ET DE LA CURIOSITÉ
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Penicaud, vient de publier un livre qu’il a illus-
tré de son crayon et de sa plume, je dis illustré
de sa plume, car son langage est imagé ; il a des
prosateurs du xvie siècle le tour ingénieux, l’ad-
jectif coloré, le mot d’étymologie grecque, l’allu-
sion mythologique. Ce n’est pas un pédagogue
qui raconte, encore moins un pédant, c’est quel-
que artiste familier de Palissy et de Ronsard en
qui se mêlent la poétique de celui-ci et la prose
substantielle de celui là. On le croirait ; mais non,
Claudius était un des bons amis de Gautier et il
a hérité du bon Théo son goût pour les précieu- j
ses ciselures du vieux langage.
La préface est un petit chef-d’œuvre en ce style
et le reste du livre, bien qu’écrit de façon plus
intelligible au vulgaire, demeure un pur régal
pour l’amateur.
C’est, de plus, une instructive grammaire des
arts du feu. M. Popelin analyse le Verre, VÉmail
et la Terre ; il en dit l’origine, les vertus et l’his-
toire. C’est une trilogie que personnifient Venise,
Limoges et le duché d’Urbin.
Les gourmets de bon style, les curieux de bel-
les choses, les amants de bien faire liront ce
livre qui plaît aux yeux, à l’esprit et à l’oreille. Il
vient à point en ce temps où ressuscitent les
vieux arts du feu, et où verriers, émailleurs et
céramistes ont la faveur des gens de goût.
Ff.
Mes médailles. — Les médailles d’en face : Notes
sur l’Exposition universelle, par Camille Le-
monnier; petit in-8° de 144 pages. — Librairie
générale, 72, boulevard Haussmann.
Il ne s’agit pas, comme on pourrait le croire,
d’un pamphlet-réclame lancé par le propriétaire
de la vitrine qui est au coin... d’une salle du
Trocadéro. C’est le récit d’un examen non rapide
à traders la peinture, fait par un écrivain qui
voit clair et qui s’exprime avec hardiesse dans
une langue fortement imagée dont les lecteurs de
la Chronique ont pu maintes fois apprécier le ca-
ractère original.
M. Camille Lemonnier s’arroge le droit, qui
appartient à tout bon juge, de décerner des cou-
ronnes. Tant pis pour les médailles d’en face, si
elles ne figurent pas sur la liste du spirituel cri-
tique ; le caractère effectif, officiel qui les relève,
leur conservera toujours une certaine valeur aux
yeux des artistes qui les ont obtenues.
Publications delà maison A. Quantin
Les éditions luxueuses soignées des chefs-d’œu-
vre de notre littérature se succèdent sans relâche
dans la librairie de M. Quantin. — Nous annon-
çons aujourd’hui une élégante réimpression des
Contes de Voisenon. Cette édition, publiée dans
un format in-8° anglais, sur vergé de Hollande,
est précédée d’une longue et intéressante notice
sur Voisenon, par M. Octave Uzanne, unjeune éru-
dit bien connu des bibliophiles, et est ornée d’un
portrait par A. Lalauze et deux vignettes finement
gravées par A. Mongin.
Le second volume de cette jolie édition des Pe-
tits Conteurs du dix-huitième siècle n’est pas moins
bien venu ; il renferme les Contes du chevalier de
Boufflers, ces nouvelles charmantes d’un littéra-
teur mieux informé que ne l’était Voisenon eu-
rent une vogue immense au xviu6 siècle ; rien
n’empêche qu’il en soit de même aujourd'hui que
les délicatesses du style et l’esprit ont repris la
place qui leur est due dans l’estime des biblio-
philes. MM. Uzanne et Lalauze sont encore les col-
laborateurs de M. Quantin dans cette heureuse
réimpression.
Voici enfin le roman de Cazotte, tant de fois
édité et qui ne cessera jamais de l’être : le Dia-
ble amoureux. Cette nouvelle édition est présentée
par M. Pons dans une excellente et instructive
préface, où les rapports pénibles, et ruineux pour
lui, que Cazotte eut avec les Jésuites sont spiri-
tuellement racontés ; on y trouve aussi de curieu-
ses lettres, jusqu’ici inédites, de Laurent Ricci, et
une bibliographie des œuvres de Cazotte. L’ou-
vrage est illustré de figures grotesques attribuées
à Moreau et d’emêtes finement gravés à l’eau-forte
par M. Buhot.
