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La chronique des arts et de la curiosité — 1894

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Nr. 37 (1er Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19742#0299
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BUREAUX : 8, RUE FAVART

N° 37. — 1894

1“ Décembre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

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la Chronique des Arts et de la Curiosité.

PARIS ET DÉPARTEMENTS :

Un an. . «.12 fr. | Six mois.8 fr.

PROPOS DU JOUR

Tout est hors de l’ordinaire dans cette aven-
ture Balzac-Bodin, et les difficultés sans cesse
renaissantes qui menacent d’éterniser le dés-
accord, et les conséquences de ce désaccord,
et même l’intérêt passionné pris par le public
au débat, fie ne sont, dans toutes les feuilles,
qu’articles, chroniques, interviews au cours
desquelles se produisent des révélations inat-
tendues et des opinions étranges. La galerie,
peu bienveillante comme à l’ordinaire, s’amuse
à ravir de la joute ouverte entre l’art et les
lettres; elle attend, plus anxieuse du résultat
qu’informée du fond même de la question.

Un sculpteur a reçu, à la suite d’une sous-
cription publique, la commande de la statue
de Balzac ; il entend que l’ouvrage soit digne
de celui-là qu’on veut glorifier, et, pour cela, il
ne ménage ni son temps ni sa peine ; il s’en-
toure de tous les documents existants ; il
multiplie les maquettes ; il cherche, il trouve
un modèle dont la nature offre avec la stature
exceptionnelle de son héros la ressemblance
désirable. Peut-être parce que les lettres
ont différé longtemps cet hommage à Bal-
zac, il le veut, lui l’artiste, complet, rayon-
nant. L’ambition a certes de quoi gagner
toutes les sympathies, conquérir tous les suf-
frages. La patience ne serait-elle pas conseillée
par tant de bonnes raisons, l’exemple de l’Etat
l’imposerait encore, car la règle par lui suivie
a toute autorité en la matière. L’Etat n’estime
pas, en effet, que l’inspiration doive descendre
des cieux à première réquisition et à point
nommé ; il laisse au créateur les délais, les
latitudes nécessaires ; il lui répugne de trou-
bler par des réclamations inopportunes le

« douloureux enfantement».

_ Ce hue ne firent jamais ni les administra-
tions publiques ni les collectionneurs privés,
une Société vient de l’oser, et cette Société est
précisément celle qui a pour mission, en vertu
de son titre, de veiller au sort des productions

de l’esprit. Il est vrai qu’elle n’admet point la
parité entre le littérateur et l’artiste. « Il est de
beaucoup plus difficile à un écrivain, prétend
l’un de ses membres, d’écrire un bon roman,
une bonne pièce, que de tailler une statue.»
Etonnez-vous maintenant que la Société ait
voté à l’unanimité l’obligation, pour le sculp-
teur, de livrer «dans les vingt-quatre heures
son projet, ou sinon : 1° de voir résilier le con-
trat intervenu entre lui et la Société ; 2° de
rembourser les 10.000 francs qu’il a déjà reçus ;
3° de payer une somme d’un franc à titre de
dommages-intérêts ».

Qu’adviendra-t-il ? on ne le sait trop, en vé-
rité. Il s’est trouvé par la suite des commis-
saires pour redouter les conséquences d’une
décision dont les termes décèlent trop bien
des préoccupations exclusivement pécuniaires.

Non mille fois, n’en déplaise à ceux qui pré-
sident aux destinées des lettres françaises, il
n’en va pas d’un ouvrage de l’art ou de l’es-
prit comme d’un objet de commerce, livrable,
sous peine d’amende, à heure fixe, inaccep-
table après un délai. Le pénible est qu’il faille
rappeler de telles vérités à une Société qui
devrait en être, statutairement, imbue. La
Société des gens de lettres a fait trop longtemps
attendre à Balzac cet hommage pour ne pas
apporter quelque patience à son tour. De toutes
façons, l’aventure Balzac-Bodin nous induit
en singulière défiance à l’égard de ceux-là qui
comprirent si mal les plus nobles et les plus
louables exigences dont jamais artiste ait
fait preuve envers soi-même.

CONCOURS ET EXPOSITIONS

Le mercredi 28 novembre a été inaugurée,
à l’Ecole des Beaux-Arts, l’exposition provi-
soire de moulages, photographies et plans,
qui permettra de juger de l’importance des
ï résultats obtenus par la mission que M. Th.
» Homolle a dirigée dans les fouilles du sanc-
 
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