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Bulletin de l' art pour tous — 1892

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No 78 (Juin 1892)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24421#0022
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BU LLETTN DE L'ART POUR TOUS

N° 78

têtes anonymes, privées même du vulgaire in-
térêt de la curiosité, et dont la plupart réveil-
lent en vous une impression de déjà vu; car
dans aucun genre la facture de chaque artiste
n'est plus constamment égale à elle-même. Tous
les maîtres sont là : M. Roybet, qui fait au
Palais de l'Industrie une rentrée triomphale
avec deux œuvres dignes de la médaille d'hon-
neur; M. Lefebvre, au dessin impeccable;
M. Bonnat, dont la peinture durcit en vieillissant ;
M. Ghartran, qui a rendu avec un rare bonheur
l'œil profond et l'énigmatique sourire de
Léon XIII; MM. Dubois, Munkacsy, Wencker,
Comerre, Bordes, Humbert, Baschet, Buret,
Léandre, etc., pour ne citer que les plus connus,
— ou les meilleurs.

Dans la Peinture de genre, toute une pléiade
d'artistes aimables, pleins de verve et d'esprit :
MM. Dawant, Richemont, Gelhay; Le Blant, le
peintre des chouans et des muscadins ; Georges
Cain, qui ressuscite les prélats de cour et les
marquises à falbalas; son frère Henry, avec ses
amusantes scènes, si bien prises sur le vif;
Crochepierre, Cadel, Dessart, etc.

Dans le Paysage, de tous les genres peut-être
celui où l'École française se maintient le plus
haut, citons Harpignies, Lansyer, Guillemet,
Petitjean; Gagliardim et Allègre avec leurs
études ruisselantes de lumière ; Didier Pouget,
dont le tempérament délicat et rêveur s'affirme
chaque année par un progrès nouveau : enfin,
XEcole orientaliste, à la tête de laquelle M. Bom-
pard, avec son talent tout vibrant des belles
énergies de la jeunesse et déjà pleinement
maître de lui-même, se place comme le chef
incontesté.

*

* *

Nous ne voulons pas quitler le Salon de pein-
ture sans applaudir, en passant, au vote qui a
décerné à M. Paul MAUROula médaille d'honneur
de gravure. Il couronne une brillante et labo-
rieuse carrière, et consacre la résurrection de
l'art de la lithographie, dont M. Maurou a été le
plus énergique défenseur.

*

* *

La sculpture n'est pas une profession rému-
nératrice : elle n'attire pas la foule et retient
seulement ceux que passionnent le culte de la
forme et l'amour du beau. A parcourir les
jardins du Palais île l'Industrie, on le reconnaît
à un double signe : le nombre restreint des
œuvres, et leur niveau artistique très élevé.
Étudiez de près VOlivier de Clisson de M. Fré-
miet, le Tombeau de Cabanel, de M. Mercié, si
plein de grâce et de mélancolie, la Bacchante à la
chèvre, et 1''Enlèvementd'Iphigénie de M. Soulès,
l'une toute palpitante de vie, l'autre qui rayonne
d'une surhumaine grandeur ; la Salammbô de
M. Barrau, le Paysan du Danube de M. Vidal, et
tant d'autres; vous sentirez ce que d'aussi
beaux résultats représentent de talent et de
travail, et vous achèverez la visite du Salon
sur cette impression consolante, que nous mar-
chons encore, les premiers, à l'avant-garde, sur
la voie sacrée du Grand Art.

(A suivre.) P. de Laubadère.

Beaux-Arts

Le musée du Louvre va rentrer, assure-
t-on, en possession de la presque totalité de ses
locaux et pourra aménager de nouvelles salles
d'exposition. L'aile jadis affectée aux servi-
ces de la préfecture, et qui va du pavillon
des États à l'escalier de Flore, sera sous peu
débarrassée et rendue à l'administration des
beaux-arts. Seuls, les appartements du préfet et
de son chef de cabinet demeureront encore alié-
nés au profit de la préfecture de la Seine.

