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ET DE LA CURIOSITÉ

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mode d’emploi. Certes, d’immenses progrès ont été
réalisés depuis quelques années; seulement il fau-
drait les considérer comme un acheminement et
prendre garde qu’ils ne se cristallisent à leur tour
en formules, auquel cas ils perdraient valeur et
signification. Ce fut excellent, et l’on en devra une
longue reconnaissance à iM. G. Quénioux, de songer
enfin aux facultés d’observation, et pour cela de
proscrire le plâtre morte! et la copie mot pour mot.
Encore faudrait-il aller plus avant: donner au dessin
la primauté sur les autres branches d’enseignement,
le considérer comme le meilleur moyen, le seul, en
vérité, dans bien des cas, de développer utilement
l’intelligence,l’initiative autant que le goût — et, par-
dessus tout, mettre les élèves à portée de la nature,
faire qu’ils la consultent presque librement, et, en
tous cas, longtemps. La nature représentée en classe
par des échantillons desséchés o u altérés (voir les nom-
breux dessins d’insectes incomplets ou dans les posi-
tions les moins naturelles) n’estpointdebon enseigne-
ment. C’estdonc bien davantage qu’il faut désormais
et le salut de notre art décoratif est là tout entier.

Il convient de ne point se faire illusion sur l’impor-
tance de dessins d’élèves — où l’observation souvent
est aiguë, la transposition graphique habile — qu’on
a tendance à nous représenter comme d’étonnantes
prouesses. Que leur intérêt soit grand, c’est certain ;
mais qui ne sait que l’enfant, observateur dont bien-
tôt la scolastique et d’autres contingences annihi-
leront les facultés, peut rendre ce que sa vision lui
dicte avec une précision à laquelle sa naïveté met
un charme parfois exquis? Et puis après? Après, ces
acquisitions n’étant pas développées s’atrophient et
nous nous trouvons privés ainsi d’énormes forces
pour nos métiers d’art — cette immense valeur morale
et économique de la France, que l’on contrarie plus
qu’on ne l’encourage.

Du reste, on le sent, il n’y a pas unité complète
de vues dans l’application de la méthode de M. Qué-
nioux, si heureusement substituée à celle de Guil-
laume. On voit encore ici et là des dessins d’après
le plâtre, et trop de réminiscences de motifs connus,
trop de preuves d’asservissement au vieux matériel
ornemental. Un vigoureux effort en avant est néces-
saire; il doit dépasser’ considérablement le point
atteint aujourd’hui.

Paris était à peine représenté à l’exposition, sem-
ble-t-il. Encore voyait-on, parmi les travaux d’œuvres
post-scolaires, de fâcheux ouvrages de bois, dont un
modèle de porte gothique — et de quel gothique ! Les
écoles maternelles, au contraire, étaient bien repré-
sentées, notamment celle de la rue de Clignancourt
où Mm0 Schneit obtient tant de sa très jeune clientèle.

Les écoles d’Algérie posaient un problème délicat:
celui du régionalisme et de la pérennité des styles
régionaux. L’Absace-Lorraine avait envoyé de très
médiocres images patriotiques d’un concours inter-
scolaire. Les écoles de Montereau, La Rochelle,
Annecy, Le Dorât, Albertville, Limoges, Pontivy,
Carcassonne, Toulon, Saint-Etienne, Cannes, Nice,
etc., exposaient des pièces de céramique presque
toutes ingénieuses et jolies, exécutées « d’après des
dessins d’élèves » que l’on souhaitait vivement
voir à côté de ces réalisations. A Toulon, un cours
de broderie ne s’avise-t-il pas de montrer de lamen-
tables broderies pour uniformes officiels, bonnes
peut-être au point de vue rapport, mais inutiles à
montrer en semblable exhibition? Enfin le concours
de frises décoratives, ouvert par la Société française
de l’art à l’école, dénotait une inspiration assez
courte, plus de cette habileté de main, qui est sou

vent la suprême visée des écoles d’art décoratif, que
de véritable ingéniosité et d’esprit d’invention. Et l’on
pouvait se demander encore pourquoi une maison
d’édition parisienne avait une large exposition parmi
tant de charmantes ou médiocres œuvres enfantines.

11 y a chez Barbazanges une exposition d’excep-
tionnel intérêt(J), celle du peintre AlexandreIacov-
leff, russe ou sibérien probablement, en tous cas
fort en possession de l’extrême Orient et pour qui
les pays mongols semblent un terrain naturel ou de
particulière (Élection. Il nous montre les Chinois
d’aujourd’hui, classes inférieures etclassesmoyennes,
à la façon dont Holbein nous fait lier connaissance
avec ses contemporains. G’est la même précision psy-
chologique, une intensité qui serait presque aussi
grande si les regards étaient plus aigus (peut-être est-ce
là caractéristique locale). Et parce qu’ils sont tout à
fait de nos jours, cette vision profonde et minutieuse,
cet appétit constructif dicté par la raison, ce senti-
ment de l’individualité instauré par les artistes les
plus anciens et détruit par l’académisme et l’ensei-
gnement, on se sent auprès de M. lacovleff, malgré les
types exotiques etles sites inusités, chez un véritable
Contemporain et en pleine communion de pensée.

Ses peintures et aquarelles sont parfois de tonalité
un peu sourde, mais cela n’ôte que peu de choses à
l’effet. En tous cas, cet œuvre se rattache aux recher-
ches de nos artistes : y a-t-il eu influence réciproque?
Ce serait une longue étude à tenter. Supposons plu-
tôt qu’il y a entre tous les artistes pensants une
communauté de vues et de réalisation.

M. Émile Bernard a exposé en son atelier de l’île
Saint-Louis (“2) ses dernières œuvres. Ce sont, pour
la plupart, des portraits de femmes, d’un beau
sLyle et d’un caractère personnel, avec de savou-
reuses recherches de tonalité. On sait, du reste, com
bien tout ce que fait cet artiste est digne d’attention.

J. Mayor

Académie des Beaux-Arts

Séance du samedi 17 avril

L’Académie a fixé au 19 juillet la proclamation
du jury pour le grand prix de Rome de peinture.

Le nouveau règlement pour les concours de Rome
vient d’être appliqué aux dix logistes peintres. Trois
sujets de concours leur ont été donnés.

Prix de Borne. — Premier sujet. — Sur trois vers
de Lamartine :

Des pêcheurs, un matin, virent un corps de femme
Que la vague nocturne au bord avait roulé ;

Même à travers la mort, sa beauté touchait l’âme.

(Epoque indéterminée.)

Deuxième sujet. —• Le bon Samaritain. Les con-
currents peuvent représenter le sujet: 1° quand le
Samaritain donne les premiers soins au blessé;
2° quand il le transporte sur son âne ; 3° quand il le
dépose à l’hôtellerie.

Troisième sujet. — Une fête champêtre. (Epoque
indéterminée.)

L’Académie vient d’admettre en loges, pour les
concours définitifs des grands prix de Rome, les
candidats suivants :

Peinture. — MM. Ducos de la Haille, Font, Lagrange,
MUe Juliette Debès, MM. Roux, Séné, M"c Cormier,
MM. Garry, Beausir, Bouchaud.

Gravure en taille-douce. — MM. Binet, Matossy, 1

(1) Du 18 avril au 1CI mai. — (2) Du 15 au 2o avril.
 
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