pas entièrement rassuré (cf. pl. IV, fig. A). Et comment aurais-je pu 1’être, puisque les autels
de ce genre, et les fragiles et trop précieux assemblages qui les surmontaient, ont péri depuis
longtemps? Nous avons bien quelques descriptions faites par les anciens chroniqueurs;
mais les archéologues savent combien ces descriptions sont obscures, tant qu’on n’a pas
de renseignements graphiques. Or, précisément, je n’avais troiivé nulle part encore de
miniature ancienne représentant un autel paré a 1’antique. Quelle ne fut pas mon étonnement,
en ouvrant 1’Evangéliaire d’Egmond, d’apercevoir mon autel de St. Martin, ou plutöt son
frère ainé, peut-être son archétype, dessiné par un moine du pays, a la fin du Xe siècle!
Dirons-nous, pour autant, que la cathédrale d’Utrecht suivait en 1200 les traditions
ornementales de la grande abbaye bénédictine ? Ce serait peut-être mal connaïtre la rivalité
qui régna, dans tous les temps et dans tous les pays, entre deux puissantes églises trop
rapprochées, rivalité qui les entraïnait souvent en des voies différentes. II faut plutót dire
qu’au début du XII Ie siècle,
grace a l Ordinaire, la cathé-
drale d’Utrecht gardait encore
les traditions liturgiques du
haut moyen age, traditions
qui étaient universelles aux
environs de 1’an 1000, et qui
trouvent ici, dans la miniature
d’Egmond, leur fidéle repré-
ALTAR€ 5CTI /AARTim
sentation. On voudra bien Prunum &W:columnsc<sv<n A^nctoromóincU.
remarquer que cette restric-
tion, qui explique la coïn-
cidence de nos deux docu-
ments, ne leur enlève rien
de leur intérêt; bien au
] <vltAr/2 quö.èr<xn^lum ^SiarjAColum cum
uno^m h^bins pUnt^tion^ni ,<U|C1S Ei r^Pliqaüs.
~J ifcrtiurn cum .q columnis . O C
+<stion«.m in
t^rTi-s ^SiCAtionS
contraire, 1’Ordinaire de 1200 trouve son commentaire concret dans le dessin de 1’an 1000,
indépendant de lui, mais tributaire d’une même tradition. Et du même coup, ce dessin,
assez bizarre a première vue, acquiert le caractère d’une esquisse a prétentions historiques.
* *
*
Le »Liber S. Adalberti” nous dit, en de laborieux hexamêtres, comment le comte
Thierry II (i- 988)
»auro cum gemmis aram struxit speciosis.” a)
Sur le dessin, la partie supérieure de la table d’autel est, en effet, dorée. C’était
un autel en bois recouvert de plaques de métal précieux, tel qu’on en trouve mentionnés
dans les chroniques de cette époque. A la fin du Xe siècle, les abbés de Lobbes, de 1
1) Die Egmonder Geschichtsquellen, p. 48. Cf. Oppermann, Die Egmonder Falschungen, p. 83, 130.
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de ce genre, et les fragiles et trop précieux assemblages qui les surmontaient, ont péri depuis
longtemps? Nous avons bien quelques descriptions faites par les anciens chroniqueurs;
mais les archéologues savent combien ces descriptions sont obscures, tant qu’on n’a pas
de renseignements graphiques. Or, précisément, je n’avais troiivé nulle part encore de
miniature ancienne représentant un autel paré a 1’antique. Quelle ne fut pas mon étonnement,
en ouvrant 1’Evangéliaire d’Egmond, d’apercevoir mon autel de St. Martin, ou plutöt son
frère ainé, peut-être son archétype, dessiné par un moine du pays, a la fin du Xe siècle!
Dirons-nous, pour autant, que la cathédrale d’Utrecht suivait en 1200 les traditions
ornementales de la grande abbaye bénédictine ? Ce serait peut-être mal connaïtre la rivalité
qui régna, dans tous les temps et dans tous les pays, entre deux puissantes églises trop
rapprochées, rivalité qui les entraïnait souvent en des voies différentes. II faut plutót dire
qu’au début du XII Ie siècle,
grace a l Ordinaire, la cathé-
drale d’Utrecht gardait encore
les traditions liturgiques du
haut moyen age, traditions
qui étaient universelles aux
environs de 1’an 1000, et qui
trouvent ici, dans la miniature
d’Egmond, leur fidéle repré-
ALTAR€ 5CTI /AARTim
sentation. On voudra bien Prunum &W:columnsc<sv<n A^nctoromóincU.
remarquer que cette restric-
tion, qui explique la coïn-
cidence de nos deux docu-
ments, ne leur enlève rien
de leur intérêt; bien au
] <vltAr/2 quö.èr<xn^lum ^SiarjAColum cum
uno^m h^bins pUnt^tion^ni ,<U|C1S Ei r^Pliqaüs.
~J ifcrtiurn cum .q columnis . O C
+<stion«.m in
t^rTi-s ^SiCAtionS
contraire, 1’Ordinaire de 1200 trouve son commentaire concret dans le dessin de 1’an 1000,
indépendant de lui, mais tributaire d’une même tradition. Et du même coup, ce dessin,
assez bizarre a première vue, acquiert le caractère d’une esquisse a prétentions historiques.
* *
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Le »Liber S. Adalberti” nous dit, en de laborieux hexamêtres, comment le comte
Thierry II (i- 988)
»auro cum gemmis aram struxit speciosis.” a)
Sur le dessin, la partie supérieure de la table d’autel est, en effet, dorée. C’était
un autel en bois recouvert de plaques de métal précieux, tel qu’on en trouve mentionnés
dans les chroniques de cette époque. A la fin du Xe siècle, les abbés de Lobbes, de 1
1) Die Egmonder Geschichtsquellen, p. 48. Cf. Oppermann, Die Egmonder Falschungen, p. 83, 130.
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