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Bulletin de l' art pour tous — 1892

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No 81 (Septembre 1892)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24421#0034
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BULLETIN DE L'ART POUR TOUS

N° 81

à s'ébranler ; on a pu voir, à nos derniers Salons,
une gracieuse figure de femme, en marbre,
polychromée des pieds à la tète, des plâtres
égayés par des touches de couleur ou d'or, des
pâtes de verre coloriées, qui témoignent d'une
connaissance plus exacte de l'histoire. On n'en
restera pas là, mais il est à craindre que le
public ne se montre longtemps encore rebelle
à ces audaces. Parmi les causes multiples de
sa répugnance, il en est une qui subsistera
toujours. Une statue, pour un Grec, était un
être animé; même quand elle ne représentait
pas une divinité, son polythéisme la douait d'une
vie latente et mystérieuse, analogue à celle que
la crédulité populaire, surtout celle des peuples
du Midi, place dans certaines figures de madones.
De là ses sentiments, très différents des nôtres,
en présence des œuvres de la plastique. Eschyle
peint Ménélas, après la fuite d'Hélène, essayant
de se consoler par la vue des belles statues qui
ornaient son palais. On a vu avec quel soin les
statues de Délos étaient parfumées ; la même
coutume exislait à Chéronée et, sans doute, dans
beaucoup de sanctuaires de la Grèce. C'est là,
en partie, ce qui explique la polychromie de la
sculpture chez les Grecs. A ces statues qui
avaient une âme, il fallait donner les apparences
de la vie, et quel moyen y était plus propre que
la couleur? Il en est, pour nous, tout autrement.
Une statue, à nos yeux, n'est qu'une œuvre d'art ;
nous n'y voulons que la beauté des lignes, et
il nous répugnerait de la voir descendre à une
imitation trop scrupuleuse de l'humanité con-
trefaite ou vulgaire. Voilà pourquoi, instincti-
vement, la polychromie nous choque et pourquoi
il nous faudra toujours faire un effort pour
l'accepter.

Un mot, pour finir, de la coloration des bas-
reliefs. Ils étaient peints comme les statues,
mais leur mode d'enluminure paraît avoir varié
suivant les lieux. Les beaux sarcophages du
ivK siècle découverts à Saïda, et qui seront pro-
chainement publiés1, portent les traces d'une
polychromie compliquée et somptueuse. On a
trouvé en Lycie, dans ce pays où la couleur
éclatait partout en notes vives, des ex-voto où
le nu des personnages a le ton de la chair,
tandis que leurs vêtements présentent les nuances
les plus variées. Les ex-voto antiques étaient
peints, semble-t-il, d'une manière plus conven-
tionnelle : le fond en était bleu ; les cheveux des
personnages y étaient coloriés en rouge ou

Fig. ni.

dorés. Sur un curieux ex-voto de Mégarc (fig. 171),
on distingue, entre deux figures en relief repré-
sentant Aphrodite et un suppliant, un autel et
un arbre peints, réduits à l'état d'esquisse à
peine visible. Si dépourvus de mérite que soient
ces monuments, ils prouvent l'étroite alliance
qui existait entre la sculpture et la peinture. Si
l'on songe que beaucoup de peintres étaient
aussi sculpteurs, que Phidias avait été peintre
el que, parmi ceux qui avaient fait faire à l'en-
caustique les plus grands progrès, la tradition
rangeait Praxitèle, on sera plus frappé encore
de cette intime union, qui rendait, aux yeùx des
Grecs, la couleur inséparable de la forme et
l'associait à la sculpture comme un élément
indispensable de beauté.

Paul Girard.

1. Par Hamdi Bey et M. Th. Reinach.

I École nationale des Arts décoratifs I

f ;_

La distribution des prix attribués aux I
élèves de l'École pour l'exercice 1891-92 j
a eu lieu à l'amphithéâtre de la nouvelle
Sorbonne sous la présidence de M. Tolain, j
sénateur, assisté du personnel de la direc-
j tion des Beaux-Arts et des professeurs de
l'École.

Section des Jeunes Gens
Dessin

Deuxième grand prix de dessin en loges :
Béronneau.

Prix Falize, dessin de plante vivante : Millière.
Grand prix des fabricants de bronze, compo-
sition : Deperthes et Célos.
Prix Ch. Delagrave, anatomie comparée: Nicod.

Sculpture

Grand prix de sculpture en loges : Lardillier.
Prix Jacquot en loges, sculpture ornemen- j

laie : Seguin.
Prix du Ministre, applications décoratives :

Lardillier.
Prix Aimé-Millet, antique : Hermant.

Architecture

Grand prix, composition d'architecture : Bricard.
Prix Jay, section d'architecture (tous les points

réunis) : Bricard.
Prix Normand, épures descriptives : Bricard.
Prix Lebègue, compositions d'architecture :

Mallet;

— Cours oral architecture-jour : Koelitz.
PrixBloche, dessin d'architecture : Lelong.

