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La chronique des arts et de la curiosité — 1882

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Nr. 27 (19 Août)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17398#0225
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ET DE LA CURIOSITE 209

bliothôque nationale ne posse'dait plus que h3
volumes. Il faut maintenant y ajouter le ma-
nuscrit acquis à la dernière vente Didot. Ce
manuscrit, qui contient différents morceaux
français en vers et en prose, et qui est orné
de 37 miniatures, e'tait sorti du Louvre peu
après l'année ÎJW*. C'est donc après une ab-
sence de quatre siècles et demi qu'il reprend
son rang au milieu des glorieux débris du
fonds primitif de la Bibliothèque nationale.

En dehors des articles qui ont été achetés
par l'Etat, la Bibliothèque s'est enrichie de
deux notables morceaux du cabinet de M. Di-
dot, qui lui ont été libéralement offerts par la
famille de ce célèbre bibliophile.

Le gouvernement de la Roumanie vient
d'acheter la vieille et curieuse chapelle du cou-
vent des Dominicains, rue Jean-de-Beauvais,
dont la première pierre a été posée par Charles
V. Elle va être restaurée à l'iniérieuretsera ex-
clusivement affectée aux Roumains, Moldaves
et Valaques, très nombreux à Paris, et qui
n'avaient aucun temple spécial pour leurs
exercices religieux.

Le couvent même a été vendu par les Do-
minicains, à la suite de leur expulsion, à une
Société immobilière qui fait construire trois
maisons de rapport sur son emplacement.

CORRESPOND AN CE

le musée de boulaq

Nous recevons de très bonne source, quel-
ques nouvelles du Musée deBoulaq, au Caire,
et ces nouvelles, quoique un peu anciennes,
font connaître des détails qui ont encore de
l'intérêt.

Dans le courant de juin, grâce au zèle de
notre compatriote Rousseau-Bey, directeur
des travaux publics et grâce aussi au retour
momentané d'influence qu'on laissait à ce
fonctionnaire. M. Maspero, directeur du mu-
sée, put^ enfin obtenir le petit crédit nécessaire
pour faire nettoyer, peindre et terminer les
salles construites pendant l'hiver. Le vent
était tellement à la guerre qu'au commence-
ment de juin, on pouvait encore désespérer
d'obtenir jamais le peu qu'il fallait pour en
finir. Quoique privé de ses sous-conservateurs,
M. Maspero, travaillant de ses mains, traça
sur les murs les dessins des décorations
égyptiennes à y peindre et poussa si active-
ment les travaux, qu'en quelques jours tout
était fini, puis séché par la chaleur torride de
la saison. Il prit alors possession des nou-
velles salles et, sans un instant de relâche,
s'occupa d'y installer la masse d'objets qui
encombraient tous les recoins et jusqu'au pa-
vement des anciennes salles ; de ce nombre
sont les fameuses momies de pharaons trou-
vées l'an dernier à Thèbes.

Au plus fort du travail, le 8 juillet, le direc-
teur du musée reçut de M. Monge, consul de

France, l'invitation pressante de quitter Bou-
laq et de se joindre au nombreux cortège
d'Européens qu'un train spécial allait trans-
porter du Caire à Ismaïlia. M. Maspero, ne
croyant pas le danger encore assez menaçant,
resta néanmoins à Boulaq et, bien secondé
par ses employés et surveillants arabes, il put
imprimer un grand mouvement aux progrès
de son œuvre. Malheureusement, le 13 juillet,
il reçut de Rousseau-Bey un nouvel ordre de
partir avec lui, et tellement explicite, qu'il
dut, avec un regret infini, interrompre son
œuvre et quitter ce poste qu'il s'était promis
de garder à toute extrémité ; mais le chemin
de fer de l'isthme allait être coupé et la der-
nière chance de salut supprimée. Enfin, on
lui avait retiré la petite brigade de soldats
dévoués, les vétérants de feu Mariette-Pacha,
qui forment l'équipage du bateau de service
et la garde du musée et de ses habitauts.

Le Musée, hermétiquement fermé, inacces-
sible à tout curieux, a été confié à deux em-
ployés très sûrs ; le circassien Kourschid-
effendi, Nazir ou surveillant-chef depuis vingt
ans, homme intégre, courageux, qui exerce
une autorité absolue sur son escouade de gar-
diens; puis Ahmet-effenai Kamâl, secrétaire
du Musée et chef de la nouvelle Ecole égypto-
logique indigène que M. Maspero vient d'y
fonder. Les précautions les plus sages, les
plus minutieuses (telles que d'enlever toute
matière d'or, d'argent et de pierrerie), ont été
prises pour la sauvegarde de ces collections
scientifiques qui représentent trente années de
travail, qui perdraient presque toute valeur si
elles étaient dispersées et qu'on ne pourrait
plus recommencer.

Le directeur du Musée, qui voulait rester à
Ismaïlia pour revenir plus vite à Boulaq a dû
s'éloigner momentanément de l'Egypte devant
l'importance du conflit qui menace de faire
durer la guerre.

Malgré toutes les précautions prises pour
empêcher le larcin isolé, l'avenir ne laisse pas
que d'être inquiétant : l'incendie, le pillage et
le massacre en grand peuvent, si l'on n'y veille,
s'abattre sur le Caire comme sur Alexandrie
et alors toute défense est insuffisante.

Si les troupes égyptiennes, poursuivies par
les forces anglaises se replient sur le Caire et
en défendent les abords, Boulaq, situé en ve-
dette à un kilomètre au Nord, peut souffrir de
la lutte engagée : rien qu'un obus maladroit
suffirait à consommer une perte plus irrépa-
rable que toutes les autres. Au risque de voir
nos paroles se perdre, rappelons que, dans le
bourg de Boulaq, un peu au nord de la prise
d'eau du canal lsmaïlièh, le long de la rive du
Nil, entre la cheminée neuve d'une pompe à
feu qui n'a jamais servi et le minaret de la
mosquée d'Aboul Olah, il existe un enclos
qui, pour tous les belligérants, doit être aussi
sacré que celui d'un hospice : c'est le Musée
égyptien et la tombe de Mariette.

A. Rhoné.
 
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