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Société de l'Histoire de l'Art Français [Editor]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 4.1878

DOI issue:
Janvier
DOI article:
Campardon, Émile: Documents sur le commerce des tableaux au XVIIIe siècle: ventes de faux tableaux
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https://doi.org/10.11588/diglit.26387#0017
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pour les deux autres lettres de change, l’une échue le io mai, payable
le 20, l’autre, le io du présent mois pour le 20; que cependant le
tableau du maître de Rubens, pour le payement duquel Gabin retient
lui plaignant en prison, est déjà payé au-delà de sa valeur, puisque
des connoisseurs assurent fermement que le tableau ne vaut pas plus
de i5o livres, ce qui fait trois quart et demi au dessus de la véritable
valeur ; qu’une pareille friponnerie est répréhensible et ne peut rester
sans punition et que, lorsque l’estimation aura été ordonnée être faite
par des experts et connoisseurs tels que sont les sieurs Legras, Guil-
marti, Fabien et autres, on verra que le plaignant, loin d’être débi-
teur de Gabin, ce dernier sera le sien de plus de i5o livres ; que ce
tableau, qui est peint sur bois, est cassé en travers dans sept ou huit
endroits qui ne sont soutenus par derrière qu’avec des morceaux de
toile goudronnée; que, du côté du tableau, les fentes sont grossière-
ment remplies et différentes parties frottées, usées et mal repeintes,
en sorte que la restauration, au lieu de lui donner plus de valeur, lui
en ôte; que ce qui prouve que la vente que ledit Gabin lui a faite de
ce tableau est une friponnerie préméditée, c’est que M. l’abbé de
Juvigny a dit à plusieurs personnes que Gabin le lui avoit laissé à
600 livres ; que ceci n’est pas le coup d’essai dudit Gabin ; qu’il a
trompé nombre d’autres personnes du nombre desquelles est M. Cau-
let, intéressé dans les affaires du Roi, auquel il a vendu, par le secours
d’un autre lui-même, pour trente mil livres de tableaux qui n’en
valent pas six ; que ledit Gabin étant dans l’habitude de faire des fri-
ponneries de conséquence sous le titre de peintre et marchand de
tableaux, sans avoir su ni peindre ni dessiner, il espère que la justice
fera cesser le cours de semblables fraudes contraires au bien public ;
que ce Gabin, de domestique qu’il étoit, est devenu un marchand que
les friponneries ont enrichi, mais que les fripons ne prospérant ordi-
nairement qu’à un certain point, lui plaignant a lieu de se flatter que
l’estimation faite par des experts, démasquant les friponneries de ce
marchand, feront mettre des bornes à des entreprises ruineuses pour
les personnes qui ont le malheur de tomber dans ses filets et que
non seulement la restitution des lettres de change qu’il a au plaignant
sera ordonnée audit Gabin, mais encore ce qu’il aura reçu au-dessus
de l’estimation, se réservant le plaignant de faire par la suite telles
demandes en réparations, dépens, dommages et intérêts qu’il verra
bon être.

Signé : Thiérion; Le Prévôt.

(Arch. nat. : Châtelet; Liasse 166, Commre Thiérion.) 1

1. C’est probablement le même expert qui paraît dans l’affaire de Ledoux
et de Bentabole.
 
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