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BULLETIN DES MUSEES ROYAUX

pourtour. Enfin, le ciel est pourvu d’un amortis-
sement sphéroïdal d’où partent des rayons flam-
boyants. Deux anges à mi-corps, vêtus de robes
grenat, les ailes relevées, écartent les draperies de
la tente pour montrer Y auguste Sacrement des
autels.

A droite et à gauche du culot sont disposés
deux écus : l’un d’or aux
cinq plaies du Sauveur;
l’autre, plus ou moins
oblitéré, coupé en chef
d’argent, en pointe de
sable. Tout le décor plas-
tique qui vient d’être dé-
crit s’enlève sur un fond
noir.

L’idée de présenter
l’Eucharistie sous une
sorte de tente a eu son
application, ici à Bruxel-
les, dans l’Ostensoir du
Saint-Sacrement des Mi-
racles qui nous est con-
nu par la peinture et la
gravure. La monstrance
actuelle n’est, en effet,
qu’une imitation remon-
tant au xixe sièclê.

Ce qui caractérise le
panneau que nous pu-
blions, c’est le dais, qui
est la forme la plus
expressive de l’hommage
rendu au Dieu caché de
l’Eucharistie. Comme le
dosseret ou drap d'hon-
neur, le dais n’est accor-
dé qu’aux personnages
augustes. On le voit
figurer dans maints ma-
nuscrits, dans des scènes
telles que la Circoncision
ou la Présentation de
Jésus-Christ au Temple. 11 apparaît encore au-
dessus des autels et il a souvent l’aspect d’un
cône creux pourvu d’un bord droit.

Au moyen âge, les princes et les prélats fai-
saient leur entrée solennelle sous un dais portatif,
et l’usage s’en est conservé jusqu'à nos jours dans
l’église catholique.

Dans les Heures de Turin, une enluminure
attribuée à Jean Van Eyck représente le Père
Eternel, dont le trône repose sur la nue qu’illu-
minent les rayons du soleil ; une gloire brillante

entoure sa tête; à sa droite, un ange portant
le lis, symbole de la paix, et à sa gauche un
ange ayant en mains le glaive de la justice,
écartent les courtines du dais. On remarque en
haut deux anges adorateurs, tandis que quatre
autres messagers célestes achèvent, de leurs

doigts délicats le cône de la tente d’honneur.

C’est encore la même
forme que l’on rencontre
dans ce tableau, du
xve siècle, du Musée
d’Anvers, attribué à une
école du nord des Pays-
Bas, et où l’on voit Marie
sur un trône tenant son
divin fils dans ses bras.
Là aussi, les anges écar-
tent les courtines, tandis
qu’un troisième sert en
quelque façon d’amortis-
sement au cône même
de ce pavillon d’hon-
neur. Enfin, la scène se
complète, au premier
plan, par la présence de
deux anges dont l’un
joue de la harpe, et
l’autre du luth.

L’amortissement des
fonts baptismaux de la
cathédrale de Bois-le-
Duc, remontant à l’an-
née i5oo, consiste en
un groupe de la Sainte
Trinité qui s’abrite sous
une tente entrouverte.
Cette ordonnance, dont
la signification se com-
prend sans peine dans le
cas qui vient d’ètre cité,
s’étendit même à des per-
sonnages profanes. Sous
ce rapport, rien n’est
plus caractéristique que ce charmant oratoire
d’Isabeau d’Ailly, qui décore l'église de Mailly-
Maillet, en Picardie. Ce monument en haut-relief
représente la noble dame agenouillée à son
prie-Dieu, assistée de sainte Elisabeth de Hon-
grie tenant de la main gauche les couronnes qui
constituent son attribut traditionnel. Cependant,
deux anges à mi-corps, aux ailes éployées, écar-
tent les courtines qui tombent du dais conique;
celui-ci, surmonté d’un étendard aux armes de
la donatrice, porte au-dessus de la frange, la

FIGURE I.
 
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