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La chronique des arts et de la curiosité — 1878

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Nr. 18 (4 Mai)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26617#0148
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LA CHRONIQUE DES ARTS

de la consommation dans une société plus uni-
versellement riche forcèrent de briser les entraves
que les corporations opposaient à la production,
et, les guerres générales aidant, la tradition des
arts industriels fut perdue et n’a point encore été
retrouvée. M. Noël ne pense pas que les écoles de
dessin suffisent, avec leur organisation actuelle,
à remplacer l’enseignement reçu dans l’atelier au
temps des anciennes corporations.

M. Abel Desjardins, doyen de la Faculté des lettres
de Douai, a communiqué une notice sur la vie et
les œuvres du célèbre sculpteur, Jean de Bologne,
qui a obtenu un très-vif succès. Jean de Bologne
naquit à Douai en 1524 et se voua, malgré ses pa-
rents, à la carrière artistique. Il devint apprenti
du graveur Jacques Dubrœucq. Il avait vingt-six
ou vingt-sept ans quand, sur les conseils de son
maître, il partit pour son voyage d’Italie. Il vint
d’abord à Rome, où il séjourna deux ans. La ba-
silique de Saint-Pierre sortait alors des mains des
architectes et des sculpteurs; Michel-Ange, dans
l’épanouissement de sa gloire, avait peint les ad-
mirables fresques de la chapelle Sixtine. Jean eut
le bonheur d’approcher le grand artiste, d’attirer
son attention, de recevoir ses conseils. Notre
voyageur visita ensuite Florence ; il y séjourna
cinq ans et conquit la faveur de Bernardo V< c-
chietti, qui lui acheta son premier marbre; Jean
de Bologne en tira une Vénus qui lui valut tous les
suffrages. Son coup d’essai fut un vrai coup de
maître. En 1559, il exécutait pour les Médicis le
groupe des deux enfants pêchant à l’hameçon;
puis celui de Samson terrassant un Philistin. Sa
renommée grandissait : on l’appela à décorer une
fontaine monumentale que le pape élevait à Bolo-
gne; c’est pour cette destination qu’il sculpta la
fameuse statue de Neptune. En 1572, nous le re-
trouvons à Rome où le rappelait l’invincible at-
trait de ses grands trésors artistiques; c’est là,
comme Antée, qu’il retrempait ses forces et son
inspiration. Il y conçut probablement la première
idée de son Mercure volant, ce prodige de légèreté,
de grâce et d’élégance, qui fut exécuté en 1579.
Jean de Bologne acheva, en 1583, l’illustre compo-
sition connue sous le titre d’enlèvement des Sabi-
nes. On raconte qu’il avait trouvé dans un beau
jeune homme, nommé Ginori, le type héroïque
qu’il reproduisit dans ce chef-d’œuvre. Un jour
l’artiste, vaincu par l’admiration, s’adressa humble-
ment enfin àGinori qui, cédantà ses ardentes instan-
ces, consentit à lui servir de modèle. Jean de Bologne
a laissé une œuvre immense ; outre les grands mor-
ceaux que nous venons de citer, nous avons de
lui des bas-reliefs nombreux, des crucifix d'une
grande beauté. Il dut sa popularité à ses Vénus, à
ses baigneuses, à ses petits bronzes et à ses tra-
vaux d’orfèvrerie, qui ne le cèdent point en déli-
catesse à ceux de Benvenuto Cellini.

M. Parrot, d’Angers, consacre une notice aux
richesses artistiques de Notre-Dame de Béhuard,
petite église de l’Anjou, conservée intacte jusqu'à
nos jours. On y voit des vitraux qui représentent
les fondateurs de l’église ainsi que Louis XI et
Charles VIII, un panneau de bois représentant de
profil et en buste le roi Louis XI, un calice, une
croix, deux encensoirs, une vierge en orfèvrerie
du xve siècle.

L’église de Cumont (Dordogne) date de l’époque
dite romane (xie ou xue siècle) ; on vient d’y dé-
couvrir des peintures murales du xve siècle. Le

sujet principal est un arbre de Jessé exécuté avec
une grande sobriété de couleurs. M. l’abbé
Cheyssac a donné une description de ces pein-
tures. M. l’abbé Dehaisnes annonce que la com-
mission historique du département du Nord, dont
il est archiviste, a dressé un inventaire des ri-
chesses d’art conservées dans le département.
M. Marionneau, de Nantes, a communiqué une no-
tice biographique sur l’architecte Louis, qui rec-
tifie plusieurs erreurs ayant cours dans les dic-
tionnaires. Louis naquit à Paris le 30 mai 1731 ; il
fut pensionnaire du roi à Rome en RSô. L’auteur
insiste sur les déboires éprouvés à Bordeaux par
Louis après la construction du théâtre, qui est son
chef-d’œuvre ; il lit une lettre fort digne de l’artiste
à M. Dupré de Saint-Maur, intendant de la pro-
vince ; cette lettre contient des plaintes contre les
procédés des jurats de la ville, qui le laissent par-
tir en lui devant une somme considérable. Louis
mourut à Paris, non à l’hôpital, en 1807, mais rue
de la place Vendôme, le 2 juillet 1800. M. Marion-
neau espère que la ville de Bordeaux vengera la
mémoire de Louis, lors de la célébration du cente-
naire du Grand-Théâtre.

M. Braquehaye donne des renseignements histo-
riques sur l’origine de l'école de peinture et de
sculpture de Bordeaux; la fondation date de 1690;
elle est due à M. Le Blond de La Tour, peintre
ordinaire du roi. En 170!, elle fut inaugurée so-
lennellement dans le collège de Guyenne. Dispa-
rue en 1709, elle fut rétablie en 1744 par les ma-
gistrats de Bordeaux, qui fondèrent des prix en
1752. Pendant l’orage révolutionnaire, elle se ré-
fugia dans l’atelier de Laeour père, qui se chargea
généreusement de tous les frais jusqu’à la fonda-
tion des écoles centrées (,1800).

M. Brocard, de Langres, raconte les origines de
la société archéologique de Langres. Elle fut fon-
dée en 1836, malgré les résistances de l’adminis-
tration, par 110 associés, qui voulaient assurei la
conservation de débris antiques découverts en
1832. Elle a créé un musée d’archéologie et de
peinture ; elle a publié des mémoires sur l’histoire
et l’archéologie de ce département.

CORRESPONDANCE DE BELGIQUE

Le printemps a ramené les aquarelles : la dix-
neuvième exposition annuelle des aquarelles s’est
ouverte le premier avril. Il y a des Italiens, des
Allemands, des Hollandais et des Belges, comme
toujours; mais je n’ai vu qu’un seul Français,
M. Harpiguies. M. Jacquemart, qui exposait l’an
dernier trois impressions exquises, n’a rien
envoyé cette année. C’est donc M. Harpignies qui
va nous dire l’allure preste et souple de l’aqua-
relle française.

Je ne sais rien de reposé comme le Coin d'ate-
lier où l’artiste a peint les objets qui président à
la vie intellectuelle de tous les jours. Ce n’est pas
un amas de bibelots et de défroques, comme
chez les mosaïstes du ton. Une lumière tranquille
baigne tout juste ce qu'il faut pour (être heureux
chez soi, des portefeuilles, un bout de table
chargé de papiers, un chevalet et l’âtre avec son
creuset de fonte pour les jours d’hiver. Rien ne
 
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