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DU CINQUANTENAIRE

i5

communs de l’iconographie chrétienne, se ren-
contre très fréquemment sur les plats en laiton
d’origine allemande, flamande ou dinantaise.

Le couple sous l’arbre chargé de fruits (un
pommier, j’imagine) a un cachet et une vie qui
excluent immédiatement l’hypothèse d’un travail
fait purement de pratique. Et si l’on jette un
coup d’œil sur les divers animaux, on sera frappé
de la note pittoresque qu’ils apportent à cette naïve
image. Le dinandier procède sans suite au gré
de sa fantai-
sie. On remar-
que en haut
à gauche un
lapin, un bou-
quetin qui voi-
sine avec un
dromadaire,
et ce dernier
n’est pas loin
d’un loup qui
se retourne
du côté du pre-
mier homme.

Sous nos pre-
miers ancê-
tres, on aper-
çoit un lièvre,
un sanglier,
un renard
poursuivi par
un chien. En
remontant
vers la droite,
on note, se
dirigeant vers
la périphérie,
un lion, un
éléphant, et, dans l’autre sens, un lièvre et un
coq.

Quant au marli, il est décoré de sept grappes
de raisins alternant avec des feuillages de fantai-
sie qui s’enlèvent sur un fond dégradé au matoir.
On remarquera de-ci de-là des ronds, des ovales,
de très petites dimensions obtenus au moyen des
poinçons, sur les parties lisses.

Ce plat fournit la preuve de ce qu’un artisan
est capable lorsqu’il a de l’humour et du métier.

Faut-il remarquer que cette saveur de bon aloi
et cette naïveté de présentation sont trop souvent
inconnues aux artisans de nos jours. Le machi-
nisme contemporain, tout comme celui d’autre-
fois qui employait la matrice, ne nous donne
jamais l’impression d’une chose observée et res-

sentie. C’est ce qui assure du reste aux plats de
Dinant une supériorité marquée sur les spécimens
les plus brillants procédant de l’industrie de
Nuremberg que le commerce a éparpillés sur tous
les coins de l’Europe et même dans certaines con-
trées de l’Orient.

En l’occurrence, l’auteur de ce plat a recours à
tous les procédés propres aux dinantais à savoir :
au repoussé, à la ciselure, à la gravure, au poin-
çonnage, encore que, pour ce dernier procédé, la

différence soit
sensible avec
celui qu’on
observe dans
les produc-
tions de Di-
nant. Au lieu
de décorer
simplement
sur le pour-
tour, comme
on le faisait
habituelle-
ment, il a pris
plaisir à poin-
çonner des
feuillages dé-
coratifs. Peut-
être faudrait-
il, dans le cas
présent, son-
ger à des ate-
liers d’Aix-la-
Chapelle où,
au xve siècle,
les dinantais
s’étaient fixés
après le siège
de Dinant, en 1466, par Philippe et le comte de
Charolais.

Le spécimen nouvellement acquis semble, en
effet, s’apparenter à un plat de la Wartbourg attri-
bué par M. Pelzer, avec beaucoup de vraisemblance
à l’industrie d’Aix-la-Chapelle. Le fond du plat
est pris par la figure de Charlemagne représenté
debout, sous les dehors d’un homme de haute sta-
ture portant la barbe pleine, les cheveux sur les
épaules. Son front est ceint d’un diadème; il est
revêtu d’une armure complète et d’un grand
manteau. Dans la main droite, il tient le dôme
en miniature et dans la main gauche un sceptre.
Dans le fond on aperçoit la ville d’Aix-la-Chapelle
avec ses remparts et ses édifices. Et sous la cou-
ronne laurée se lit l’inscription : S. CAROLVS
 
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