N° 13. — 1920.
BUREAUX: 106, BD SAINT-GERMAIN (6Q_30 juillet.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
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Paris: 18 fr. — Départements: 20 fr. — Étranger: 22 fr.
Le TSTuméro : 1 Franc
PROPOS DU JOUR
£ es concours relatifs à l’art n’ont point
une bonne presse en ce moment.
En fait, nous en avons vu s’ouvrir
toute une série dont la caractéristi-
que a été de ne pas donner de résultat ou d’en
donner un fort médiocre. Il suffit de citer les
récentes épreuves pour les plaques commémo-
ratives de la guerre dans les mairies et autres
édifices publics, pour les nouveaux timbres-
poste, pour le monument au « Poilu » — sans
parler des concours du prix de Piome — pour
être édifié à cet égard.
11 semble bien — et maintes manifestations
antérieures l’avaient amplement démontré —
que l’institution même du concours est rare-
ment satisfaisante au point de vue. esthétique,
qu’elle ne peut ni provoquer les artistes à la
recherche féconde, ni aboutir aux réalisations
intéressantes désirées, de toule évidence, par
les organisateurs. Pourquoi en est-il ainsi? Les
raisons de cet état de choses sont nombreuses
et nous ne pourrions les examiner ici avec le
soin qu’il faudrait; qu’il nous suffise d’indiquer
l’insuffisance des programmes, la médiocrité des
récompenses, le peu de garanties accordées aux
concurrents pour la sincérité des jugements, la
somme de travail excessive, et rarement rétri-
buée, qui leur est demandée, les fantaisies admi-
nistratives ou faits plus graves, qui intervien-
nent parfois et altèrent les règles édictées, etc...
Que faut-il de plus pour donner aux concours
fâcheuse renommée? Et que l’on prenne garde,
au surplus, qu'il ne suffit pas d’organiser un
concours, si brillamment puisse-t-il être doté,
si entouré de garanties soit-il, pour que le sujet
entraîne l’inspiration, l’enthousiasme, l’esprit
de réalisation technique des artistes.
Mais alors si le concours, institution sacro-
sainte, ne répond pas aux espoirs que l’on fonde
communément sur lui, par quoi doit-on le rem-
placer? On a souvent préconisé la commande
directe aux artistes. Hélas! Les détestables pro-
jets de timbres-poste furent exécutés par des
artistes connus, expressément désignés par
l’administration dès beaux-arts. Et le concours,
célèbre par lés irrégularités auxquelles il a donné
lieu, de la médaille de la Reconnaissance fran-
çaise, a éLé remplacé par une commande à un
sculpteur remarquable... Il ne semble pas que
ce soit ce système qui résolve la difficulté. Du
moins devrait-il être pratiqué de tout autre
façon et ne faudrait-il en aucun cas que les dési-
gnations d’artistes fussent faites sous le man-
teau par des administrations ou des comités
irresponsables ou incompétents. La plus large
publicité devrait être donnée aux programmes ;
on s’assurerait, par une consultation publique
des groupements artistiques, qu’ils donnent
toute satisfaction sous le rapport des délais,
récompenses, nomination du jury, garanties
d’exécution, propriété des œuvres, sincérité des
votes, etc. ; puis, les choix devraient être faits en
dehors de tout esprit de coterie, par une sorte
de cri public, si l’on peut dire ainsi, qui dési-
gnerait les plus capables. Et leur œuvre serait
jugée, sans considération accessoire, sans égard
pour les situations, les réputations, les Déco-
rations, par un jury indépendant, non officiel,
nommé selon des règles nouvelles, et pleinement
responsable du résultat définitif. Il faudrait que
tout cela soit mûrement étudié. Le fait qui
demeure, pour l’instant, est que le concours,
tel qu’on le conçoit encore, parait avoir com-
blé la mesure...
Que ces considérations générales et nécessai-
res ne nous empêchent pas de dire un mot à
propos du concours des nouveaux timbres-poste.
Le programme en était fâcheusement vague et
incomplet, de sorte que l’on conçoit la non-
réussite de l’affaire. Et nous nous demandons
pourquoi l’on entend modifier nos actuelles
« vignettes ». Qu’elles soient de conception et
d’exécution parlaites, personne ne l’affirmera,
mais encore donnent-elles suffisante satisfac-
tion, et les dépenses de concours, de gravure
nouvelle, etc., ne se justifient guère. Et puis,
franchement, que mettrait-on à la place de la
Semeuse? 11 n’est pas probable qu’on songe
sérieusement aux effigies de présidents de la
République, qui ont été préconisées. Une figure
BUREAUX: 106, BD SAINT-GERMAIN (6Q_30 juillet.