M. Gerspach vient de faire don à ce musée
d'une tête de Vierge, mosaïque vénitienne du
douzième siècle.

Un amateur, M. Lallemand, a légué également
au Louvre un des plus remarquables et des plus
importants paysages de Corot. Ce tableau, exé-
cuté vers 1860, représente Gastel-Gandolfo, aux
environs de Rome.

Signalons une acquisition très intéressante
qui vient d'être faite par le département de la
Renaissance.

« C'est, dit le Temps, une statue équestre en
bronze d'un modelé habile et puissant, et d'une
très belle patine. Ce chef-d'œuvre, exécuté en
Italie, a sans doute passé depuis quatre siècles
par bien des mains et traversé bien des événe-
ments, car il nous arrive d'Angleterre aujour-
d'hui, frotté, usé clans ses parties les plus fines,
veuf de la moitié du sabre du cavalier, mais
entier dans son ensemble, grâce à la dureté de
la matière dont il est fait.

« Le cheval, une de ces fortes bêtes à la croupe
massive et au poitrail puissant, comme il en fal-
lait alors pour porter sans plier les chevaliers
bardés de fer, s'avance au pas en levant haut les
jambes et en baissant la tête sur son encolure
épaisse. Fièrement campé sur son dos, bien
assis entre le troussequin très haut et la branche
fixée au pommeau de la selle, le petit cavalier,
couvert d'armes de parade, retient de la main
gauche les rênes et de la droite porte sur son
épaule une masse d'armes. Une large épée et un
poignard sont fixés à sa taille : sa tête est cou-
verte d'un grand casque de forme étrange, sur-
monté d'un cimier et rappelant une roue dente-
lée : il fait penser à ces pesantes coiffures dont
se servaient jadis les gladiateurs.

« La figure, abritée sous les larges rebords
de ce casque, est bien reconnaissable. Des
artistes du temps, Mantegna entre autres, nous
ont rendu familier ce nez camus, cette bouche
aux lèvres épaisses, cette barbe courte et fri-
sée : c'est là le portrait de Jean-François II de
Gonzague, seigneur de Manloue, le prince
condottiere qui se battit à Fornoue contre
Charles VIII et dont l'épée à lame langue de
bœuf est entrée l'an dernier dans nos collec-
tions nationales.

« A quel maître peut-on attribuer le fin bijou
que nous venons de décrire? On ne l'a pas
nommé encore, maison le trouvera bientôt, sans
doute, entre ces brillants artistes qu'attirait à
sa cour le goût délicat d'Isabelle d'Esté et, sur
lesquels les archives de Mantoue sont riches en
précieux renseignements. »

-O-

Musée du Luxembourg. — La direction
des beaux-arts vient d'acheter pour le musée
du Luxembourg :

Un bronze de M. Rodin, Vieille femme, qui a
figuré, en 1890, à l'exposition de la Société
nationale des beaux-arts, au Champ de Mars;

L'Étude de femme nue, accroupie et se chauf-
fant devant le feu, de M. Besnard, qui a été
exposée, il y a quelques années, au Salon des
Champs-Élysôes ;

Un portrait de femme âgée, assise clans un
fauteuil, de trois quarts, ayant derrière elle une
glace dans laquelle elle se reflète de profil.
Cette œuvre du peintre Thévenot avait figuré,
en 1888, à l'exposition annuelle des Pastellistes,
dans les galeries Georges Petit;

Une marine de Claude Monnet et un portrait
de deux jeunes femmes, de M. Renoir.

Signalons aussi que, sur un vote du comité
des musées, l'acquisition d'un tableau de
M. Pu vis de Chavannes, la Décollation de
saint Jean-Baptiste, vient d'être décidée. La
toile a sa place désignée au musée du Luxem-
bourg, où elle fera pendant au Pauvre Pêcheur,
du même maître.

