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Bulletin de l' art pour tous — 1904

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No 222 (Juin 1904)
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43e Année

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PARIS

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Juin 1904

NOTICE HISTORIQUE SUR L’ENSEIGNEMENT DU DESSIN j

en. Fi-ano©

Par Henry Guédy
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j

L’enseignement du dessin donné en France
d’une façon régulière ne remonte qu’à l’année
1852; avant celte époque, le dessin était consi- j
déré comme un simple art d’agrément, et son j
enseignement lui-même étail regardé comme une j
entrave aux études classiques, aux haules spè- !
dilations de l’esprit.

On organisait alors les classes de dessin, dans j
les établissements d’instruction publique, d’une j
façon très sommaire; elle consistait, pour le
recrutement des élèves, à faire passer dans j
chaque classe une liste sur laquelle s’inscrivait
qui voulait. Bien des fois le chef de l’établisse- j
ment voyait d’un œil inquiet ces listes, surtout
quand il y rencontrait le nom des élèves sur j
lesquels il co nptait pour cueillir les lauriers !
universitaires.! Le cours de dessin était, en j
quelque sorte, l’apanage des derniers‘de chaque !
classe et les élèves qui en faisaient partie étaient
peu appréciés de tout le personnel enseignant;
car pour la plupart des inscrits, la classe de
dessin était une récréation; elle prenait rang
entre la classe de chant et la gymnastique. .

Que résultait-il de celte conception du dessin? !
C’est que ceux qui se destinaient à des proies- !
sions libérales-, les futurs médecins, les avocats, j

savaient à peine dessiner. Peu à peu un revire-
nient s’opéra en laveur de l’élude du dessin; on ;
le voit se manifester aussitôt après l’Exposition
de 1851 par des publications qui eurent une
grande action sur l’opinion pub'ique.

En 1852,1e Ministre de l’Instruction publique j
d’alors, M. de Fortoul, chargea une Commission
présidée par M. Ravaisson et composée de
MM. Brongniard, Ingres, Picot, Simart, Belloc, 1
Eugène Delacroix, Hippqlyte Flandrin, Meisso- j
nier, Jouffroy, Duc, Gustave Pillet de rechercher j
le meilleur plan qu’il convenait d’adopter pour j
l’enseignement du dessin dans les lycées. Celle :
Commission commença immédiatement ses j
travaux. Ingres, Jouffroy et Meissonier ne purent j
y prendre part.

Au bout d’un an la Commission ainsi constituée \
proposa un plan d’études dont nous allons ré- j
sumer les grandes lignes. Ce plan indiquait: j

l’étude des profils des principaux membres dont j
les édifices se composent, puis le dessin des ’
vases, consoles, vasques, baluslres, candéle- j
bres; — l’étude des proportions; —• l’indication ;
des modifications que les formes doivent prendre
selon la diversité des matières et d’après leur
nature différente : marbre, pierre, granit, bois, !
fer, bronze, métaux précieux; —l’étude de l’or- |
nemenlalion, règne animal, règne végétal, élude }
dans laquelle on devait montrer surtout comment ;
on peut modifier les éléments fournis par la J
nature pour les appliquer à l’ornementation; —■ j
l’élude des modèles empruntés à l’art grec; —
quelques modèles empruntés à l’art romain et à |
l’art oriental, à celui du moyen âge et de la Re- ;
naissance; — quelques leçons qui initieraient j
dans une certaine mesure à la connaissance des j
rapports et de l’harmonie des tons. Enfin, pour j
le dessin de figure, outre les modèles de formes J
artificielles et d’ornement, l’on pourrait produire j
dans la durée du cours d’autres chefs-d’œuvre {
de l'art placés partout dans les lycées, sous les j
yeux de la jeunesse, comme les marbres du i
Parthènon d’Athènes ou de Vulci.

Ce plan d’études établi, les membres de la j
Commission demandèrent au ministre de prendre i
un arrêté aux termes duquel l’enseignement du
dessin devait commencer en sixième, où on lui j
ferait une place à côté de l’enseignement de !

l’écriture, et se poursuivre jusqu’à la dernière
classe.

En sixième et en cinquième, une leçon seu-
lement par semaine devait être consacrée aux
exercices préparatoires.

En quatrième, deux leçons par semaine
devaient êlre consacrées à l’enseignement régu-
lier et approfondi du dessin, à l’étude des prin-
cipes scientifiques de l’art et aux éléments de la
figure humaine.

Ce plan et ces désirs formulés, il fallait pour
y répondre une phalange de professeurs capa-
bles d enseigner ces principes, et surtout doués
d’une assez bonne volonLé pour se résoudre à
laisser complètement de côté les errements de
jadis ; car le professeur de dessin d’autrefois était
une figure très spéciale dans le corps universi-
taire. C’était pour bien des gens et non des
moins lettrés, dit M. Bonnaud, « le Monsieur qui
expose au Salon ou qui a exposé »: c’était l’ar-
tiste qui avait accepté les fonctions de profes-
seur uniquement par mesure de prudence contre
le chômage artistique, et qui venait deux heures
par jour dans l’établissement universitaire qui
lui était attribué corriger l’élève le mieux doué,
pendant que les autres lisaient en cachette ou
commençaient leur devoir. Les conseils du pro-
fesseur étaient ce qu’ils pouvaient être, et que
pouvaient-ils bien être? Excellents quelquefois,
mais n’ayant d'autre sanction que l’impuissance;
en effet, comment pouvait-il en êlre autrement
parmi des élèves de douze à dix-huit ans groupés
ensemble, sans distinction d’âge, de culture
antérieure el de capacités?