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PROPOS DU JOUR
£ es concours relatifs à l’art n’ont point
une bonne presse en ce moment.
En fait, nous en avons vu s’ouvrir
toute une série dont la caractéristi-
que a été de ne pas donner de résultat ou d’en
donner un fort médiocre. Il suffit de citer les
récentes épreuves pour les plaques commémo-
ratives de la guerre dans les mairies et autres
édifices publics, pour les nouveaux timbres-
poste, pour le monument au « Poilu » — sans
parler des concours du prix de Piome — pour
être édifié à cet égard.
11 semble bien — et maintes manifestations
antérieures l’avaient amplement démontré —
que l’institution même du concours est rare-
ment satisfaisante au point de vue. esthétique,
qu’elle ne peut ni provoquer les artistes à la
recherche féconde, ni aboutir aux réalisations
intéressantes désirées, de toule évidence, par
les organisateurs. Pourquoi en est-il ainsi? Les
raisons de cet état de choses sont nombreuses
et nous ne pourrions les examiner ici avec le
soin qu’il faudrait; qu’il nous suffise d’indiquer
l’insuffisance des programmes, la médiocrité des
récompenses, le peu de garanties accordées aux
concurrents pour la sincérité des jugements, la
somme de travail excessive, et rarement rétri-
buée, qui leur est demandée, les fantaisies admi-
nistratives ou faits plus graves, qui intervien-
nent parfois et altèrent les règles édictées, etc...
Que faut-il de plus pour donner aux concours
fâcheuse renommée? Et que l’on prenne garde,
au surplus, qu'il ne suffit pas d’organiser un
concours, si brillamment puisse-t-il être doté,
si entouré de garanties soit-il, pour que le sujet
entraîne l’inspiration, l’enthousiasme, l’esprit
de réalisation technique des artistes.
Mais alors si le concours, institution sacro-
sainte, ne répond pas aux espoirs que l’on fonde
communément sur lui, par quoi doit-on le rem-
placer? On a souvent préconisé la commande
directe aux artistes. Hélas! Les détestables pro-
jets de timbres-poste furent exécutés par des
artistes connus, expressément désignés par
l’administration dès beaux-arts. Et le concours,
célèbre par lés irrégularités auxquelles il a donné
lieu, de la médaille de la Reconnaissance fran-
çaise, a éLé remplacé par une commande à un
sculpteur remarquable... Il ne semble pas que
ce soit ce système qui résolve la difficulté. Du
moins devrait-il être pratiqué de tout autre
façon et ne faudrait-il en aucun cas que les dési-
gnations d’artistes fussent faites sous le man-
teau par des administrations ou des comités
irresponsables ou incompétents. La plus large
publicité devrait être donnée aux programmes ;
on s’assurerait, par une consultation publique
des groupements artistiques, qu’ils donnent
toute satisfaction sous le rapport des délais,
récompenses, nomination du jury, garanties
d’exécution, propriété des œuvres, sincérité des
votes, etc. ; puis, les choix devraient être faits en
dehors de tout esprit de coterie, par une sorte
de cri public, si l’on peut dire ainsi, qui dési-
gnerait les plus capables. Et leur œuvre serait
jugée, sans considération accessoire, sans égard
pour les situations, les réputations, les Déco-
rations, par un jury indépendant, non officiel,
nommé selon des règles nouvelles, et pleinement
responsable du résultat définitif. Il faudrait que
tout cela soit mûrement étudié. Le fait qui
demeure, pour l’instant, est que le concours,
tel qu’on le conçoit encore, parait avoir com-
blé la mesure...
Que ces considérations générales et nécessai-
res ne nous empêchent pas de dire un mot à
propos du concours des nouveaux timbres-poste.
Le programme en était fâcheusement vague et
incomplet, de sorte que l’on conçoit la non-
réussite de l’affaire. Et nous nous demandons
pourquoi l’on entend modifier nos actuelles
« vignettes ». Qu’elles soient de conception et
d’exécution parlaites, personne ne l’affirmera,
mais encore donnent-elles suffisante satisfac-
tion, et les dépenses de concours, de gravure
nouvelle, etc., ne se justifient guère. Et puis,
franchement, que mettrait-on à la place de la
Semeuse? 11 n’est pas probable qu’on songe
sérieusement aux effigies de présidents de la
République, qui ont été préconisées. Une figure