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La chronique des arts et de la curiosité — 1878

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Nr. 8 (23 Février)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26617#0067
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ET DE LA CURIOSITÉ

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Un Anglais qui a écrit un livre sur le Pérou,
le consul Hutckinson, croit beaucoup à l’ori-
gine phénicienne de la civilisation du Mexique
et du Pérou. Selon lui, VAmerica, journal de
Bogota, prétendait, en 1870 ou 1872, qu’on
avait découvert une stèle sidonienne à Guaya-
quil.

L’exposition montre aussi un rapport assez
frappant entre des idoles sibériennes photo-
graphiées par M. Ufjalvy et les plâtres dressés
dans la salle péruvienne.

Les missionnaires sont fort inégaux dans
leurs récoltes. L’un, par exemple, n’a rap-
porté que trois petits paniers; l’autre, au con-
traire, avec force mannequins, huttes, véran-
das d’haciendas, décors peints, et grands
plâtres reconstitués, c’est-à-dire un peu tra-
duits et assez révisés, remplit toute une
énorme salle.

Comme art, ce sont les tessons de faïences
et les briques ornementées, les bijoux du Tur-
kestan, les harnais en turquoises cloisonnées,
rapportés par M. Ufjalvy, et les bas-reliefs
Khmers, de M. Harmand, rappelant certaines
des sculptures sassanides de l’ouvrage de
MM. Coste et Flandin sur la Perse, qui sont les
objets supérieurs.

Du côté du Mexique, une statue en porphyre
du dieu Quetzalcoatl est assurément un beau
spécimen de Part d’Amérique et rappelle la
facture égyptienne ; des têtes coitfées et riantes
enterre cuite évoquent à leur tour le souvenir
de figurines égypto-phéniciennes; des sceaux
ou empreintes à tatouages montrent une jolie
ornementation géométiique. Une certaine
liberté ou une certaine énergie de modelé
donne quelque souplesse vivante à divers
bonshommes des vases péruviens, que M. de
Longpérier, il y a déjà longtemps, trouvait
assez analogues aux vases étrusquès en terre
noire.

En somme, nous qui ne nous occupons que
d’art, nous sommes un peu désorientés au
milieu des oiseaux empaillés, des couleuvres
en bocal, des papilluns, des mannequins
penchés de travers, et des drôles de paysages
décoratifs qui forment, paraît-il, de précieux
adjuvants aux études ethnographiques.

J’oubliais l’exposition de M. Soldi, chargé
d’une mission pour l’étude des procédés de la
glyptique, depuis l’époque préhistorique jus-
qu’à nos jours.

Il a constitué un petit musée composé de
moulages de pierres gravées des diverses
époques, auxquels est jointe la série des outils
qu’emploie la glyptique, accompagnés de
tableaux synoptiques et synchroniques, des
progrès du dessin, de la nature des substances,
et de l’outillage, selon les diverses périodes
artistiques.

En somme, l’idée de cette exposition a été
intelligente et sera féconde; sa réalisation
laisse quelque désenchantement, bien qu’elle
semble nous transporter sur les quais du
Havre, mais elle laisse entrevoir aussi tout
l’intérêt qu’aurait dans l’avenir un musée
comparatif complet, sérieux, des productions
industrielles et artistiques, anciennes ou ac-r j
tuelles, des races restées tant en dehors de |
l’antiquité classique que de la moderne civili- j

sation européenne, et tel que sera peut-être
le groupe ethnographique à l’Exposition uni-
verselle.

Durantv.

CORRESPONDANCE

A PROPOS DU PORTRAIT DE LUCAS DE LEYDE

par Albert Durer.

Mon cher directeur,

Les lecteurs de la Chronique des Arts n’ont
peut-être pas oublié une courte note publiée par
moi dans le numéro du 19 janvier dernier.

Il y était établi qu’un portrait, exposé d’abord
au Burlington Club, puis à la Grosvenor Gallery,
et attribué à Lucas de Leyde, devait être, sans
aucun doute, restitué à Albert Durer.

Cette note a provoqué, de la part de M. Sidney
Colvin, dans The Academy du 9 février, une rec-
tification, ou plutôt une protestation dont la por-
tée m’échappe.

L’auteur, en effet, loin de contester la justesse
de mon attribution, la reconnaît pleinement :
« La note de M. Ephrussi, dit-il, montre claire-
ment qu’il a eu le mérite d’apercevoir le premier
la signature originale effacée, lorsque le dessin
n’était pas encore à la Grosvenor Gallery , mais
au Burlington-Club.» Fort bien. Mais comment
concilier cet aveu forcé avec quelques autres
passages de la même lettre : « La publicité
donnée à l’opinion de M. Ephrussi n’était pas né-
cessaire pour établir l’attribution du dessin à Al-
bert, et cette attribution n’est pas une question
en litige, mais une certitude. ».... «Tous les
connaisseurs ont remarqué à la fois la différence
de style entre ce dessin et ceux de Lucas de Leyde
et sa parfaite ressemblance, au point de vue tech-
nique et général, avec toute une série de portraits
dessinés par Durer, spécialement avec ceux qu’il
fit à Anvers dans les années 1520 et 1521.» «Cette
découverte est devenue le bien commun de tous
les connaisseurs qui ont vu le dessin à la Grosve-
nor Gallery depuis les premiers jours de l’Expo-
sition. » Mais pourquoi les visiteurs des deux
expositions n’ont-ils pas relevé Terreur signalée
dans la Chronique ? Pourquoi le dessin figure-t-il
encore dans le catalogue de la Grosvenor Gallery,
sous le numéro 860, avec le nom de Lucas de
Leyde? Pourquoi, dans son travail sur Dürer, où
il est longuement question des rapports des deux
maîtres, M. Sidney Colviu n’a-t-il pas saisi 1 oc-
casion toute naturelle de rétablir la vérité?Pour-
quoi, enfin, rappelant l’entrevue des deux peintres
à Anvers et citant ces jiropres mol's tle Dürer ’

« J’ai pourtraict au crayon maître Lucas de
Leyde » (1), M. Colvin ne dit-il absolument rien
du beau dessin de la Grosvenor Gallery, dont il
parle aujourd’hui avec tant de complaisance?

Votre dévoué,

Charles Ephrussi.

Le 20 Février 1878.'

(1) Voir The Portfolio , août 1877, p. 119.
 
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