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Bulletin de l' art pour tous — 1892

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No 81 (Septembre 1892)
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LARTPOUR-TOUS 1

FNCYCZOPSDJSDF L'AflTJAfôUSmfeL ET'DECORATIF
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Emile Reiber ! C. Sauvageot I P. Gélis-Didot

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Litrairies-lmprimeries réunies

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31e Année <^=======r====* Septembre 1892

BULLETIN DE SEPTEMBRE 1892

La Peinture antique

La Polychromie des Édifices et des Statues

(Suile) (I)

Quand, au lieu de tuf, on se servit de marbre,
on conlinua à peindre les statues, mais partiel-
lement. Nous possédons sur ce point des rensei-
gnements fort instructifs, grâce aux nombreuses
statues de type féminin mises au jour par les
fouilles de l'Acropole. Qu'il y faille voir des divi-
nités ou des prêtresses d'Athéna, ou bien encore
des allégories personnifiant la D'une prélevée

portaient des couronnes, des boucles d'oreilles \ Or on a peine à croire que cette opération se
et des colliers de bronze doré. réduisît, dans de pareilles mains, à une simple

par de riches particuliers sur leurs propres biens
et offerte par eux à la déesse, suivant un pro-
cédé familier aux Égyptiens, qui peuplaient leurs
tombeaux de figures féminines, sculptées ou
peintes, représenlant les domaines du défunt,
ces images nous renseignent de la façon la plus
précise sur la polychromie en usage à Athènes j furent, de bonne heure, enluminées avec plus de
chez les sculpteurs de la fin du vie siècle. C'est J réalisme, comme l'atteste un passage instructif

L'application partielle de la polychromie sur
ces monuments s'explique par la beauté de la
matière employée. Une matière rugueuse et
défectueuse comme le tuf appelait impérieu-
sement la couleur pour cacher ses imperfections ;
il n'en était pas de môme du marbre, dont le grain
serré offre des surfaces si agréables à l'œil. Mais
il faut se garder de croire qu'on laissait à ces
parties non enluminées leur brutal éclat ; éblouis-
santes sous le soleil, elles eussent éteint ces
rouges et ces bleus discrètement répartis sur
l'ensemble de l'œuvre. On les patinait par un
procédé quelconque, peut-être à la cire, « de
façon que le marbre amortit son éclatante et
dureblancheuretpritun ton plus moelleux, un peu
ambré, un brillantdouxetferme, voisin deceluide
l'ivoire1 ». Vitruveet Pline décrivent un patinage
à la cire dont on usait de leur temps pour le nu
des statues, et qu'on appelait ganôsis. Une in-
scription trouvée dans l'île de Délos fournit sur
cette opération de curieux renseignements : elle
débutait, du inoins à Délos, par un lavage à
l'eau mélangée de nitre, avec des éponges, et
se continuait par une friction à l'huile et à la
cire ; on y ajoutail, pour parfumer le marbre, un
onguent à la rose2. Est-ce là ce qu'on pratiquait
à Athènes au vie siècle? Nous ne saurions l'affir-
mer; mais, sans doute, on y avait recours à un
procédé analogue. Il ne semble pas qu'à la
composition dont on frottait les parties non
peintes on mêlât, pour les chairs, aucun coloris;
le visage lui-même demeurait d'une pâleur toute
conventionnelle. On ne saurait nier le caractère
décoratif d'une pareille enluminure. Comme
celle des édifices, elle s'harmonisait avec le ciel,
et c'était là son principal objet.

Cette polychromie dut subsister longtemps,
peut-être toujours, pour les sculptures qui
décoraient les frises et les frontons des temples.
Du bleu, du rouge, des appliques de bronze doré,
quelques louches noires pour souligner certains
traits du visage, voilà de quels éléments elle se
composait. Je ne crois pas, pour ma part, que
dans ces ensembles les chairs fussent peintes ;
à moins d'imaginer le rouge vif jadis appliqué
au tuf, la coloration rosée des chairs eût passé
inaperçue à une telle hauteur, ou elle eût fait
avec les rouges répandus sur les divers membres
de l'édifice un pénible contraste. Tout autre
était la condition des statues isolées : celles-là

toujours le rouge et le bleu qui y dominent, mais
ils n'y sont appliqués qu'à certains endroits, par
exemple, sur les bandes brodées qui traversent
le vêlement ou qui en forment la bordure (fig. 169).
Les lèvres sont rouges, les sourcils noirs ; le
bord des paupières est colorié en noir pour si-
muler les cils ; l'iris de l'œil est rouge, la pupille
noire; la chevelure est généralement rouge, j

parfois jaune d'ocre. Plusieurs de Ces Statues 1. Lechat, Bulletin de correspondance hellénique, (890, p. 506.

2. Homolie, ibid., 1890, p. 497.

de Platon 3, comme le prouve également l'inti-
mité de Praxitèle avec Nicias. Un jour qu'on
demandait à Praxitèle quelles étaient celles de
ses œuvres qu'il préférait : « Celles, répondit-
il, auxquelles Nicias a collaboré », tant, ajoule
Pline qui rapporte cette anecdote, il prisait
l'habileté de ce peintre à pratiquer la ganôsis.

1. Voir Bulletin d'Août 1892.

3. République, IV, p. 420 C-D.

friction à l'huile et à la cire; ce devait être un
patinage savant, qui ménageait sur les nus du
marbre les transitions les plus délicates et les
animait d'une morbidesse pleine d'art. Une
tâche de genre n'avait rien que de relevé. De
même, Van Eyck ne dédaignait point d'enluminer
des sculptures, et l'on sait qu'il avait colorié de
sa main six des statues destinées à l'hôtel de
ville de Bruges1.

Nous possédons, du reste, des témoignages
irrécusables de la coloration des chairs dans les
statues : telle est cette tête casquée d'Athéna
qu'on peut voir au musée de Berlin, et dont les

Fig. 170.

joues gardent encore des traces de rose (fig. 170);
telle est cette autre tête de jeune femme
ou de jeune fille conservée au Musée britan-
nique, et qui montre un visage complètement
peint en rose, avec des cheveux coloriés en
blond. On peut trouver médiocres ces deux
spécimens : cela ne prouverait pas, comme on
l'a dit, qu'ils fussent des exceptions; je croirais
plutôt qu'à partir d'une certaine époque l'enlu-
minure des chairs devint l'usage habituel et que,
parlout où n'intervenait pas une nécessité monu-
mentale, partout où l'on pouvait se passer de
convention, le réalisme de l'esprit grec repre-
nait ses droits en rapprochant, aulanf que
possible, de l'humanité ces formes muettes, qui
en étaient l'image à la fois idéale et fidèle.

Nous ne saurions aborder ici la queslion de
savoir s'il convient ou non de revenir, en sculp-
ture, à la polychromie ; une semblable élude
nous conduirait beaucoup trop loin2. Bappelons
seulement que notre sculpture, comme notre
architecture, procède d'un malentendu. Elle
a pris pour modèles les statues décolorées
trouvées dans les ruines antiques, et elle a cru
que là était la vérité. Cette croyance commence

1. Courajod, la Polychromie dans la statuaire du moyen âge et
de la Renaissance (Mém. de la Soc. nat. des Antiquaires de
France, 1887, p. 214).

2. Voyez Treu, Sollen wir unsere Statuen bemalen? Berlin, 1884.

BULLETIN DE L'ART POUR TOUS. — N° 81.
 
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