ET DE LA CURIOSITE
7
l’inscription gravée sur un des fragments et qui
porte le nom d’un monarque nommé Argistis,
ainsi qu’une dédicace au roi Ilaldis, la principale
divinité du panthéon arménien. Sous le règne du
roi assyrien Salmanazar III (85 ans avant J.-C.), le
royaume de Mannaï ou Van, au nord-est de l’As-
syrie, devint un adversaire puissant de la domi-
nation assyrienne, et des guerres éclatèrent
entre les Minnéens et les Assyriens. C’était à
l’époque où les Minnéens adoptèrent l’écriture
cunéiforme, et comme Kalak ou Nimroud était
alors la capitale de l’Assyrie, ils copièrent le style
lourd de l’art de cette période.
Mais le royaume de Van se trouva en rapports
directs et continuels avec l’Assyrie pendant les
règnes de Sargon (721 ans avant J.-C.) et ses suc-
cesseurs, et Sargon donne parmi les noms de ses
ennemis celui dont le nom a été trouvé sur un
des bronzes de M. Layard ; nous pouvons, par
conséquent, placer ce roi Argistis vers l’année
715 avant J.-C.
M. Layard, pendant ses premiers voyages en
Arménie, a copié un grand nombre d’inscriptions,
qui portent le nom d’inscriptions de Van, et
quoique un petit nombre de savants puissent en
lire les noms propres, personne n’a encore pu
en déchiffrer les textes, qui seraient sans aucun
doute d’un grand secours pour l’histoire des der-
nières dynasties assyriennes.
La ville de Van, d’où M. Layard a tiré ces anti-
quités, est de date très-ancienne ; elle existait cer-
tainement déjà au dixième siècle avant l’ère chré-
tienne. Les rapports très-iDtiines entre sa fonda-
tion et l’Assyrie sont établis par la légende locale
qui attribue son origine à la reine Sémiramis, de
qui procède l’ancien titre de Schanieramfard. On
disait que la reine d’Assyrie y avait fondé une de-
meure avec de splendides jardins et des cours
d’eau. C’est là qu’elle passait les mois d’été, au
milieu des fraîches et belles collines sur les bords
du lac Van, pour retourner à Ninive pendant l’hi-
ver. Cette légende n’est évidemment qu’un écho
de rapports réels qui ont existé entre l’Assyrie
et l’Arménie.
Les monarques de Van prennent le titre, dans
leurs inscriptions, de rois de Mannaï et de Nal-
vic, ce qui indique que leur domination s’étendait
au sud plus loin que les limites de l’Arménie.
Dans un texte triomphal du roi Argistis, Baby-
lone est mentionnée comme tributaire. Ce sont
les Minnéens qui, alliés aux Mèdes, ont renversé
Ninive 606 avant J.-C., et ont mis fin à l’empire
d’Assyrie. Van était une ville importante sous la
domination des Perses, et il y a des inscriptions
des rois perses dans les environs. Mais elle paraît
être tombée en décadence et n’avoir pas eu beau-
coup d’importance jusqu’au second siècle avant
J.-C. ; à cette époque, le monarque Vagharschatz,
le premier roi de la dynastie des Ârsacides en Ar-
ménie, l’a rebâtie et en a fait la ville là plus forte
de son empire. Au onzième siècle, elle a été cédée
par la famille des Ardzroumis aux empereurs
grecs; après sa prise par les Turcs, elle a été sac-
cagée par Tamerlan en 1392.
BIBLIOGRAPHIE
Les Tapisseries de Liège à Madrid, petit in-8° de
266 pages. —J. Gothier. —• Liège, 1876.
Les études si intéressantes que M.Ch. Ephrussi
publie sur Albert Durer dans la Gazette des
Beaux-Arts nous engagent à lui signaler, ainsi
qu’aux admirateurs do grand artiste allemand, un
factum anonyme que nous avons reçu naguère
de Belgique et qui cache sous un titre qui semble
étranger à Dürer quelque chose comme ce qu’en
termes familiers on appelle un éreintement.
