delà mena le
plaignant avec ledit Guillemard chez lui Bentabole où le marché fut
fini et consommé ; quoique le plaignant eût à se plaindre du moins
de valeur dans les marchandises que ledit Bentabole lui a données en
échange, cependant il a appris que ledit Bentabole, n’étant pas con-
tent du marché publioit partout que le plaignant l’avoit trompé. Le
plaignant n’a pas cru devoir s’arrêter aux bruits que Bentabole fai-
soit courir, croyant qu’il en resteroit là, mais le plaignant est ins-
truit que depuis ledit Bentabole a envoyé chez lui ledit Guillemard
pour rompre le marché ; il y a environ quinze jours, il s’est répandu
en injures les plus atroces contre le plaignant qu’il traitoit de fripon
et de coquin ; qu’il ne s’est pas tenu à ces injures, qu’il a fait menacer
le plaignant de lui donner des coups de bâton, et qu’il l’a même me-
nacé de le perdre et de l’assommer, dût-il lui en coûter cinquante
mille francs, qu’avec cette somme il en seroit quitte et qu’il ne seroit
pas le seul avec qui il en eût agi ainsi ; que toutes ces injures dudit i.

i. Ni Le Doux, ni Guillemard ne figurent parmi les artistes qui prirent
part aux expositions de l’Académie de Saint-Luc en 1751, 5e, 53, 56 et 62.
Cela donne à supposer qu’ils étaient bien plus marchands que peintres.
 
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