Prochainement prendra place dans les gale-
ries du même musée un tableau de Baudry, la
Vérité, qui a été légué par la comtesse de Beau-

mont-Castries, sœur de la maréchale de Mac-
Mahon. C'est une réplique de la composition
connue que l'artiste regretté exposa au Salon :
la Vérité assise sur la margelle d'un puits et
tenant à la main le miroir symbolique.

Un généreux anonyme a offert à l'Etat, qui en
avait été confidentiellement averti avant l'ou-
verture du Salon, le tableau de M. Èdouard De-
taille, Sortie de la garnison deHuningue (20 août
1815). L'acte de donation stipule expressément
que le tableau ne sortira du musée du Luxem-
bourg que pour entrer au Louvre. M. Détaille
gardera le droit exclusif de reproduction.

M. Jules Prévost vient d'offrir à l'État, pour le
même musée, une peinture de M. Adolphe
Weisz, la Femme au masque. M. Weisz, né à Bu-
dapest, est naturalisé Français; il a été plusieurs
fois médaillé au Salon.

-o-

Musée des Gobelins. — Une salle du
musée des Gobelins vient d'être réservée aux
dessins de Van der Meulen, qui sont à la
manufacture depuis Louis XIV. Ce sont des
vues de sièges, de châteaux et de cortèges
militaires. Une faible partie seulement a pu être
exposée; mais l'ensemble de la collection est à
la disposition des travailleurs.

D'autre part, la Manufacture nationale vient de
terminer une tenture, la Mécanique, qui appar-
tient à une suite comprenant Y Art, la Science,
la Poésie, la Philosophie et VHisioire, dont la
composition générale, les ornements et les
fleurs sont de M. Lavastre, le célèbre décora-
teur de l'Opéra, décédé il y a quelques mois, et
les figures de M. L.-O. Merson.

Ces panneaux sont destinés à la décoration
d'une salle de la Bibliothèque nationale.

: -o-

L'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, dans une de ses dernières séances, a
décerné les prix suivants :

1° Prix Delalande-Guerineau (1,000 francs) à
M. l'abbé Pierre Batiffol pour son ouvrage inti-
tulé l'Abbaye de Rossano. Contribution à l'his-
toire de la Vaticanc;

2° Prix Fould (4,000 francs) à M. Eugène
Muntz, conservateur de la bibliothèque et des
archives de l'École des beaux-arts, pour son ou-
vrage en deux volumes intitulé Histoire de l'art
pendant la Renaissance et pour l'ensemble de
ses travaux antérieurs;

3° Un second prix d'une valeur de 1,000 francs
à M. Louis Gonse, directeur de la Galette des
beaux-arts, pour son ouvrage intitulé Histoire
de l'architecture gothique.

-O-

École des beaux-arts. — Voici les noms
des dix peintres admis en loge à l'École des
beaux-arts, pour le concours définitif du prix de
Rome : MM. Charbonneau, Lavergne, Bourget,
Miserey, Capponi, Deschenaud, Laurens, Bes-
son, T régoulet et Manceaux.

-O-

La Collection Lesouf aché. — L'École des
beaux-arts vient de consacrer une salle spéciale
à une précieuse collection de livres, de manus-
crits, de dessins et de gravures qui lui a été
offerte par M™ Lesoufaché, veuve de l'éminent
architecte. Quatre vitrines ont été affectées aux
livres, parmi lesquels le recueil de l'œuvre de
Ducerceau — le plus complet qui existe —
occupe la place d'honneur. Une vitrine plate
sert à l'exposition des manuscrits à miniatures,
des livres d'heures, des reliures.

Enfin, dans un meuble tournant, a pris place
un choix de dessins qui s'ouvre par les produc-
; tions de l'école de Fontainebleau et qui finit par
quelques remarquables études de Prudhon.
 
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