Il existe au palais de Madrid quelques tapisse-
ries représentant des scènes de l’Apocatypse, exé-
cutées en Flandres, au xve siècle, d’après un
maître flamand que l’on dit être Roger Van der
Weyden. Un auteur belge, dont il ne nous appar-
tient pas de révéler le nom, puisqu’il n’a pas
jugé à propos de le faire imprimer sur la cou-
verture de son livre, les comparant aux gravures
d’A. Dürer, qui ont aussi l’Apocalypse pour sujet,
trouve que les estampes sont la copie des tapisse-
ries et que c’est à cela seul qu’elles doivent de
posséder quelques qualités.
Tant qu’il n’a pas été guidé par un maître fla-
mand et même liégeois, Albert Dürer n’aurait rien
fait de supportable, ce qui peut bien passer pour
excessif aux yeux de tout le monde.
A. D.
Plume et Pinceau, btudes de littérature et d’art,
par Jules Troubat. — Paris, Liseux, 1878; in-18
de xu et 348 pages.
Ce volume, formé en grande partie d’articles
insérés dans la République du Midi, contient de
curieuses études qui ne sont pas de notre res-
sort, mais il en renferme de nombreuses qui in-
téressent particulièrement nos lecteurs. Nous ci-
terons parmi ces dernières des pièces relatives à
la statue de Voltaire, par Iloudon, à Montpellier ;
un Salon de 1877, conçu au point de vue exclusif
du département de l’Hérault; des Notes sur Cour-
bet, sur le Musée de Sèvres, sur la galerie Bruyas,
etc.; enfin, un travail très-étudié sur Du Guernier
et Sébastien Bourdon. On voit que ceux qui s’oc-
cupent de l’histoire de l’art trouveront à y puiser
d’utiles renseignements.
P. Ch.
Articles concernant Gustave Courbet
U Événement, 2 janvier, non signé. — La
France, 3 janvier, par Marius Vacliou. — Le
XIXe siècle, 3 janvier, par Henry Fouquier. —
Le Temps et Les Débats, 3 janvier, notes non
signées. — Le Moniteur universel, 3 janvier,
V. Ch. — Le Constitutionnel, 3 janvier, non
signé.
Journal de la Jeunesse, 266e livraison. Texte
par Alfred Assollant, Et. Leroux; Louis Rous-
selet, Mlle Gouraud, Richard Cortambert et A.
Saint-Paul.
Dessins : Sahib, A. Marie, Gorski.
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l’inscription gravée sur un des fragments et qui
porte le nom d’un monarque nommé Argistis,
ainsi qu’une dédicace au roi Ilaldis, la principale
divinité du panthéon arménien. Sous le règne du
roi assyrien Salmanazar III (85 ans avant J.-C.), le
royaume de Mannaï ou Van, au nord-est de l’As-
syrie, devint un adversaire puissant de la domi-
nation assyrienne, et des guerres éclatèrent
entre les Minnéens et les Assyriens. C’était à
l’époque où les Minnéens adoptèrent l’écriture
cunéiforme, et comme Kalak ou Nimroud était
alors la capitale de l’Assyrie, ils copièrent le style
lourd de l’art de cette période.
Mais le royaume de Van se trouva en rapports
directs et continuels avec l’Assyrie pendant les
règnes de Sargon (721 ans avant J.-C.) et ses suc-
cesseurs, et Sargon donne parmi les noms de ses
ennemis celui dont le nom a été trouvé sur un
des bronzes de M. Layard ; nous pouvons, par
conséquent, placer ce roi Argistis vers l’année
715 avant J.-C.
M. Layard, pendant ses premiers voyages en
Arménie, a copié un grand nombre d’inscriptions,
qui portent le nom d’inscriptions de Van, et
quoique un petit nombre de savants puissent en
lire les noms propres, personne n’a encore pu
en déchiffrer les textes, qui seraient sans aucun
doute d’un grand secours pour l’histoire des der-
nières dynasties assyriennes.
La ville de Van, d’où M. Layard a tiré ces anti-
quités, est de date très-ancienne ; elle existait cer-
tainement déjà au dixième siècle avant l’ère chré-
tienne. Les rapports très-iDtiines entre sa fonda-
tion et l’Assyrie sont établis par la légende locale
qui attribue son origine à la reine Sémiramis, de
qui procède l’ancien titre de Schanieramfard. On
disait que la reine d’Assyrie y avait fondé une de-
meure avec de splendides jardins et des cours
d’eau. C’est là qu’elle passait les mois d’été, au
milieu des fraîches et belles collines sur les bords
du lac Van, pour retourner à Ninive pendant l’hi-
ver. Cette légende n’est évidemment qu’un écho
de rapports réels qui ont existé entre l’Assyrie
et l’Arménie.
