La chronique des arts et de la curiosité (1882)

LA CHRONIQUE DES ARTS

Par suite de la mise à la retraite de
M. Caqué et du de'cès de M. Jouffroy, les em-
plois de professeur de mathématiques et de
professeur de sculpture chef d'atelier à
l'Ecole nationale des beaux-arts sont de'clare's
vacants.

Les candidats à ces emplois devront faire
parvenir leur demande au ministre de l'ins-
truction publique et des beaux-arts avant le
1er octobre prochain.

Le ministre de l'instruction publique
d'Autriche a acheté à, l'Exposition internatio-
nale des Beaux Arts les toiles suivantes de la
section française : Fiameita de M. Jules Le
•febvre, Rorke''s Drift, de M. Le'opold Flameng ;
Parisienney de M. Adolphe Martial.

La collection des catalogues des muse'es,
nationaux s'est enrichie d'un nouveau volume
qui est consacré à la description des objets
composant la collection Timbal récemment
acquise par le Louvre. Ce catalogue est fort
bien fait à tous les points de vue ; les notices
sont de MM. ,de Tauzia, Gruyer, Saglio,
L. Courajod et Emile Molinier, conservateurs
des départements où les objets sont entrés.

EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS

DE SEINE-ET-OISE

Au château de Versailles

{Suite et fin.)

Mentions honorables : M. Guillaume Alaux,
M. Bonnaud, Trop tard. Un Pierrot, grand comme
nature, chargé d'un gigantesque bouquet de lilas
blanc, aperçoit sur le seuil de la porte où il va
frapper, le chapeau et la batte d'Arlequin. Mme la
comtesse du Chaffault a très correctement des-
siné et transcrit en émail de Limoges parfaite-
ment venu , un important carton de vitrail
contenant une massn de personnages et figurant
Louis XI à Toulouse. Mme de Champ-Renaud,
Le père Fricasmn, Oranges et Fleurs. M. Delâtre,
Moulin Debray à Montmartre, et Cour de Vacherie,
aquarelles. M. Delattre, deux terres cuites, dont
l'une, Ma grand'mère est un portrait médaillon
en très bas-relief, d'une extrême distinction.
Mme Dumartin, Etude de Roses. M. Eustache,
Vues à l'aquarelles. Mme Léonie Gavaux excelle
dans les compositions ' d'éventail. A ses Iris, si
fidèlement reproduits, nous préférons la grisaille
qu'un amateur de goût s'est empressé d'acquérir.
M. Hnnriot, Eaux fortes. M. Houdard, Aquarelles.
M. Karbowsky, Etude à Montmartre. M. Lenié-
norel, YEtude. M. Liénard, deux vues dessinées
du Mont-lss;/ à Fontainebleau. M. Maurou, litho-
graphie. M. Pherbos, portrait de Mme M. M11,B Mi-
not, Guzla et objets orientaux. Mme Relin, la Ba-
lançoire, éventail gouache, et une Baigneuse, mi-
gnature sur ivoire.

J'ignore la part de l'originalité dans ces deux
œuvres, mais Mme Belin doit être signalée parmi
les dames qui s'adonnent aux mêmes genre?, pour
la manière supérieure dont elle modèle les figures

nues de femmes et d'enfants. M. Bichon, encore
sur les bancs du lycée de Versailles, a attiré l'at-
tention du jury par ses premiers e»sais : Glacière
de Cha.ville et Etang de VEcrevisse (Chaville).
Puisse ce début remarqué ne point entraîner le
jeune artiste à se contenter des faciles succès de
l'à-peu-près où l'on tombe en ne cultivant que le
paysage. M. de Schryver, cet aimable peintre de
fleurs, a, cette année, un petit tableau très achevé,
à point pour tenter les amateurs : Les Menues Dé-
penses de Mademoiselle occupent peu d'espace,
autant qu'en peuvent couvrir des branches de lilas
blanc, quelques violettes de Parme et deux oran-
ges dont une, déjà pelée et non attaquée, dénote
peu de gourmandise; le tout s'entasse en un dé-
sordre harmonieux. Et que signifie ce papillon
aux ailes veloutées? Sûrement, il n'est là que
pour faire ressortir l'exquise délicatesse des tons.
M. Tréhard, trois statuettes, et Mme Verwaert,
quatre grandes plaques de faïence qui représen-
tent des paysages, des marines, notamment une
vue des Jetées de Trouvi/Je, marée basse.

A cette longue liste, je voudrais ajouter quel-
ques noms qui auraient le droit de fixer notre at-
tention ; je m'arrêterai devant les Limiers de
M. Vuillefroy; je saluerai en passant l'effet de So-
leil (Rade de Lorient) de Mme Elodie La Villette;
j'écouterai bourdonner les hannetons de M. Ha-
reux, j'entrerai dans la Rue de Velizy malgré les
hôtes que M. Gelos y laisse errer en troupeaux
grognants ; et je parlerai de l'envoi de M. Glary,
surtout de sa Vite de Chaumont, prise du jardin
de la Préfecture. Je signalerai enfin, pour ses dons
et pour sa manière sévère et consciencieuse,
Mme Nicolas, Anse de Pèrélo, près Lorient; puis je
reviendrai avec M. Mascart à la Seine aubas-Meu-
don.

Cependant, le portrait, le genre qu'il y aurait le
moins d'inconvénient à encourager et qui passe
souvent le plus inaperçu, m'attire encore. Que de
gens restent étrangers au portrait toutes les fois
qu'ils n'en peuvent apprécier la ressemblance ! A
ce point de vue, le portrait de M. Pagansau piano,
par Mme Arosa, répète d'une manière frappante, la
pantomime, l'attitude, la physionomie habituelle
bien connue du musicien. Le portrait de M. L. P.
par Mme Lavielle, grand comme nature, peut,
sans confrontation avec l'original, être déclaré
l'un des meilleurs du salon. Parmi les portraits
dessinés, je remarque celui de Mme D. en noir et
blanc, par M. Desportes. Celui de M. Tareaux par
Gervaise. Deux têtes de femme émail et minia-
ture, par M110 Jacta. Mme Ferdinand de Lesseps,
porcelaine, par Mlle Derchynska. Par quelle sin-
gulière inspiration, l'artiste qui fait preuve d'un
vrai talent, coinplique-t-elle l'image d'un gracieux
modèle, d'un effet de chute de neige? Flocons
partout, sur le chapeau, sur la voilette et sur le
manchon. Mme Mélina d'Epouville s'essaie dans le
portrait en émail monochrome, tout en persévé-
vérant avec succès dans la production des faïen-
ces et des porcelaines. Au portrait se rattachent
deux magistrales études de tête, aux deux crayons,
par Mme Madeleine Del Sarte. Le nègre de Tom-
bouctou particulièrement se distingue par un mo-
delé large bien qu'achevé.

A propos de la Fiuiterie de M. Baston, je ferai
observer que ces petites scènes de mœurs, trai-
tées avec un réalisme sobre, comme aussi YE?i-
fant à la Jatte de M. Baudin demandent, pour at-