La Bibliothèque de luxe s’est enrichie d’un vo-
lume moins connu et qui n’en est pas moins cu-
rieux à lire : Valérie, par Mme de Krüdener. C’est
par excellence le livre des dames : s’il est vrai
qu’elles soient sensibles à leurgropre glorification,
son succès est assuré. M. Quantin n’a rien négligé
du reste pour que le volume fit bonne figure
entre les mains de ses lectrices ; l’édition est très-
belle et s’ouvre par un brillant portrait de l’auteur
gravé par M. Maurice Leloir, ainsi que les autres
vignettes à l’eau-forte qui accompagnent le texte.
Eufin, pour clore dignement cette revue trop
rapide des publications nouvelles de M. Quantin,
nous avons un livre qui nous intéresse plus parti-
culièrement et par son sujet, Inventaire de la
Duchesse de Valentinois, et par le nom de l’auteur.
M. Ed. Bonnaffé n’a pas besoin de recommanda-
tion auprès de nos lecteurs ; on sait avec quel es-
prit et dans quel excellent langage il fait revivre
les hommes et les choses du passé. Son livre au-
rait pu porter un titre plus ambitieux, car ce n’est
pas seulement le catalogue bien dressé, savam-
ment commenté, que l’on pouvait attendre; c’est
un livre d’histoire et tel qu’on doit les écrire au-
jourd’hui, c’est-à-dire d’une érudition précise et
portant avec lui ses pièces justificatives.
Nous regrettons que le temps et l’espace ne
nous permettent pas d’examiner attentivement un
livre de cette importance, mais le peu que nous
en avons dit suffira du moins à donner l’éveil aux
bibliophiles et aux curieux qui ne l’auraient pas
encore placé dans leur bibliothèque.
A. de L.
Journal de la Jeunesse. — Sommaire de la
306e livraison (12 octobre 1878). Texte : Le
Neveu de l’oncle Placide, deuxième partie,
par J. Girardin. — L’Exposition Universelle de
1878 : Le Canada, par Paul Pelet.— Anecdote
sur Thémistocle, par Marie Maréchal.— Grand-
cœur, par MUe Zénaïde Fleuriot. —A travers
la France : Montauban, par A. Saint-Paul.
Le Tour du Monde. — Nouveau journal des
voyages. — Sommaire de la 927e livraison (12
octobre 1878). — Texte : Voyage à File de
Pâques (Océan Pacifique), par M. A. Pinart
\ (1877). — Texte et dessins inédits. — Quinze
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Penicaud, vient de publier un livre qu’il a illus-
tré de son crayon et de sa plume, je dis illustré
de sa plume, car son langage est imagé ; il a des
prosateurs du xvie siècle le tour ingénieux, l’ad-
jectif coloré, le mot d’étymologie grecque, l’allu-
sion mythologique. Ce n’est pas un pédagogue
qui raconte, encore moins un pédant, c’est quel-
que artiste familier de Palissy et de Ronsard en
qui se mêlent la poétique de celui-ci et la prose
substantielle de celui là. On le croirait ; mais non,
Claudius était un des bons amis de Gautier et il
a hérité du bon Théo son goût pour les précieu- j
ses ciselures du vieux langage.
La préface est un petit chef-d’œuvre en ce style
et le reste du livre, bien qu’écrit de façon plus
intelligible au vulgaire, demeure un pur régal
pour l’amateur.
C’est, de plus, une instructive grammaire des
arts du feu. M. Popelin analyse le Verre, VÉmail
et la Terre ; il en dit l’origine, les vertus et l’his-
toire. C’est une trilogie que personnifient Venise,
Limoges et le duché d’Urbin.
Les gourmets de bon style, les curieux de bel-
les choses, les amants de bien faire liront ce
livre qui plaît aux yeux, à l’esprit et à l’oreille. Il
vient à point en ce temps où ressuscitent les
vieux arts du feu, et où verriers, émailleurs et
céramistes ont la faveur des gens de goût.
Ff.
Mes médailles. — Les médailles d’en face : Notes
sur l’Exposition universelle, par Camille Le-
monnier; petit in-8° de 144 pages. — Librairie
générale, 72, boulevard Haussmann.
Il ne s’agit pas, comme on pourrait le croire,
d’un pamphlet-réclame lancé par le propriétaire
de la vitrine qui est au coin... d’une salle du
Trocadéro. C’est le récit d’un examen non rapide
à traders la peinture, fait par un écrivain qui
voit clair et qui s’exprime avec hardiesse dans
une langue fortement imagée dont les lecteurs de
la Chronique ont pu maintes fois apprécier le ca-
ractère original.