Les monarques de Van prennent le titre, dans
leurs inscriptions, de rois de Mannaï et de Nal-
vic, ce qui indique que leur domination s’étendait
au sud plus loin que les limites de l’Arménie.
Dans un texte triomphal du roi Argistis, Baby-
lone est mentionnée comme tributaire. Ce sont
les Minnéens qui, alliés aux Mèdes, ont renversé
Ninive 606 avant J.-C., et ont mis fin à l’empire
d’Assyrie. Van était une ville importante sous la
domination des Perses, et il y a des inscriptions
des rois perses dans les environs. Mais elle paraît
être tombée en décadence et n’avoir pas eu beau-
coup d’importance jusqu’au second siècle avant
J.-C. ; à cette époque, le monarque Vagharschatz,
le premier roi de la dynastie des Ârsacides en Ar-
ménie, l’a rebâtie et en a fait la ville là plus forte
de son empire. Au onzième siècle, elle a été cédée
par la famille des Ardzroumis aux empereurs
grecs; après sa prise par les Turcs, elle a été sac-
cagée par Tamerlan en 1392.
BIBLIOGRAPHIE
Les Tapisseries de Liège à Madrid, petit in-8° de
266 pages. —J. Gothier. —• Liège, 1876.
Les études si intéressantes que M.Ch. Ephrussi
publie sur Albert Durer dans la Gazette des
Beaux-Arts nous engagent à lui signaler, ainsi
qu’aux admirateurs do grand artiste allemand, un
factum anonyme que nous avons reçu naguère
de Belgique et qui cache sous un titre qui semble
étranger à Dürer quelque chose comme ce qu’en
termes familiers on appelle un éreintement.
Il existe au palais de Madrid quelques tapisse-
ries représentant des scènes de l’Apocatypse, exé-
cutées en Flandres, au xve siècle, d’après un
maître flamand que l’on dit être Roger Van der
Weyden. Un auteur belge, dont il ne nous appar-
tient pas de révéler le nom, puisqu’il n’a pas
jugé à propos de le faire imprimer sur la cou-
verture de son livre, les comparant aux gravures
d’A. Dürer, qui ont aussi l’Apocalypse pour sujet,
trouve que les estampes sont la copie des tapisse-
ries et que c’est à cela seul qu’elles doivent de
posséder quelques qualités.
Tant qu’il n’a pas été guidé par un maître fla-
mand et même liégeois, Albert Dürer n’aurait rien
fait de supportable, ce qui peut bien passer pour
excessif aux yeux de tout le monde.
A. D.
Plume et Pinceau, btudes de littérature et d’art,
par Jules Troubat. — Paris, Liseux, 1878; in-18
de xu et 348 pages.
Ce volume, formé en grande partie d’articles
insérés dans la République du Midi, contient de
curieuses études qui ne sont pas de notre res-
sort, mais il en renferme de nombreuses qui in-
téressent particulièrement nos lecteurs. Nous ci-
terons parmi ces dernières des pièces relatives à
la statue de Voltaire, par Iloudon, à Montpellier ;
un Salon de 1877, conçu au point de vue exclusif
du département de l’Hérault; des Notes sur Cour-
bet, sur le Musée de Sèvres, sur la galerie Bruyas,
etc.; enfin, un travail très-étudié sur Du Guernier
et Sébastien Bourdon. On voit que ceux qui s’oc-
cupent de l’histoire de l’art trouveront à y puiser
d’utiles renseignements.
P. Ch.
Articles concernant Gustave Courbet
U Événement, 2 janvier, non signé. — La
France, 3 janvier, par Marius Vacliou. — Le
XIXe siècle, 3 janvier, par Henry Fouquier. —
Le Temps et Les Débats, 3 janvier, notes non
signées. — Le Moniteur universel, 3 janvier,
V. Ch. — Le Constitutionnel, 3 janvier, non
signé.
Journal de la Jeunesse, 266e livraison. Texte
par Alfred Assollant, Et. Leroux; Louis Rous-
selet, Mlle Gouraud, Richard Cortambert et A.
Saint-Paul.
Dessins : Sahib, A. Marie, Gorski.