S° 36
— 1882.
BUREAUX, 8, RUE FAVART.
2a Novembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et dô la Curiosité.
PARIS ET DÉPARTEMENTS !
Un an.........12 fr. ! Six mois. . , . 8 fr
La démission de M. Paul Mantz
DIRECTEUR DES BEAUX-ARTS
On sait que M. Paul Mantz, directeur des
Beaux-Arts, a adressé à M. Du vaux une lettre
par laquelle il lui remettait sa démission.
M. Logerotte, député, sous-secrétaire au mi-
nistère de l'Instruction publique, ayant mani-
festé l'intention de venir s'installer rue de
Valois, où la direction a ses bureaux, pour y
exercer une sorte de contrôle occulte, M. Paul
Mantz n'a pas cru pouvoir accepter la situation
fausse et diminuée que cette ingérance allait
lui créer.
Un autre fail, dont l'incorrection adminis-
trative n'échappera à personne, est venu con-
firmer M. Mantz dans sa décision, nous vou-
lons parler de la nomination du successeur du
regretté Clément de Ris, cà la conservation
de Versailles. Cette nomination de M. Gos-
selin, peintre de paysage, n'ayant jusque là
fait partie de l'administration à aucun titre,
avait été préparée avant la mort du titulaire,
et faite en dehors de M. Mantz/ et en quelque
sorte par-dessus sa tête ; elle n'avait, en outre,
aucune des conditions hiérarchiques qu'on
était en droit d'espérer au lendemain du jour
où l'on avait entouré le recrutement des atta-
chés de garanties plus sérieuses que par le
passé, alors surtout que cette fonction de con-
servateur du musée de Versailles demandait
non un peintre, mais un érudit et un lettré.
Nous ne saurions trop applaudir au senti-
ment de dignité qui a poussé M Mantz à se
retirer dans de telles circonstances. Cette re-
traite du directeur général des Beaux-Arts a
causé une unanimité de regrets dans l'admi-
nistration et dans le monde des arts, où l'on
avait apprécié dès le premier jour ses qualités
de droiture, d'impossibilité et sa compétence
éprouvée. On y voit avec raison une preuve
nouvelle du désarroi où sont plongés les ser-
vices publics par l'envahissement des influen-
ces politiques dans le domaine des affaires, de
la confusion des pouvoirs, du désordre mo-
ral qui régnent du haut en bas de l'échelle
et menace de faire sombrer à bref délai notre
bonne renommée administrative.
M. Logerotte s'est immédiatement installé
rue de Valois, avec M. Challamel, son chef de
cabinet. Il s'apercevra promptement qu'il est
plus facile de prononcer un discours à la Cham-
bre que de diriger sans y être préparé une
administration aussi spéciale.
L. G.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
La deuxième exposition annuelle du Cercle
artistique de la Seine, qui s'est ouverte
samedi, est fort intéressante; elle sera certai-
nement très suivie.
L'indication des quelques œuvres suivantes
permettra de juger de son importance :
M. Roll a envoyé un intéressant Paysage;
M. Ulysse Butin, une Pêche aux anguilles ;
M. Vol Ion, des Fruits superbes; M. Lerolle, un
Paysage de nuit; M. Feyen-Perrin est repré-
senté par plusieurs œuvres importantes, parmi
lesquelles on remarquera une Eve étendue sur
le sol, devant le fameux reptile tentateur; les
Vaches au repos, et le Canard blessé, de
M. Barillot, sont des envois dignes de l'excel-
lent animalier.
A signaler aussi : la Coquetterie, de M. Ger-
vex; la Seine à Suresnes, de M. Harpignies;
les Moutons, de M. Ch. Jacques; la Sieste, de
M. Gustave Pinel ; une aquarelle militaire
d'Edouard Détaille; la Rade des Pasages, de
M. Gustave Colin ; des Stevens, des Kniff, des
Roybet, des Sergent, des Guillemet, des Pille
et des Yungt.
— 1882.
BUREAUX, 8, RUE FAVART.
2a Novembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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La démission de M. Paul Mantz
DIRECTEUR DES BEAUX-ARTS
On sait que M. Paul Mantz, directeur des
Beaux-Arts, a adressé à M. Du vaux une lettre
par laquelle il lui remettait sa démission.
M. Logerotte, député, sous-secrétaire au mi-
nistère de l'Instruction publique, ayant mani-
festé l'intention de venir s'installer rue de
Valois, où la direction a ses bureaux, pour y
exercer une sorte de contrôle occulte, M. Paul
Mantz n'a pas cru pouvoir accepter la situation
fausse et diminuée que cette ingérance allait
lui créer.
Un autre fail, dont l'incorrection adminis-
trative n'échappera à personne, est venu con-
firmer M. Mantz dans sa décision, nous vou-
lons parler de la nomination du successeur du
regretté Clément de Ris, cà la conservation
de Versailles. Cette nomination de M. Gos-
selin, peintre de paysage, n'ayant jusque là
fait partie de l'administration à aucun titre,
avait été préparée avant la mort du titulaire,
et faite en dehors de M. Mantz/ et en quelque
sorte par-dessus sa tête ; elle n'avait, en outre,
aucune des conditions hiérarchiques qu'on
était en droit d'espérer au lendemain du jour
où l'on avait entouré le recrutement des atta-
chés de garanties plus sérieuses que par le
passé, alors surtout que cette fonction de con-
servateur du musée de Versailles demandait
non un peintre, mais un érudit et un lettré.
Nous ne saurions trop applaudir au senti-
ment de dignité qui a poussé M Mantz à se
retirer dans de telles circonstances. Cette re-
traite du directeur général des Beaux-Arts a
causé une unanimité de regrets dans l'admi-
nistration et dans le monde des arts, où l'on
avait apprécié dès le premier jour ses qualités
de droiture, d'impossibilité et sa compétence
éprouvée. On y voit avec raison une preuve
nouvelle du désarroi où sont plongés les ser-
vices publics par l'envahissement des influen-
ces politiques dans le domaine des affaires, de
la confusion des pouvoirs, du désordre mo-
ral qui régnent du haut en bas de l'échelle
et menace de faire sombrer à bref délai notre
bonne renommée administrative.
M. Logerotte s'est immédiatement installé
rue de Valois, avec M. Challamel, son chef de
cabinet. Il s'apercevra promptement qu'il est
plus facile de prononcer un discours à la Cham-
bre que de diriger sans y être préparé une
administration aussi spéciale.
L. G.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
La deuxième exposition annuelle du Cercle
artistique de la Seine, qui s'est ouverte
samedi, est fort intéressante; elle sera certai-
nement très suivie.
L'indication des quelques œuvres suivantes
permettra de juger de son importance :
M. Roll a envoyé un intéressant Paysage;
M. Ulysse Butin, une Pêche aux anguilles ;
M. Vol Ion, des Fruits superbes; M. Lerolle, un
Paysage de nuit; M. Feyen-Perrin est repré-
senté par plusieurs œuvres importantes, parmi
lesquelles on remarquera une Eve étendue sur
le sol, devant le fameux reptile tentateur; les
Vaches au repos, et le Canard blessé, de
M. Barillot, sont des envois dignes de l'excel-
lent animalier.
A signaler aussi : la Coquetterie, de M. Ger-
vex; la Seine à Suresnes, de M. Harpignies;
les Moutons, de M. Ch. Jacques; la Sieste, de
M. Gustave Pinel ; une aquarelle militaire
d'Edouard Détaille; la Rade des Pasages, de
M. Gustave Colin ; des Stevens, des Kniff, des
Roybet, des Sergent, des Guillemet, des Pille
et des Yungt.