Les professeurs d’autrefois étaient assez
souvent des artistes d’une certaine valeur, mais
ils ignoraient leur l’onction autant que l’Adminis-
tration elle-même. Beaucoup d’entre eux ne la
soupçonnaient-même pas. Sans doute ils avaient
appris ainsi, et se contentaient de leur science;
ils continuaient la tradition.

Est-ce bien eux qu’il faut blâmer, et ne devrions-
nous pas, au contraire, admirer leur constance
et leur résignation en présence de situations
pareilles; car enfin ils n’avaient pas créé cet état
de choses, ils en étaient seulement les victimes.
Le rôle qui leur était assigné était plutôt le
résultat d’un dédain injustifié, d’un préjugé ou
d’une ignorance générale des effets de l’éduca-
tion esthétique par le dessin.

Le professeur de jadis, on le rencontrait à peu
près dans les établissements universitaires de
France; il était recruté sans concours, et choisi
par les proviseurs des lycées sans aucune ga-
rantie légale. Était-ce un tort, était-ce un bien?
C’est ce que nous étudierons plus loin, mais nous
pouvons affirmer de suite que le niveau pure-
ment artistique — nous ne parlons pas des qua-
lités pédagogiques —• était plus élevé autrefois
qu’il ne l’est aujourd’hui : cette constatation.a été
laite bien souvent.

La Commission nommée par M. de Fortoul,
et que présidait M. Ravaisson, crut devoir pro-
poser au ministre d’établir pour les aspirants
professeurs de dessin un examen spécial de
capacité dont ,un règlement devait déterminer
les matières; seuls, à l’avenir, les candidats
munis de ce brevet pourraient être chargés d’en-
seigner le dessin. Cependant, pour ne pas
éloigner d’un seul coup de l’Université un per-
sonnel qui avait consacré de longues années à
l’enseignement, la Commission émit le vœu, qui
fut accepté par le ministre, de donner le titre de
professeur de dessin avec les avantages qu’il
entraînait, immédiatement et sans examen, aux
professeurs qui avaient rendu de longs et bons
services dans les divers établissements d’ins-
truction publique.

A la suite de ces vœux, le ministre de l’Ins-
truction publique, prit un arrêté en date du

29 décembre 1853; cet arrêté réglementait ainsi
l’enseignement du dessin dans les divers établis-
sements :

L’enseignement du dessin devait commencer
à la classe de sixième et être continué d’année
en année jusqu’à la classe de logique inclusi-
vement.

Cet enseignement devait être donné à tous
les élèves internes et aux élèves externes qui
étaient admis aux conférences.

« Dans les classes de sixième et de cinquième,
dit l’arrêté, une leçon d’une heure par semaine
est consacrée à des exercices préparatoires; ces
exercices ont pour objet : en premier lieu, l’imi-
tation de figures simples telles que celles des
solides réguliers, et les éléments que l'ornemen-
tation emprunte le plus’ordinairement au règne
végétal; en second lieu, l’imitation des parties
de la tête.

« En quatrième, les deux leçons hebdoma-
daires ont pour objet : 1° l’étude théorique et
pratique des éléments de la perspective.; 2° l’é-
tude élémentaire de la structure de l’homme et
des proportions du corps humain au point de
vue du dessin; 3° le dessin des parties de la tête
et de la tête entière d’après cîes estampes ou
photographies.

« Trois leçons par quinzaine seront consa-
crées :

« Dans les classes de troisième et de seconde :
au dessin de la tête et des extrémités d’après
des estampes ou photographies d’après la bosse;

« Dans les classes de rhétorique et de logique :
au dessin de torse et académies d’après les
estampes ou photographies d’après la bosse.

« La quatrième leçon à partir de la classe de
troisième inclusivement a pour objet le dessin
des formes artificielles, parties d’édifices,
meubles, vases, candélabres et ornements.

« A la fin de la dernière année du cours les
élèves reproduiront quelques modèles d'orne-
ments en couleur.

« Les modèles sont tous empruntés aux grands
maîtres de l’art. Ils ne sont admis dans les classes
de dessin qu’après avoir été approuvés par le
Ministre de l’Instruction publique.

« A la fin de chaque année les élèves sont
tenus de présenter un nombre déterminé de
feuilles, dont l’ensemble constituera un cours
gradué de dessin.

« Les professeurs de dessin dans les lycées
sont nommés par le Ministre de l’Instruction
publique; leur traitement est fixé de la manière
suivante :

Lycées de Paris....... 2500 francs.

Lycées ( 1™ classe. . 2000 —

des .< 2e — . . 1800 —

départements. ( 3* — . . 1500 —

Outre les inspecteurs ordinaires chargés de
toutes les parties des éludes, l’enseignement du
dessin devait être soumis à des inspections
spéciales.

*

* *

L'enseignement du dessin, si l’on envisage
l’arrêté qui précède, paraissait être complète-
ment organisé et dans l’esprit des membres;de la
Commission il devait donner des résultats appré-
ciables; il n’en fut rien. En 1866, dit M. Jules
Pillet (1), à la suite des premières expositions de
l’Union Centrale, qui avait convié à des concours
de dessin les élèves de toutes les écoles de
France, on fut frappé de la faiblesse des résul-
tats, du désarroi dans les méthodes, ainsi que
de la stérilité des études de dessin. L’Union
Centrale priait alors M. Eugène Guillaume de 1

(1) Monographie de renseignement du dessin de 1878
à 1889. -

BULLETIN DE L’ART POUR TOUS. — N° 222.
 
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