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11e ANNÉE

PARAISSANT TOUS LES MOIS

N° g. SEPTEMBRE 1912

BULLETIN

DES MUSÉES ROYAUX

DU CINQUANTENAIRE

(Antiquités, Industries T Art, Art monumental et décoratif, Armes et Armures, Ethnographie)

A BRUXELLES

Ce bulletin sert d'organe à la Société des Amis des Musées royaux de l'Etat, à Bruxelles.

Il est distribué gratuitement aux Membres de la Société.

ABONNEMENTS :

Pour la Belgique . . 5 francs. — Pour l'étranger . . 6 fr. 50. — Le numéro . . 50 centimes.

A PROPOS DE LA STATUE ANTIQUE
DITE « LA POÉTESSE „

Parmi les œuvres de la sculpture antique qui
ont été acquises par le Musée du Cinquante-
naire à la vente Somzée, la plus gracieuse est peut-
être une statue mutilée (fig. 1), dont les archéo-
logues n'ont pas reconnu sans peine le caractère.
Une jeune fille s’avance posément, la jambe
droite repliée en arrière, le pied légèrement
appuyé sur le sol. Elle est vêtue d’un simple
manteau dont le bord supérieur, enroulé, forme
un étroit bourrelet qui traverse la poitrine en
découvrant le sein droit. Ce manteau est garni
de petits cordons destinés à l’attacher. Il enve-
loppe le bras gauche, vers lequel convergent
tous ses plis, et à travers la fine étoffe de
laine, étroitement serrée, transparaissent les
formes délicates, presque graciles, d’un corps
virginal. Le bras gauche, brisé au-dessus du
coude, était replié en avant ; le droit manque
depuis l’épaule. Une protubérance, visible au-
dessous de l’aisselle, sur le premier pli du vête-
ment, est le reste de quelque attribut ou, plus
probablement, d’un tenon.

La partie inférieure de la statue, depuis la ligne
que nous avons tracée, était restaurée et fausse-
ment restaurée, car cette déesse ou mortelle ne
portait pas de chiton sous son manteau et ses
jambes devaient être nues. On l’a aujourd’hui dé-
barassée de ses pieds postiches et de sa chemise
d emprunt, et elle y a gagné à la fois en beauté et
en vérité.

L attitude prêtée à cette jeune fille et ses

formes élancées, ainsi que la sobre élégance de
la draperie, traitée avec un art admirable dans sa
simplicité, révèlent dans ce morceau délicat la
main d’un sculpteur du ive siècle. L’original
devait certainement être une œuvre célèbre, car
en en connaît déjà deux autres reproductions.

Comme l’a remarqué Furtwàngler (1) dans son
catalogue de la collection Somzée, le Palais des
Conservateurs au Capitole en possède une ré-
plique, dont on a fait la muse Uranie (fig. 2) (2).
Si l’on supprime la tête et les bras, qui sont
modernes, avec les attributs que la fantaisie du
restaurateur lui a mis dans les mains, cette
prétendue Uranie redeviendra semblable à notre
fragment. On remarque de plus, au-dessus de la
hanche, un reste de tenon qui marque la vraie
direction du bras. Détail plus important encore :
aux pieds de la statue est placé un coffret rond
semblable à ceux dont se servaient les anciens
pour serrer leurs manuscrits roulés. Comme un
pareil coffret caractérise souvent dans l’art antique
les écrivains, M. Arndt a voulu reconnaître dans
notre jeune fille a une poétesse », et il a supposé
que la main gauche tenait une l}rre et la droite
le plectron (3). C’est encore comme « statue
d’une poétesse » que notre marbre du Cinquan-
tenaire est désigné sur son socle. M. Furtwàngler,

(h Furtwàngler, Collection Somzée, 1897, n° 37 et
pl. XX.

(2) Reproduite d’après une photographie Alinari (11743 .
Cf. sur cette statue : Helbig, Fiïhrer dnrcli die Sammlun-
gen in Rom, 2e éd., n° 6o3.

(3’ Arndt-Bruckmann, Griech. und rom. Portraits,
nos 143-4.
 
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