Composition d'ornement

Grand prix de composition d'ornement en loges :
Lelong.

Médaille de la Société centrale des architectes :
Lelong.

Prix Biais, attribution des livrets aux logïstes:
Deperthes, Mouchon, Houry.

Atelier

Grand prix, lrc division, fondation Dubouché :
Béronneau.

Grand prix, 2e division, prix du Ministre :
Rudnicki.

Prix de la Société libre des beaux-arts :
Béronneau.

Mathématiques

Prix du Ministre, arithmétique : Descellier.
Prix du Ministre, dessin géométrique : Broux.
Prix Ch. Delagrave, géométrie : Neukomm.
Grand prixd'honneurdel'École: Bricard(Arthur).

Par suile de l'application de la loi mili-
taire de 1889, les élèves qui ont obtenu les
prix d'honneur de l'École, Jay, Jacquot,
le prix de composition d'ornement en loges
et les prix d'atelier de peinture, sculpture
et architecture sont proclamés exonérés de
j deux années de service militaire.

Section des Jeunes Filles

Prix du Ministre, dessin d'après l'antique : Lucie
Bloc;

— Plantes : Marie-Louise Delmas.
Dessin d'ornement : A. Bonvalol.
Dessin géométrique : Berthe Pra-Viguier.

Architecture

Prix du Ministre : Lucie Bloc.
Prix de la Société de propagation des livres
d'art: Marthe Detot.

Composition d'ornement
Prix du Ministre : Marthe Detot.
Prix de la Société de propagation des livres
d'art : Jeanne Bogureau.

Sculpture
Prix : Gabrielle Bault.

Gravure sur bois
Prix : Louise Bories.

Grand prix d'honneur : Bloc (Lucie).

Immédiatement après la distribution, il
a été procédé à l'ouverture de l'Exposition
des travaux des élèves, rue de l'École-de-
Médecine et rue de Seine, n° 10.

Beaux-Arts

Grands prix de Rome. — Nous avons
donné, dans notre précédent Bulletin, le résultat
du concours dans la seclion de peinture. Voici
les résultats obtenus dans les autres sections:

Sculpture. — Premier grand prix : M. Lefebvre
(Hippolyte), premier second grand prix de 1891,
élève de M. Cavelier ;

Premier second grand prix : M. Clausade
(Louis), élève de MM. Falguière et Gauthier;

Deuxième second grand prix : M. Delépine
(Emile), élève de M. Cavelier.

Architecture. — Premier grand prix : M. Ber-
tone (Émile-Pierre), élève de M. Ginain.

Premier second grand prix : M. Deperthes
(Jules-Louis), élève de MM. Ginain et Deperthes.

Deuxième second grand prix : M. Tronchet
(Guillaume), élève de MM. André et Laloux.

Gravure en taille-douce. — Premier grand prix :
M. Dezarrois ;

Premier second grand prix : M. Germain.

Deuxième second grand prix : M. Mayeur.

-O-

Le prix Bordin n'ayant pas été décerné
cette année sur le sujet mis au concours, vu
l'insuffisance des mémoires présentés, l'Aca-
démie a, comme elle y est autorisée par les
termes de la fondation, fait un choix parmi les
meilleurs ouvrages sur l'Art parus dans ces deux
dernières années pour l'atlribution du prix, et
elle a décidé que le prix serait partagé ainsi
qu'il suit : 2,000 francs à MM. Fournereau et
Porcher, pour leur étude artistique et historique
sur les monuments khmers du Cambodge sia-
mois, et 1,000 francs à M. Bouchot pour ses pu-
blications sur les Clouet.

. -O-

Le musée du Louvre. — Le Louvre vient
de s'enrichir d'un magnifique bronze vénitien,
dû à un sculpteur anonyme des dernières années
du xve ou des premières du xvie siècle et qui
représente un homme nu. Sa hauteur est de
40 centimètres environ. Le poids du corps
porte sur la jambe droite; le bras gauche, négli-
gemment replié, s'appuie du dos de la main sur
la hanche; la main droite, relevée à la hauteur
des épaules, se ferme sur la hampe d'une lance
ou d'un léger gonfanon, malheureusement dis-
paru; la tête est coiffée d'une de ces perruques
rondes, si à la mode au temps des Bellini et qui
couvraient non seulement le front, mais la nuque.

Le visage, imberbe et jeune, est viril : les
pommettes en saillie, le relief accentué de la
mâchoire, le menton proéminent et rond, même
massif, disent un homme dans toute la force de
l'âge, un homme hardi, prêt à tout, ayant plus
d'appétits que de principes, un de ces intrépides
condottieri qui défendaient, à prix débattu, dans
leurs luttes contre les ennemis du dehors, les
républiques toscanes ou lombardes, et qui les
étranglaient au besoin.

Le corps est idéalement beau de proportions
et modelé avec une rare puissance, avec une
énergie concentrée qui n'excluent ni la souplesse
ni la grâce. Dans ces bras ronds et pleins, dans
 
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