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La chronique des arts et de la curiosité — 1882

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Nr. 6 (11 Février)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17398#0049
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No 6 — 1882.

BUREAUX, 8, RUE FAVART.

11 Février.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

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la Chronique des A ts et do la Curiosité.

PARIS ET DEPARTEMENTS :

Un an.........12 fr. Six mois. . ..... 8 f

CONCOURS ET EXPOSITIONS

L'Exposition
du Cercle de la rue Volney

La saison des expositions intimes est venue ;
tout cercle qui a quelque souci des choses d'art
ouvre ses salles et montre les richesses de
Tannée. Par malheur, ces exhibitions se res-
semblent entre elles et ressemblent toutes, en
petit, au Salon annuel. Comme au Palais de
l'Industrie, on dit volontiers à la porte d'en-
trée de nos cercles artistiques : « Laissez
faire, laissez passer ! » Tout entre, le bon et
le mauvais, et surtout le médiocre qui y rè-
gne en maître, comme aux Champs-Elysées ;
point de sélection, point d'exclusion ; le local
est privé ; on pourrait n'y recevoir que les
œuvres de choix, former ainsi un petit Salon
qui délasserait du grand, le Salon rêvé parles
amateurs délicats; cent à cent cinquante nu-
méros, tous de prix, intéressants à quelque
titre, de quelque originalité, instructifs. Ce
serait l'idéal du genre; et pourquoi non? On
est chez soi, on peut admettre qui on veut et
pas d'autres : à quoi bon accepter tout le
monde et noyer le bon dans le banal et l'insi-
gnifiant?

Donc, les comités qui organisent ces sortes
d'expositions ont quelques reproches à se
faire : ils ont l'indulgence large ; comme plus
d'un jury, ils acquittent trop souvent. Mais
les artistes eux-mêmes sont bien un peu cou-
pables, ils pourraient, ils devraient prendre
dans leurs œuvres récentes le meilleur, le plus
soigné, l'exquis s'il y en a ; tout au contraire,
il semble qu'ils choisissent parfois ce qu'ils
ont fait de moins heureux pour le mettre là.
Tel peintre a chez lui un excellent portrait ;
vous croiriez qu'il va le prêter à l'Exposition
de son cercle, point du tout ; il offre un por-

trait mal venu, indigne de lui. Quelquefois
encore le modèle a voulu être exposé, petite
vanité à la mode ; le peintre a cédé à ce dé-
sir, sachant bien que son travail n'est pas des
1 plus réussis ; mais comment refuser ? Et c'est
le public qui en souffre, et c'est ainsi que
quelques rares bonnes choses sont perdues
dans la cohue.

Hélas ! c'est le cas du cercle de la rue Vol-
ney. Sans doute on y voit un portrait de Bon-
nat, d'une frappante ressemblance ; un autre
Bonnat, signé (quelle surprise !) Gabriel Fer-
rier; deux enfants, en buste, de Paul Baudry,
délicats et charmants, spirituellementbrossés,
d'un aspect tout imprévu ; un petit mendiant,!de
Bastien-Lepage, ni plus ni moins intéressant que
ses figures ordinaires ; deux Henner, toujours et
quand même d'un beau ton ; une tête d'homme,
de Carolus Duran, traitée en étude, brillante et
fraîche ; deux fines vues de Venise, par Pasini,
et quelques bons morceaux encore. Mais tout
cela, répétons-le, disparaît trop dans la mé-
diocrité de l'ensemble et nous laisserait de
fort mauvaise humeur si M. Elie Delaunay ne
nous réconciliait avec la rue Volney. Un de
ces deux portraits, celui de M1110 D...,
grand comme la main, est un vrai joyau; le
modèle, vu de face jusqu'aux genoux, se déta-
che sur un fond bleu verdâtre dans lequel se
joue l'atmosphère, comme dans les pet its por-
traits de Clouet et de son école: robe de soie
noire, manteau de fourrure tombant des
épaules et les encadrant gracieusement, grand
nœud alsacien sur des cheveux déjà grisonnants,
qui flottent en mèches légères sur le front ;
mains grasses et potelées, croisées sur les ge-
noux, tenant des gants gris et qui sont bien
les mains de la personne représentée, un peu
forte et rondelette. Toutcelaestd'une peinture
étonnamment délicate, enveloppée, d'un dessin
serré et savant, très étudié, qui n'amoindrit pas
la douceur du modelé, en accusant toute la
finesse de la bouche et l'originale irrégularité
du regard. Dans l'ensemble, une grande expres-
sion de bonté et de douceur aimable ; le tra-
 
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