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La chronique des arts et de la curiosité — 1882

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Nr. 27 (19 Août)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17398#0227
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ET DE LA

à l'union des hommes de bonne volonté, j'ai dit '
aux membres des deux Sociétés existantes qu'il
était d'un véritable intérêt public de réunir leurs
efforts et que, cette fusion faite, le gouvernement
nous aiderait de toute la puissance de cette force
qu'on appelle l'Etat, de cette force naguère encore
si calomniée au mépris des traditions de la vo-
lonté française, si claire, si nette, si dédaigneuse
de la confusion, et de cette fausse émancipation
qui aboutit à Fémiettement. C'est à cet appel à
l'union, qui a été entendu par vous, qui a été
entendu par le gouvernement, que je dois d'oc-
cuper la place que j'occupe au milieu de vous.

Je n'ai été que le lien entre les véritables ou-
vriers de l'œuvre. Il m'a semblé qu'au-dessus des
déplorables querelles de personnes qui n'ont que
trop gêné la marche du progrès dans ce pays, il
m'a semblé que l'on pouvait utilement invoquer
l'intérêt national. J'ai cru encore que dès que le
gouvernement hésitait à doter la France aux frais
du Trésor de ce vaste musée réclamé depuis si
longtemps par nos industries d'art, il nous appar-
tenait de demander à ouvrir sous forme de loterie
une souscription nationale destinée à réaliser
cette création.

Cette dernière conception nous a valu, mes-
sieurs, bien des critiques de la part de la presse.
Je ne les lui reproche pas. La presse est curieuse ;
c'est plus que son droit, c'est son devoir, Et nous
qui faisons tout au grand jour, nous pensons que
nous avons le devoir non-seulement de répondre à
ses questions, mais d'aller au-devant de celles qu'elle
pourrait nous adresser.

Le projet de créer un musée qui puisse seconder
les développements des arts industriels, un musée
des arts décoratifs, puisque l'expression est ad-
mise, n'est pas nouveau, messieurs ; c'est un
Français, Emeric David, qui en a le premier conçu
la pensée au commencement de ce siècle. Les
Anglais ont mis cette pensée à profit avec cet em-
pressement particulier à ceux qui se sentent en
retard et avec cet esprit de suite qui est le propre
de leur iace. Les Allemands, les Russes, les Ita-
liens, les Américains les ont imités et suivis.
Nous, nous avons publié beaucoup d'articles de
journaux, formulé beaucoup de projets de lois.
Il n'est pas un critique d'art qui, depuis vingt
ans, n'ait demandé un musée des arts décoratifs.
Il n'est pas une commission parlementaire qui
n'en ait déploré l'absence dans ses rapports.

Pour ma part, en 1877, j'ai réclamé ce musée
au nom de la commissson du budget. En 1879,
j'ai déposé une proposition sur le bureau des
Chambres. En 1880, l'administration des beaux-
arts, visant cette proposition, a sollicité un crédit.
En 1881, M. le président de la République a bien
voulu approuver le projet de consacrer la cour
des Comptes et la caserne du quai d'Orsay au
musée projeté, que je lui ai soumis d'accord avec
mes collègues des finances et de la guerre ; et au-
jourd'hui nous ne sommes pas plus avancés qu'au
temps d'Emeric David.

Je me trompe, nous sommes plus avancés, en
ce sens que le sentiment public est avec nous et
que le gouvernement a autorisé la loterie de
14 millions, qui nous permettra d'avoir, à notre
tour, notre Kensington. Ici les questions se pres-
sent. On nous objecte que c'est bientôt dit de
déclarer que l'ont veut créer un Kensington et,
renouvelant un jeu réputé innocent, on ajoute :

CURIOSITE £11

Où placerez-vous ce musée, et qu'y mettrez-vous ?

Messieurs, je le rappelais il y a un instant : dans
notre Association, nous sommes des persistants.
Et nous persisterons à demander aux Chambres
l'emplacement de l'ancienne cour des comptes,
sacs négliger de donner à. notre succursale de la
place des Vosges le développement qui lui est
nécessaire. Quant à l'organisation du musée, quant
à la méthode qui prévaudra dans cette organi-
sation, l'exposition qui s'est ouverte aujourd'hui
vous l'indique suffisamment. Après avoir adopté
les deux grandes divisions de la décoration fixe
et de la décoration mobile, nous classerons les
industries d'art selon la matière qu'elles emploient
et, ce classement établi, nous adopterons pour la
disposition des objets l'ordre chronologique qui
fait défaut à la plupart des musées de l'étran-
ger.

A propos du recrutement des objets destinés à
enrichir ce musée il est, je dois le dire, une cri-
tique qui m'a été particulièrement sensible, parce
qu'elle visait injustement un homme pour lequel
j'ai une grande estime. Il existe à Paris une col-
lection qui est d'un prix incalculable, si l'on s'en
rapporte aux enchères récemment risquées à la
vente Hamilton. Cette collection, qui appartient
à un Viennois, à M. Spitzer, ne peut pas consti-
tuer un musée des arts décoratifs tel que nous le
comprenons. Mais elle a tenté des étrangers. Et
parce que j'ai dit un jour à M. Spitzer que nous
considérions sa collection comme une collection
parisienne et que, s'il se sentait disposé à prêter-
l'oreille aux offres qui lui étaient faites, je lui de-
mandais de prévenir le gouvernement français
afin qu'il pût, s'il lui était possible, aviser au
moyen de garder parmi nous ces richesses; parce
que j'ai fait, ouvertement d'ailleurs, cette dé-
marche qui m'était dictée par l'intérêt de la cause
de l'art, on a prêté à l'Union centrale un projet
qui n'a jamais été dans ses intentions, on a été
jusqu'à laisser entendre que c'était à cette acqui-
sition que nous voulions employer le produit de
la loterie des 14 millions. Non, messieurs, je l'ai
dit ailleurs et le répète ici, c'est d'accord avec le
gouvernement que nous avons organisé notre lo-
terie, c'est d'accord avec le gouvernement que
nous voulons édifier et meubler le Musée des
arts décoratifs.

Mais je parlais tout à l'heure des richesses et
de l'ordonnance de l'exposition que nous venons
d'ouvrir dans le palais des Champs-Élysées.

Je dois à ce sujet adresser tout d'abord nos re-
merciements à M. Jules Ferry, hier encore mi-
nistre des beaux-arts. M. Jules Ferry a mis à no-
tre disposition les trésors du garde-meuble et des
palais nationaux avec une bonne grâce dont je
lui témoigne ici toute ma gratitude. J'ajoute, et
je suis heureux de vous annoncer cette bonne
nouvelle, que hier, en sortant de visiter notre
exposition, M. Ferry m'a demandé de vouloir
bien l'inscrire au nombre des membres de l'Union
centrale.

Je veux remercier les directeurs duSouth-Ken-
sington, qui nous ont fait un envoi vraiment ad-
mirable, M. de Kutas, qui est venu lui-même
présider à l'installation des objets que nous de-
vons au musée de Buda Pesth ; puis nos organi-
sateurs à nous, MM. Darcel, Williamson, de
Champeaux, Bapst, etc. Nous devons également
l'expression de notre reconnaissance à MM. Léo-
 
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