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La chronique des arts et de la curiosité — 1882

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Nr. 8 (25 Février)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17398#0067
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ET DE LA

instituteurs, le dessin n'est pas appris, que dans
les lycées et les collèges on persiste à eu tenir
l'étude pour agréable et non pas pour utile, que
les professeurs sont le plus souvent insuffisants,
toujours mal rétribués, et que les installations
indispensables font fréquemment défaut. Depuis,
le conseil supérieur de l'instruction publique a ré-
digé des programmes et institué des examens ; le
Parlement a ouvert de larges crédits ; mais il m'a
été permis de constater pendant mon passage au
ministère des arts que les programmes ne sont
pas appliqués et que les crédits ouverts par le
Parlement n"ont pas été employés.

En terminant, M. Antonîn Proust annonce
un second article, dans lequel il se propose
d'exposer les reformes qu'espérait réaliser le
nouveau ministère.

TRIBUNAUX

Le marchand juif de Bagdad

Reprenons l'affaire où nous l'avons laissée sa-
medi "dernier. (Voir aux Nouvelles de la dernière
Chronique.)

Grande fut la surprise de M. Dumas quand il
se vit transformé en fils d'Israël. Il signifia à
M. Vibert, président de la Société des aquarellis-
tes, d'avoir à enlever aussitôt cette aquarelle.

Le marchand juif persistant, de par la volonté
de M. Jacquet, à tenir son bazar, M. Lipmaun,
gendre de M. Dumas, s'en fut fort irrité rue de
Sèze, et, d'un vigoureux coup de canne, creva
l'œuvre de l'artiste. Ce procédé, un peu vif, mais
la colère ne raisonne pas, conduira sans doute à
un gros procès. Nous n'avons à nous occuper ac-
tuellement que du référé introduit par M. Dumas,
tendant à la suppression du Marchand juif, et sur
lequel il a été statué cette semaine.

Le juge des référés a rendu l'ordonnance sui-
vante :

« Attendu que Jacquet a outrepassé son droit
en exposant publiquement sous le titre de « Mar-
chand juif » une aquarelle représentant la phy-
sionomie d'Alexandre Dumas fils, et ce, sans l'au-
torisation de ce dernier;

« Que Dumas est fondé, en l'état, à demander
que cette aquarelle soit retirée de l'exposition des
aquarellistes, jusqu'à ce qu'il ait été statué au
fond par le tribunal ;

« Au principal, renvoyons les parties à se pour-
voir, et cependant, dès à présent et par provi-
sion, autorisons A. Dumas à faire retirer de l'ex-
position des aquarellistes, même avec l'assistauce
du commissaire de police et l'assistance de la
force armée, si besoin est, l'aquarelle de Jacquet,
intitulée le Marchand juif;

« Disons que cette aquarelle sera remise à
Georges Petit, expert, constitué séquestre, à la
charge de la conserver sans qu'elle puisse être
exposée jusqu'à ce qu'il ait été statué sur les pré-
tentions qu'Alexandre Dumas peut avoir à faire
valoir au fond ;

« Disons que ce dernier devra, dans la hui-

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taine, agir au principal; disons l'ordonnance
commune à la Société des aquarellistes pour être
exécutée selon sa forme et teneur. »

L'ordonnance met hors de cause MM. Vibert et
Petit, assignés, l'un comme président de la So-
ciété des aquarellistes, l'autre comme propriétaire
de l'immeuble de la rue de Sèze où a lieu l'expo-
sition.

Inutile d'ajouter que l'aquarelle a été immédia-
tement retirée de l'exposition.

A la suite de cet événement, plusieurs membres
de la Société des aquarellistes avaient résolu de
provoquer une réunion générale des sociétaires.

A cette nouvelle, M. Jacquet a envoyé immé-
diatement sa démission et a fait retirer de la salle
d'exposition toutes ses aquarelles.

D'un autre côté, M. Dumas a aussi donné sa
démission de membre honoraire.

---*~fiO0&&~9*f ■>------•■

Les peintures de Chassériau à la Cour
des comptes

Le Parlement a reçu la lettre suivante ;
nous la reproduisons d'autant plus volontiers
qu'elle traite avec esprit d'un sujet auquel
nous nous sommes vivement intéressés ; et
des premiers, les articles de MM. Marius Va-
chon et Ch. Ephrussi en font foi :

Paris, le 31 janvier 1882.

Monsieur le rédacteur en chef,

Au moment où M. Antonin Proust, entraîné par
la solidarité ministérielle, quitte le ministère des
arts, permettez-moi de signaler à vos lecteurs un
projet dont il va léguer l'exécution à son succes-
seur et qui, les artistes l'espèrent bien, ne restera
pas à l'état de simple projet. Il s'agit d'un acte de
goût à accomplir, d'une injustice déjà bien vieille,
d'un singulier oubli d'une de nos gloires nationa-
les à réparer.

Etait-ce irrévocablement qu'au cœur de Paris,
dans les ruines du palais de la Cour des comptes,
on abandonnait à une destruction certaine les
peintures de Théodore Chassériau ? Les ministè-
res dont le bâtiment incendié a dépendu jusqu'ici
reculaient-ils devant les difficultés matérielles ou
devant la dépense? L'œuvre était-elle destinée à
périr, malgré les instances répétées de quelques
fidèles et de quelques disciples du maître ?

Cela ne sera pas, nous l'espérons maintenant
plus que jamais. Grâce à l'initiative d'un petit
nombre de connaisseurs d'élite — la race n'en est
pas perdue — l'attention de M. le ministre des
arts a été dernièrement appelée sur cette ques-
tion pressante. Il a été entin reconnu que ces
peintures pourraient être détachées du mur,
comme on détache celles de Pompéi. C'est là la
première preuve de l'excellence de la récente me-
sure qui rattache dorénavant le service des bâti-
ments civils à l'administration des arts, ministère,
sous-secrétariat ou direction générale, peu im-
porte.

La honte de cet abandon avait assez duré. De-
puis près de onze ans, exposées à la pluie et aux
 
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