M. Camille Lemonnier s’arroge le droit, qui
appartient à tout bon juge, de décerner des cou-
ronnes. Tant pis pour les médailles d’en face, si
elles ne figurent pas sur la liste du spirituel cri-
tique ; le caractère effectif, officiel qui les relève,
leur conservera toujours une certaine valeur aux
yeux des artistes qui les ont obtenues.
Publications delà maison A. Quantin
Les éditions luxueuses soignées des chefs-d’œu-
vre de notre littérature se succèdent sans relâche
dans la librairie de M. Quantin. — Nous annon-
çons aujourd’hui une élégante réimpression des
Contes de Voisenon. Cette édition, publiée dans
un format in-8° anglais, sur vergé de Hollande,
est précédée d’une longue et intéressante notice
sur Voisenon, par M. Octave Uzanne, unjeune éru-
dit bien connu des bibliophiles, et est ornée d’un
portrait par A. Lalauze et deux vignettes finement
gravées par A. Mongin.
Le second volume de cette jolie édition des Pe-
tits Conteurs du dix-huitième siècle n’est pas moins
bien venu ; il renferme les Contes du chevalier de
Boufflers, ces nouvelles charmantes d’un littéra-
teur mieux informé que ne l’était Voisenon eu-
rent une vogue immense au xviu6 siècle ; rien
n’empêche qu’il en soit de même aujourd'hui que
les délicatesses du style et l’esprit ont repris la
place qui leur est due dans l’estime des biblio-
philes. MM. Uzanne et Lalauze sont encore les col-
laborateurs de M. Quantin dans cette heureuse
réimpression.
Voici enfin le roman de Cazotte, tant de fois
édité et qui ne cessera jamais de l’être : le Dia-
ble amoureux. Cette nouvelle édition est présentée
par M. Pons dans une excellente et instructive
préface, où les rapports pénibles, et ruineux pour
lui, que Cazotte eut avec les Jésuites sont spiri-
tuellement racontés ; on y trouve aussi de curieu-
ses lettres, jusqu’ici inédites, de Laurent Ricci, et
une bibliographie des œuvres de Cazotte. L’ou-
vrage est illustré de figures grotesques attribuées
à Moreau et d’emêtes finement gravés à l’eau-forte
par M. Buhot.
La Bibliothèque de luxe s’est enrichie d’un vo-
lume moins connu et qui n’en est pas moins cu-
rieux à lire : Valérie, par Mme de Krüdener. C’est
par excellence le livre des dames : s’il est vrai
qu’elles soient sensibles à leurgropre glorification,
son succès est assuré. M. Quantin n’a rien négligé
du reste pour que le volume fit bonne figure
entre les mains de ses lectrices ; l’édition est très-
belle et s’ouvre par un brillant portrait de l’auteur
gravé par M. Maurice Leloir, ainsi que les autres
vignettes à l’eau-forte qui accompagnent le texte.
Eufin, pour clore dignement cette revue trop
rapide des publications nouvelles de M. Quantin,
nous avons un livre qui nous intéresse plus parti-
culièrement et par son sujet, Inventaire de la
Duchesse de Valentinois, et par le nom de l’auteur.
M. Ed. Bonnaffé n’a pas besoin de recommanda-
tion auprès de nos lecteurs ; on sait avec quel es-
prit et dans quel excellent langage il fait revivre
les hommes et les choses du passé. Son livre au-
rait pu porter un titre plus ambitieux, car ce n’est
pas seulement le catalogue bien dressé, savam-
ment commenté, que l’on pouvait attendre; c’est
un livre d’histoire et tel qu’on doit les écrire au-
jourd’hui, c’est-à-dire d’une érudition précise et
portant avec lui ses pièces justificatives.
Nous regrettons que le temps et l’espace ne
nous permettent pas d’examiner attentivement un
livre de cette importance, mais le peu que nous
en avons dit suffira du moins à donner l’éveil aux
bibliophiles et aux curieux qui ne l’auraient pas
encore placé dans leur bibliothèque.
A. de L.
Journal de la Jeunesse. — Sommaire de la
306e livraison (12 octobre 1878). Texte : Le
Neveu de l’oncle Placide, deuxième partie,
par J. Girardin. — L’Exposition Universelle de
1878 : Le Canada, par Paul Pelet.— Anecdote
sur Thémistocle, par Marie Maréchal.— Grand-
cœur, par MUe Zénaïde Fleuriot. —A travers
la France : Montauban, par A. Saint-Paul.
Le Tour du Monde. — Nouveau journal des
voyages. — Sommaire de la 927e livraison (12
octobre 1878). — Texte : Voyage à File de
Pâques (Océan Pacifique), par M. A. Pinart
\ (1877). — Texte et dessins inédits. — Quinze