Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
IO

BULLETIN DES MUSEES ROYAUX

d’osier, et au nom du bon goût et de la décence, il
lui fit réintégrer le hangar où on le remisait. Et
depuis il n’en est plus sorti.

Bon goût, que de crimes l’on commet en ton
nom! Puisse Saint-Michel protéger notre Manne-
ken contre semblable attentat !

*

^ *

En feuilletant le livre de M. Pazaurek, nous
avons été quelque peu surpris d’y rencontrer un
vase attique de la fin du vie siècle, comme pêchant
contre la symétrie
et l’équilibre.

Or, les vases grecs
passent, en général,
pour être les objets
d’art industriel chez
lesquels forme, dé-
cor et usage sont
dans le plus parfait
accord. Il nous
semble, en effet,
que c’est pour
n’avoir pas tenu
compte de l'usage
du vase en ques-
tion, que M. Pa-
zaurek l’a frappé
d’une condamna-
tion injuste. Et si
un juge tel que
M. Pazaurek a pu
le faire, c’est que
la chose demande sans doute quelque éclaircis-
sement. Que ceci soit donc l’excuse de ces quel-
ques lignes.

*

* *

Le vase incriminé (du Musée de Würzbourg)
est une oinochoe (broc à vin) attique à figures
noires, du type appellé Olpé, par les archéologues.
Il est l’œuvre du potier Amasis, qui travaillait à
Athènes au cours de la deuxième moitié du
viesiècle avant J. C. Un vase analogue, de la même
main, se trouve au musée du Louvre. La carac-
téristique du vase est que le tableau réservé, con-
tenant la décoration figurée, se trouve sur la
moitié droite de la panse, alors qu’on s’attendrait
à le trouver au milieu, ce qui serait conforme à la
symétrie habituelle et ce qui est en effet le cas
dans les olpés et les oinochoes attiques d’époque
postérieure.

Amasis, représentant, à Athènes, des influences

ioniennes (il était sans doute ionien d’origine)
emprunta cette forme au dehors, sans doute à
Corinthe (i).

Nous possédons deux vases corinthiens de ce
type (2) dont la fameuse oinochoe avec représen-
tation du Deuil d’Achille, illustration directe de
l’Iliade. Nous en donnons la face et le profil au
trait, le sujet lui-même nous important peu en
cette occurence (3).

Voyons comment l’on se servait du vase :

Déjà à l’époque de sa fabrication (vn-vie siècle
avant J. C.) les Grecs prenaient leur repas

étendus sur des lits,
comme le montre
la représentation de
notre vase (Achille
est à table, c’est-à-
dire couché et fait
des façons pour
manger) et de nom-
bre de vases con-
temporains. Le
convive était éten-
du sur le côté gau-
che, et s’appuyait
sur le coude gau-
che. L’esclave char-
gé de remplir les
coupes de vin,
tenant l’oinochoe
dans la main droite,
en présentait ainsi
le flanc droit aux
regards du convive.
C’était donc, en bonne logique, là que devait se
trouver la représentation.

La céramique grecque (et particulièrement dans
ses produits corinthiens et attiques) est un vaste
livre d’images aux cent feuillets divers. Le soin que,
dès l’époque archaïque, l’on apporte au choix des
sujets, les inscriptions que l’on y ajoute pour les
rendre plus compréhensibles, prouvent que le
public prenait un intérêt particulier à ces sujets.
Ils racontaient la fable et l’épopée comme jadis
les aëdes aux banquets des cours ioniennes. C’est
en vidant plats et coupes que l’on prenait plaisir
à leur décor, et les causeries et les dissertations,

(1) Pottier, Vases du Louvre F. 3o (Amasis) A. 474
(pl. XVI) E. 647-648 (pl. LI) Corinthe.

(2) L’un d’eux provenant de Milo et décoré d’un lion,
n’est peut être pas de fabrication corinthienne.

(3) Reproduit en couleurs Jahrbuch des Arch. Inst. 1892
pl. I (Froehner).
 
Annotationen